En lisant des articles sur Agoravox depuis une année, nous avons pu constater à plusieurs reprises que des internautes intervenant sur les forums se plaignaient de la disparition d'un ou de plusieurs de leurs commentaires, jusqu'à ce que nous en fassions nous-mêmes l'expérience.
Les faits
Le 28 septembre, nous avions posté un deuxième commentaire sur Agoravox, le journal des citoyens et non citoyen, (parce que sur ce blog, on y parle encore le français; voir dans la rubrique billets d'humeur "Les émules de Trissotin"), à propos d'un article de Fouad Bahri, "Les racines de l'islamophobie" ; averti par les commentateurs que le fil avait déjà été coupé, nous primes la précaution d'enregistrer la page Web qui comportait l'article et les commentaires au format PDF (téléchargeable sur ce blog). Bien nous en a pris : quelques dix minutes plus tard, le fil des commentaires fut cette fois définitivement coupé, et notre commentaire (entre autres) avait "disparu". Le lundi 1er octobre paraît sur Agoravox un article intitulé : "Réponse à l’article « Les racines de l’islamophobie » " écrit par un certain Léon. Et son auteur nous dit en préambule : "(...) en raison de nombreux dérapages, le fil de la discussion a été bloqué par la direction du site (...)" et il ajoute dans un commentaire : "La direction, en fait, a hésité à passer l’article craignant les mêmes dérapages que sous l’article incriminé. Après quelques échanges avec C. Revelli, [patron d'Agoravox] au prix d’une mise au point il a été finalement décidé de le mettre en ligne." Nous en profitâmes pour replacer notre commentaire, en faisant remarquer au passage qu'on l'avait supprimé précédemment. Et surprise, ce ne fut pas le cas cette fois.
Les raisons probables
Officiellement, on invoque des "dérapages" mais franchement, sur Agoravox, on a vu pire avec des articles suivis de commentaires dont les auteurs s'injuriaient à qui mieux mieux sans que pour autant le modérateur intervienne pour y mettre le holà. Autre remarque : pourquoi un commentaire censuré dans un premier temps, cesse de l'être une fois remis sur le site? D'autant que, les internautes pourront en juger, notre commentaire ne contrevenait point à la charte d'Agoravox, revêtant un caractère principalement informatif. Nous ne céderons pas à la paranoïa ambiante en criant au complot, nous estimons que les administrateurs du site ont fait preuve de pusillanimité : ils se sont effrayés du ton polémique des commentaires mais alors à quoi cela sert-il de faire un site où les citoyens peuvent s'exprimer sur des sujets sensibles comme l'islam et se plaindre qu'il y ait de vives polémiques? Quand on y regarde de près, les commentaires expriment une vive exaspération vis-à-vis de l'islam et traduisent une prise de conscience quant à la vraie nature de cette religion, chose impensable il y a un an lors de la publication de notre article "Islam, quelle légitimité spirituelle?". Il faut croire que les internautes ont exprimé leur mécontentement d'une façon suffisamment forte pour que Carlo Revelli donne la permission à Léon de publier son article : c'est une façon de reprendre indirectement les commentaires sur l'article litigieux de Fouad Bahri sans perdre la face et avec l'avertissement suivant :
"Mais comme en raison de nombreux dérapages, le fil de la discussion a été bloqué par la direction du site, je n’ai pas pu lui répondre [à Fouad Bahri]. Je le fais ici, en proposant à Agoravox de publier ce courrier et en invitant tous les lecteurs à un débat serein et apaisé. Si cela n’était pas le cas, les commentaires seront fermés sur ce fil."
Argument inacceptable! Non seulement, les internautes sont traités comme des gamins mais si certains commentaires dérapent vraiment, qu'est-ce qui empêche de les supprimer de façon sélective? Rien! De fait, l'article de Léon, à l'heure où nous écrivons ces lignes, fait déjà l'objet de plus de 600 commentaires. Du coup, la fermeture du forum sur l'article de Fouad Bahri apparaît à posteriori totalement injustifiée.
En fait, on veut bien que les internautes s'expriment mais à condition que leurs points de vue ne soient pas trop tranchés; on ne peut pas vouloir une chose et son contraire et cette formule d'agora ne peut pas donner que des articles ou des commentaires de qualité, il y a forcément de tout, et cela il faut l'accepter, sinon on va retomber dans ce côté aseptisé qui est tant reproché, et à juste titre, aux médias. Si Agoravox ne menace pas ces derniers comme le croient certains "agoravoxiens", il les énerve comme Wikipedia énerve les mandarins de l'université, les premiers voulant garder le monopole de l'information et les seconds celui du savoir. Mais que se reproduise un tel cafouillage et l'énervement pourrait céder la place aux sarcasmes. Si on va sur internet, c'est pour s'exprimer librement (dans les règles définies par la charte, évidemment), sinon à quoi cela sert-il de faire un journal tenu par les internautes? Enfin, la moindre des corrections lorsqu'on supprime des commentaires ou qu'on ferme la discussion, c'est de le dire et pourquoi, comme cela se fait sur d'autres forums avec une annonce faite par le modérateur : c'est la crédibilité d'Agoravox qui est en jeu et ses dirigeants doivent en avoir pleinement conscience. Il serait dommage que ce journal des citoyens se perde dans les sables mouvants du conformisme et du politiquement correct.
P.F.
Liens :
Les racines de l'islamophobie :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=29531
Réponse à l'article : "les racines de l'islamophobie":
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=29719
A télécharger:
Les racines de l'islamophobie (version non censurée).pdf