Comme certains de mes lecteurs le savent, j'ai fait une partie de mes études à Bordeaux 3, il y a ... il y a longtemps !
Une de mes anciennes professeurs, une qui m'a fait aimé passionnément le XIXè siècle, travaille actuellement sur un personnage trop méconnu, Philippe de Marcillac, dont la vie haute en couleurs mérite le détour.
C'est pourquoi, avec l'autorisation de ce professeur, Mme Aude-Chantal de Bastide Langlois , je publie ici l'article présentant Philippe de Marcillac, qui précède tout une série de travaux concernant cet écrivain. Suivront bien sûr les documents annexes, ainsi que la pétition demandant l'entrée au Panthéon de la dépouille de ce Tarbais fascinant. Lisez, franchement, c'est passionnant !
Connaissez-vous Philippe de Marcillac ?
Un mousquetaire du romantisme
Gascon et parisien, aristocrate et républicain, grand seigneur et « petit romantique », journaliste, historien, éditeur et poète, Philippe de Marcillac (1800-1878) collectionne les duels, les articles, les livres, les amis, les ennemis et les maîtresses.
Sa vie traverse et résume le 19ème siècle. Vrai héros de roman, sorte de Barbey d’Aurevilly de gauche, il inspire à Balzac le personnage de Rastignac et, ce que l’on sait moins, à Dumas celui de d’Artagnan, jusque dans la description physique du héros en première page des Trois mousquetaires : maigre, sec, ardent, moustache en croc, barbiche Louis XIII, œil de geai et chevelure noire, c’est le portrait de Marcillac tel qu’il était à vingt ans et tel qu’il restera toute sa vie – noirceur de la chevelure exceptée…
Lion ascendant Sagittaire, le baron Jean Patrice Marie Pierre Philippe Mauvezin de Marcillac naît à Castelvieilh, près de Tarbes, le 1er août 1800, sixième et dernier enfant d’un comte à demi ruiné. Il appartient à une des plus anciennes familles nobles de Gascogne, dont les fondateurs combattirent au 14e siècle Gaston Phébus, comte de Foix. Parmi ses aïeuls figurent notamment François de La Rochefoucauld, l’auteur des Maximes, Madame de La Fayette, la romancière de La Princesse de Clèves, et le mémorialiste Louis de Saint-Simon. Sa mère est sicilienne, marquise de Lampedusa, de la famille du futur auteur du Guépard.
De ses premières années nous savons peu de chose. Elles se déroulent dans la lugubre demeure familiale dont Théophile Gautier fera la description au début du Capitaine Fracasse. Mais il passe probablement de nombreuses journées à parcourir à cheval le piémont pyrénéen, ce qui fera de lui un cavalier émérite. Sans doute aussi ce futur bretteur prend-il très tôt des leçons d’escrime.
A seize ans, il se retrouve pensionnaire au Caousou, célèbre collège de jésuites de Toulouse. Mais il en est renvoyé en 1818, un mois avant son baccalauréat, qu’il présente (et réussit brillamment) en candidat libre. Cet épisode fera de lui un ardent anticlérical.
Il monte alors à Paris, s’installe chez son cousin le député libéral Jean-Louis Girod de l’Ain et s’inscrit aux cours de Droit et de Lettres de la Sorbonne.
Cet étudiant fort peu assidu publie en 1821 son premier recueil de poèmes, Fleurs des champs, suivi un an plus tard de Rêveries éparses. Plusieurs poèmes de ces recueils seront repris par Honoré de Balzac dans Les Illusions perdues, où ils sont attribués à Lucien de Rubempré (cf. annexe n° 1).
Assez vite, le jeune poète rencontre Chateaubriand et Lamartine, fréquente assidûment le cénacle de Charles Nodier, où il rencontre Victor Hugo, donnant même à ce dernier quelques leçons d’escrime ! (qui ne lui porteront pas chance : Hugo sera blessé peu après en duel, près de Versailles, le 16 juillet 1821).
Mais cette vie mondaine et littéraire s’interrompt rapidement : il part en mars 1824 rejoindre Lord Byron en Grèce pour lutter contre l’occupation turque. Malheureusement, il arrive à Missolonghi juste à temps pour assister à la mort du poète anglais, dont il décrira l’agonie dans une lettre à Stendhal (annexe n° 2). A la tête des volontaires rassemblés par Byron, il mène pendant un an une guérilla sanglante mais aux résultats décevants.
De retour à Paris, il devient un habitué du « second cénacle » (celui de Victor Hugo), s’affirme romantique flamboyant, Jeune-France enragé, quelque peu Bousingot, et devient un grand ami d’Alexandre Dumas, Théophile Gautier (Tarbais comme lui), Petrus Borel et Xavier Forneret. Il éprouve en revanche pour Alfred de Vigny une antipathie sans doute réciproque. Sainte-Beuve laissera également de lui dans son journal intime Mes poisons un portrait peu flatteur.
Entre deux banquets littéraires, notre gascon prend en janvier 1830 une part active à la bataille (ou plutôt aux batailles) d’Hernani. Il connaît ensuite une série de liaisons orageuses avec Juliette Drouet, Marie Nodier, Delphine de Girardin, Constance Allard et Marceline Desbordes-Valmore, avant de vivre brièvement avec Marie Dorval et George Sand un ménage à trois qui fait scandale.
Partisan enthousiaste (et bruyant) d’Hector Berlioz lors de la représentation mouvementée de la Symphonie fantastique le 5 décembre 1830, il défend ardemment le compositeur dans la presse et au cours d’une tournée de conférences à travers l’Europe, ce qui lui fait rencontrer Liszt et Chopin qu’il encourage tous deux à s’installer en France.
Devenu une des principales figures de la vie parisienne, un de ces « lions » qui font et défont la mode et les réputations, admiré et redouté pour ses mots d’esprit et ses coups d’épée, Philippe de Marcillac voyage à deux reprises en Afrique du Nord, chaque fois en compagnie d’un peintre : Delacroix en 1832 et Fromentin en 1839.
Il en revient totalement opposé à la conquête de l’Algérie par les troupes de Louis-Philippe et au processus, alors débutant, de la colonisation.
Ses deux amis les plus proches sont alors l’ancien bagnard Vidocq, devenu comme on sait Chef de la Sûreté, dont il préface les Mémoires (les ayant sans doute écrits), et Gérard de Nerval, qu’il va régulièrement voir à la maison de santé du docteur Blanche, et dont il publiera en 1856 les manuscrits posthumes.
Il prend également une part décisive à l’édition d’un recueil de poèmes en prose d’un parfait inconnu qui vient de mourir, Louis Bertrand. Ce recueil, « Gaspard de la Nuit », publié en 1842 sous le pseudonyme d’Aloysius Bertrand, connaîtra un tardif mais immense succès, et influencera entre autres Baudelaire et Mallarmé.
Peu de temps après, il est un des rares survivants du terrible accident de chemin de fer de 1842, près de Versailles, dans lequel meurt notamment son parent l’amiral Dumont d’Urville.
Dans la multitude d’articles qu’il a écrits sur tous les sujets au cours d’un demi-siècle, on peut retenir celui de décembre 1835 qui, prenant la défense du dandy assassin Lacenaire, déclenche une vive polémique, ainsi que, dans un autre domaine, sa glorification en mars 1861 de l’opéra wagnérien Tannhäuser.
Républicain convaincu, le baron de Marcillac lance de 1844 à 1847 dans le journal Le National de son compatriote Armand Marrast plusieurs campagnes dénonçant violemment la Monarchie de Juillet. Durant cette période il se bat régulièrement en duel, notamment avec l’ancien ministre ultra-monarchiste Fernand Bertier de Sauvigny, qu’il blesse à l’épaule d’un coup d’épée, et le journaliste conservateur Guillaume de Faucigny-Lucinge dont il casse la jambe d’une balle de pistolet – ce qui l’oblige pour un temps à quitter Paris pour voyager en Europe centrale, en Russie (où il rencontre pour la première fois Tourgueniev) et en Scandinavie.
Il est également un collaborateur fidèle du journal La Réforme, plus à gauche que le précédent, où ses articles voisinent avec ceux de Flocon, Ledru-Rollin, Barbès et Raspail, que l’on commence à qualifier de « démocrates-sociaux ». Il semble avoir également rencontré à plusieurs reprises l’éternel conspirateur Blanqui, mais rien n’indique un contact suivi, ni a fortiori des projets communs.
Il participe activement (le contraire eut été surprenant) à la Révolution de Février 1848, commandant contre le Maréchal Bugeaud, grand massacreur des révoltés algériens, la barricade de la Porte Saint-Denis aux côtés du populaire tribun Marc Caussidière, futur (et éphémère)… Préfet de Police de la Seconde République.
Appelé au Gouvernement provisoire par son ami Alphonse de Lamartine, il y devient Ministre de l’Instruction publique, ce qui lui permettra notamment d’aider un jeune écrivain nommé Charles Baudelaire à publier ses premiers textes dans la Revue de Paris – ce dont ce dernier le remerciera curieusement en le faisant figurer, caricaturé, dans sa nouvelle Comment l’on paie ses dettes quand on a du génie.
A cette époque, il partage la vie de Louise Colet, avant que celle-ci ne le quitte pour un certain Gustave Flaubert.
Les émeutes ouvrières de mai et juin 1848 semblent avoir douloureusement troublé ce démocrate, tiraillé entre son tempérament frondeur et son attachement à la légalité républicaine. Il démissionne de son poste ministériel après la féroce répression du général Cavaignac et se retire sur ses terres familiales, consciencieusement administrées par son frère aîné Louis-Eugène (créateur des deux célèbres boissons à base d’Armagnac : le « Pousse-rapière » et le « Floc de Gascogne »).
Lors de la campagne présidentielle de l’automne 1848, il écrit « Mon cœur vote Lamartine, ma mémoire vote Raspail, ma raison vote Ledru-Rollin. Cavaignac est un sabreur, républicain peut-être mais sabreur avant tout. Quand à l’individu Bonaparte, je me méfie des loups déguisés en bergers. » (annexe n° 3). Reconnaissons que ce n’était pas si mal vu, et plus lucide par exemple que la position de Victor Hugo, alors plutôt partisan du neveu de l’Empereur…
Le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, exile le remuant baron pour neuf ans en Italie, où il s’enrôle, aux côtés d’Alexandre Dumas, dans l’armée de Garibaldi, les célèbres « Mille » aux chemises rouges, et prend une part décisive à la libération de Naples, le 7 septembre 1860.
Il refuse le poste de Directeur de la Bibliothèque de Naples que lui propose Garibaldi, déclarant « Les écrivains remplissent les bibliothèques, ils ne les administrent pas. » Alexandre Dumas s’empressera d’accepter cet emploi, fort bien rémunéré.
La correspondance entre Marcillac et le patriote italien Mazzini semble perdue, ce qui est fort regrettable, ces deux républicains romantiques ayant plus d’un point commun.
Revenu en France au début de 1861, le baron garibaldien écrit la première biographie sérieuse de Robespierre, saluée par Michelet et Louis Blanc, et polémique régulièrement avec les principaux représentants du « Parti de l’Ordre » : le comte Alfred de Falloux, Bernard-Adolphe Granier de Cassagnac, Barbey d’Aurevilly, Thiers, Tocqueville, Montalembert, Mérimée, Maxime du Camp, ainsi qu’avec, ce qui est plus étonnant, le socialiste Jules Vallès.
Il qualifie sa rencontre (probablement vers février 1862) avec Félix Nadar de « coup de foudre amical ». A vrai dire, ils ont tellement d’amis communs qu’il est assez surprenant qu’ils ne se soient pas rencontrés plus tôt. Le bouillant Nadar fait partager ses nombreux enthousiasmes à ce Marcillac qui lui ressemble tellement, prend de lui une très belle photographie (annexe n° 4) et surtout l’initie aux voyages en mongolfière. Leur projet, hélas abandonné, de traversée de l’Afrique par les airs inspirera à Jules Verne son premier grand roman, Cinq semaines en ballon.
Un autre de ses grands amis est l’éditeur républicain Hetzel, qui publie plusieurs de ses romans ainsi qu’un recueil de ses articles polémiques, rapidement condamné par la Justice du Second Empire, mais salué, depuis son exil de Guernesey, par l’irréductible opposant Victor Hugo.
En 1870, sa connaissance de l’aérostation lui fait conseiller à Gambetta de quitter Paris assiégé en ballon. Comme il ne se contente jamais d’un rôle d’expert, il accompagne le tribun dans son périple aérien et tente avec lui de recruter des francs-tireurs pour combattre l’ennemi prussien.
Sympathisant (critique) de la Commune, il plaide, après la Semaine sanglante (mai 1871) qui voit la victoire des Versaillais, la cause de plusieurs communards, parmi lesquels Louise Michel, Henri Rochefort, Paschal Grousset et Jules Vallès (avec qui il s’est réconcilié). Grâce à son intervention et à celle de Victor Hugo, la condamnation à mort des trois premiers sera commuée en déportation à la Nouvelle-Calédonie. Comme en revanche il n’a pu sauver Vallès, il aide celui-ci à s’enfuir en Belgique.
Durant les débuts difficiles de la Troisième République, il se proclame « radical-socialiste » (il est probablement l’inventeur de ce terme appelé à connaître un succès certain et un affadissement tout aussi certain), soutient les luttes politiques de Gambetta et Clemenceau, tout en refusant le poste de sénateur qu’on lui propose, agrémentant sa réponse de commentaires fort peu amènes sur l’utilité politique et l’honnêteté intellectuelle des dits sénateurs.
L’écrivain russe Tourgueniev étant venu, compagnon fidèle des époux Viardot, résider en France, Marcillac est un hôte régulier sa « datcha de Bougival », où il revoit notamment sa vieille amie George Sand ainsi qu’un romancier prometteur, Émile Zola, et le jeune protégé de Flaubert, un poète nommé Guy de Maupassant.
Le 4 septembre 1877, à soixante-dix-sept ans, il provoque en duel le maréchal de Mac-Mahon, Président de la République, qui en a soixante-neuf... Ce duel, qui n’a évidemment pas lieu, lui vaut une condamnation à six mois de prison avec sursis.
Après avoir sauvé de la famine son parent Villiers de L’Isle-Adam, il meurt ruiné, le 8 décembre 1878, léguant, à la grande fureur de ses neveux et nièces, son manoir familial (ou du moins la part qu’il en possédait, une tour délabrée) au… Parti ouvrier français que viennent de fonder Jules Guesde et Paul Lafargue.
Une de ses filles (illégitimes) épousera l’amiral Jaurès, oncle de Jean Jaurès.
Il repose au cimetière du Père-Lachaise… à l’exception notable de son cœur, conservé dans de l’armagnac à la bibliothèque de Naples et de sa main droite, qui se trouve dans les mêmes conditions à la Mairie de Castelvieilh.
Sous de nombreux pseudonymes, Philippe de Marcillac est l’auteur de centaines d’articles, neuf recueils de poèmes, quatre romans, six ouvrages d’histoire et trois pièces de théâtre. Son autobiographie (inachevée) et sa correspondance, très abondante, restent à ce jour inédites. Une collection privée de ces textes, rassemblée par sa descendante Aurélia de Montesquiou, née en 1936 et demeurant 17 rue du Presbytère à Villeneuve-sur-Lot, a été déposée en 2001 à la bibliothèque parisienne Jacques Doucet.
Ses idées ont souvent été rapprochées de celles de Victor Hugo. Elles sont effectivement fort semblables : tous deux ont milité contre la peine de mort, pour le droit de vote des femmes, pour la cause des États-Unis d’Europe, contre le Second Empire… à ceci près que Hugo ne devint qu’assez tardivement (entre 1848 et 1851) républicain, alors que notre baron le fut toute sa vie.
Ajoutons que Marcillac fut également le concepteur d’un projet d’ « Extinction du paupérisme », rédacteur, aux côtés de son ami Victor Schoelcher, de la loi abolissant l’esclavage et partisan (trente ans avant Jules Ferry) de l’enseignement gratuit, obligatoire et laïque.
Sur le plan religieux, il reste en revanche assez difficile à définir. On emploierait volontiers l’expression de « mystique à l’état sauvage » si elle n’avait déjà beaucoup servi. Disons plutôt qu’il fut un déiste méfiant, convaincu de l’indifférence du Créateur envers ses créatures, aimant à dire « Je crois à Dieu, mais pas en Dieu ».
Ce flamboyant condottiere des lettres et de la politique a aujourd’hui sombré, il faut bien le dire, dans un oubli presque total.
Ses contemporains ont pourtant assez largement fait écho aux multiples péripéties de son existence. S’il figure, bien évidemment, dans le Dictionnaire universel des contemporains de Vapereau (1865), la première édition du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle (1864-1866) de son ami Pierre Larousse, l’ignore, oubli qui sera corrigé dans les éditions suivantes.
Il est parfois cité dans la correspondance de Delphine de Girardin, la fort spirituelle épouse d’Émile de Girardin, ou dans les souvenirs de Daniel Stern, nom de plume de marie d’Agoult.
Sainte-Beuve, on l’a vu, ne l’épargne pas dans son ouvrage fort justement intitulé Mes poisons, George Sand l’évoque avec émotion dans Histoire de ma vie, Alexandre Dumas dresse de lui un portrait haut en couleurs dans ses Mémoires, Hugo le mentionne à plusieurs reprises dans Choses vues, Lautréamont le glorifie dans un passage peu connu des Chants de Maldoror (annexe n° 5). Verlaine pensait le faire figurer parmi ses Poètes maudits, ainsi que l’attestent plusieurs brouillons. Marcel Schwob lui consacre un article dans le numéro du 1er août 1900 de la Revue blanche, Catulle Mendès lui donne une place non négligeable dans son Tableau de la poésie française du 19ème siècle, Proust l’évoque dans Contre Sainte-Beuve.
Au siècle suivant, André Breton l’enrôle dans son Anthologie de l’humour noir, Borges préface la réédition d’un choix de ses poèmes (Genève, Slatkine, 1953), Henri Guillemin le cite de temps à autre (notamment dans sa thèse sur Lamartine), Roland Barthes l’évoque dans une page de son livre sur Michelet, Hubert Juin republie en 1978 une de ses pièces de théâtre, Jacques Seebacher et Guy Rosa le mentionnent au cours du colloque « Romantisme et République, 1820-1848 » (Paris, mars 1985). Georges Lubin, dans le 26ème volume de son édition critique de la correspondance de George Sand (Garnier, 1964-1991), lui consacre, de façon assez détaillée, une de ses annexes bibliographiques.
Philippe Muray dresse de lui un portrait au vitriol au huitième chapitre de son brillant essai, Le 19ème siècle à travers les âges (Gallimard, 1984), chapitre plaisamment et méchamment intitulé « Les polygraphes hallucinés », où se trouvent également étrillés de fort belle manière Eugène Sue et George Sand. A contrario, Claude Pichois lui rend hommage dans plusieurs de ses études sur Baudelaire, soulignant son rôle de découvreur du futur auteur des Fleurs du Mal.
Plus près de nous, Jean-Marc Hovasse le décrit en quelques lignes dans sa monumentale biographie de Victor Hugo (2002-2008).
Allusions, évocations, références, bribes… rien de tout cela, hélas, n’est à la mesure du personnage, qui semble à jamais perdu dans le tumulte des batailles littéraires et politiques d’un siècle peu à peu oublié.
Le baron Philippe de Marcillac sortirait-il aujourd’hui de ce purgatoire ? Umberto Eco et Alberto Manguel lui ont récemment consacré de brèves études, mais c’est Patrice Delbourg qui contribue à le faire redécouvrir dans un chapitre enthousiaste de sa promenade littéraire Les Jongleurs de mots : de François Villon à Raymond Devos (éditions Écriture, septembre 2008).
Ses deux premiers recueils de poèmes paraîtront au début du mois d’avril 2010 aux éditions Galaade (Paris), présentés par Aurélie Loiseleur, et sa biographie de Robespierre devrait être reprise aux éditions Champ Vallon en juin de la même année, avec une postface de Mona Ozouf.
Une anthologie de des plus belles pages de Philippe de Marcillac, choisies et préfacées par Pierre Maubé, doit prochainement être publiée aux éditions de l’Arrière-Pays (Auch). Nous en rendrons compte dès sa sortie.
Signalons enfin qu’une pétition circule actuellement dans certaines bibliothèques universitaires du 5ème arrondissement de Paris afin de demander le transfert de ses cendres (y compris son cœur et sa main droite) au Panthéon (annexe n° 6).
Aude-Chantal de Bastide Langlois
Agrégée de Lettres modernes
Maître de conférences à l’Université de Bordeaux 3 Michel de Montaigne