Magazine Beaux Arts
Roman Opalka à Nice, c'est un évènement.
Depuis 43 ans, cet artiste franco-polonais majeur de la scène internationale nous propose une peinture qui semble simple mais qui est compliquée, appliquée, réfléchie, "comme la vie" comme aime le dire son auteur. Roman Opalka commence ainsi par peindre le chiffre "1" en 1965 sur une toile de 1,96m x 1,35m - dimensions de la porte d'entrée de son atelier - puis tous les autres chiffres jusqu'à l'infini. Il ne s'est jamais arrêté depuis... Une peinture imperturbable donc. Toujours le même support qu'Opalka recouvre d'une peinture acrylique zinc en lui ajoutant 1% de blanc en plus à chaque toile. Toujours le même apport, du fond noir de 1965 au fond grisé d'aujourd'hui, l'artiste ajoute ses chiffres à la peinture titane blanche.
Opalka a toujours voulu visualiser le temps. Pour ce faire, il a établi ce concept lui permettant de manifester la durée, celle de sa propre existence et ce jusqu'à sa mort. Il manifeste ainsi "qu'un temps c'est écoulé" selon ses propres mots.Dans son oeuvre, la notion de sacrifice est consciente. Opalka se refuse à peindre autre chose. C'est son pari avec la mort, sa façon d'exalter la vie. Vie qu'il aime, se définissant comme un "Sisyphe libéré". Il refuse les accusations de répétition, de mythe de sisyphe renouvellé. La dimension de son existence se confond avec son oeuvre, sa création.En enregistrant sur bande magnétique, chiffre après chiffre, sa voie exprimant le chiffre en polonais, se prenant en photo après chaque journée de travail devant le tableau accompli, toujours avec le même cadrage, toujours avec la même chemise, Opalka accentue son désir d'exprimer le temps.
Opalka à Nice au musée Chagall, c'est une oeuvre d'une importance contemporaine majeure dans un écrin merveilleux. Aucune excuse pour manquer cette expo.
Roman Opalka - musée Chagall -avenue Docteur Ménard - Nice - 04.93.53.87.31 -jusqu'au 9 février 2009