Apres l'IRc, le mail, l'IM, ICQ puis MSN, les wiki, mais aussi ce bon vieil Usenet, après Facebook et Twitter, arrive Wave. La communication P2P n'en fini pas d'évoluer. P2P vous étonnez vous? Oui de pair à pair, l'échange à deux à trois, à quatre, ce dialogue, ce multilogue qui se constitue car l'un invite l'autre. Oui, cette forme de communication qui s'initie par une invitation et se poursuit par son acceptation, et se constitue comme une même entité dans l'unité d'une conversation.
Une Wave, pour Google, est la matérialisation de cette conversation, elle ne se limite pas à un strict dialogue, ni à l'échange de mots, elle inclue toutes sortes de documents qui peuvent s'échanger, mais peut aussi s'ouvrir au public. C'est au fond d'une grande simplicité, qui ne paraît complexe que parce que nous avons oublié l'unité de la conversation. Une unité d'intention, mais non de registre. Nos conversations incluent les livres qu'on s'échange, les photos que l'on regarde ensemble, un billet doux, des fleurs apportées, un parfum, un geste.
Le tour de force de Google Wave est de permettre tout cela et plus. Le plus est de garder la mémoire, de permettre de reprendre le film et d'ajouter dans le fil tel ou tel élément, de le mettre en pause et de le reprendre plus tard. A certains égards on y fait pas plus que dans MSN, sauf que dans une messagerie instantanée, les conversations peuvent au mieux être archivées, il n'est pas possible de les reprendre en cours de dialogue, ni même dans leur suite. L'unité est le partenaire, et la conversation une abstraction car elle n'est qu'un fil continu. Avec Google wave aucun souci pour maintenir plusieurs conversations avec une même personne. Elles peuvent s'arrêter et reprendre. C'est la thématique et l'intention qui font l'unité du fil de la conversation, mais non ses matériaux.
Reste à tester ce beau projet. Et c'est en cours. Restons attentif, les formes du dialogue, de la conversation, celles de la discussion, n'ont pas fini d'être réinterprétées par la médiation digitale.
Voilà aussi qui fait revenir à cette idée d'un marketing conversationnel qui ne peut se limiter à l'idée que la relation est littéralement équivoque, en fonctionnant dans les deux sens, mais qu'elle doit engager aussi un certain contenu. A force de réduire la relation à une certaine qualité, une certaine atmosphère faite de confiance, d'engagement de sentiment de justice et d'(auto)-satisfaction, peut-être avons nous oublié qu'elle a une matière, des contenus, que réunissent l'intention, et ce fil qui les tient ensemble, fil d'ariane, ou pelote de Pénelope, une vague au fil de l'eau...
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crédit photo : alia_qunha