Nous arrivons dans un hostel aussi fantomatique que la ville : de longs couloirs vides qui resonnent, un receptionniste a peine aimable et des elements qui disparaissent inopinement (la fenetre de notre salle de bain par exemple, qui ne sera retrouvee que quelques jours plus tard dans un debarras !). Tous les autres hostels etant complets, nous n'auront pas le choix, nous devront rester ici.
Nous sommes a Mendoza dans un objectif bien precis : prendre une semaine de cours intensifs d'espagnol afin de pouvoir ensuite nous lancer allegrement a la decouverte du continent sud americain. Une semaine, donc, de dur labeur, comme une parenthese dans notre voyage, afin de se sentir autonomes et enfin pouvoir decoller.
Nous avons trouve les cours parfaits : dans une petite maison charmante, deux profs passionnees par les langues allaient decortiquer nos structures mentales de maniere intensive et, heureux presage, un jeune chat qui tentait par tous les moyens de se lover sur nos genoux pendant que nous recitions nos conjugaisons... Si nous nous etions inscrits dans un de ses cours hypers pros ou les etudiants se suivent comme dans une usine, je crois que nous n'aurions pas pu tenir deux jours ; tandis que la, nous allions a ses cours avec plaisir. Suzanna, une des prof, fantasmait completement sur Paris, elle etait ravie d'avoir des petits francais. Elle nous parlait avec nostalgie de l'Argentine, comment Carlos Menem a mis son pays a genoux en 2001 en creant une crise financiere sans precedent, du climat d'insecurite qui monte dans les rues de Mendoza (les magasins se barricadent dans la journee et ferment 3h plus tot le soir parce qu'ils en ont marre de se faire braquer parait-il... mais je dois avouer que nous ne nous sommes jamais senti en danger a Mendoza... est-ce une crise paranoiaque relayee par les medias argentins ? Est-ce que les magasins etaient a ce point pilles aux moment les plus forts de la crise ?).
Puis est arrive le week end du 1er Mai. Notre hostel s'est rempli a la vitesse de l'eclair, devenant un lieu orgiaque de jours comme de nuits... Impossible de fermer l'oeil et d'apprendre assidument nos 30 mots de vocabulaires quotidiens... Impossible aussi de suivre ces jeunes vingtenaires chevronnes qui partaient en boite toutes les nuits dans un fracas de tous les diables.
Nous, nous etions le couple sage de l'Hostel (il y avait d'autres couples, mais ils n'ont meme pas tente de sortir de leur chambre pour se joindre a cette bande de fetards dechaines...). Au debut, on a tente de parler a ces jeunes loups de l'Asie, de notre conception du voyage, de notre maniere de voir le monde, mais on a bien vu qu'ils esquissaient quelques baillements... Memes notre episode sur les inondations au Vietnam ne les a que peu emus. Ils etaient semble-t-il plus preoccupes par le concours de bierre qui se deroulaient juste derriere nous... Ennieme decalage...
Dimanche soir, fin du week end, notre hostel s'est vide a nouveau, retrouvant son atmosphere fantomatique. Dans les rues de Mendoza, un petit moment de poesie : un homme au teint cuivre, un des rares descendant de la culture pre-hispanique vivant a Mendoza, promene son oie sur une des places de la ville, en silence. Quelques vieilles bagnoles circulent (des Renault 12, des Peugeot 403) donnant un air un peu retro aux rues de Mendoza.
Lundi matin, nous terminons nos cours. Notre niveau n'est vraiment pas terrible, en met encore pas mal de mots en anglais au milieu de nos phrases, mais nous avons acquis les bases. Reste maintenant la pratique...
L'apres midi meme, nous courrons prendre nos billets de bus pour gagner le nord de l'Argentine. Notre voyage peut enfin commencer.
Que dire de Mendoza ? C'est une ville qui n'a pas beaucoup de charmes. Sans nos cours, nous n'y serions sans doute restes qu'une nuit... De ce que nous ont dit les infatiguables fetards, c'est une ville etape qui permet de partir a la decouverte de la route des vins.