Arrivée jeudi soir, maman nous visite jusqu’à dimanche. Temps de chiottes à Lyon, mais occasion de fêter à nouveau mes 39 ans.
La dégringolade boursière qui se poursuit a contrasté avec l’envolée du titre Volkswagen. Un mouvement irrationnel contraire révélateur de la même folie. A l’origine de cette tendance : la spéculation inconsidérée sur le constructeur allemand.
Dimanche 2 novembre, 22h23
Palme du crétinisme au testotéroné des navets, le gouverneur de Californication qui s’est vautré dans l’ad hominem minable. Sa cible, Obama qui semble pouvoir écraser McCain et sa troupe hargneuse. Quel bonheur d’entrevoir ce souffle frais à la Maison blanche ! Quelle leçon aux peuples européens, et notamment à ceux des Français si enclins à l’antiaméricanisme basique.
Mardi 3 novembre
Bonne chance à cette Amérique qui se redécouvre
Attractive pour laisser libres ses aspirations.
Rendons hommage au pays qui s’ouvre
A l’élan le plus improbable pour nos générations :
Croire au changement d’ère après cette
Kaléidoscopique campagne pour victoire nette.
Osons nous inspirer de ce nouveau départ
Bénéfique malgré la kyrielle d’épreuves à l’horizon :
Aride récession, interminables conflits, horreurs sans fard,
Mais, aujourd’hui, un charismatique ton de saison.
A nos grand-mères, en émotion : il n’est pas trop tard !
Une entrée dans le XXIe siècle par l’onde enthousiaste de l’élection d’Obama aurait bien plus de panache que par le sordide attentat des terroristes ben ladénistes.
Saluer, oui, s’illusionner, évitons… Le poids délétère d’une crise économique majeure pourra difficilement s’évacuer par la simple bonne volonté de quelques dirigeants, même des vingt premières puissances. En outre, d’ici le 20 janvier, Bush demeure aux manettes, ce qui n’augure d’aucune décision spectaculaire pour la refondation du capitalisme, selon l’expression consacrée.
La financiarisation excessive, et de plus en plus déconnectée des réalités, ne peut se perpétuer, mais la nature humaine permettra-t-elle au système d’embrasser un cycle vertueux ? Lorsqu’on observe le raidissement obscène de chefs d’Etats estampillés paradis fiscaux, face à quelques interrogations de bon sens, on peut largement douter des négociations collectives à venir.
Ainsi, le président français durcit son discours à l’égard de l’administration américaine alors que l’unanimité semble difficile à atteindre sur les remèdes à cette crise dans l’UE elle-même.
Mercredi 26 novembre, 22h45
Trop monopolisé par l’activité alimentaire pour commenter la pourtant riche actualité.
Au premier plan de la scène française, la piteuse succession au poste du dépassé Hollande.
Déjà, la paupière lourde parasite cette maigrichonne reprise.
Jeudi 27 novembre, 22h30
Avec BB, dans le train sur le départ pour Rambouillet.
Escapade éclair pour fêter, samedi soir, les soixante ans de pôpa. Demain matin j’enregistre, sur l’arrangement concocté par Jim, la chanson composée pour l’occasion. Du festif avant trois semaines de reprise pro intense qui m’ôtent tout élan diariste.
Le terrorisme islamiste ne connaît pas la crise. Actions meurtrières coordonnées à Bombay pour écharper de l’autochtone, du touriste, tout humanoïde suspecté de ne pas répondre à d’obscurantistes critères.
Aujourd’hui, lors d’une séance avec l’un des groupes qui préparent le concours SPP, un jeune d’origine maghrébine, et probablement de confession musulmane, s’offusque d’un des dessins de Plantu soumis à l’analyse. Une jeune femme occidentale, décontractée à un bar, verre d’alcool à la main, string apparent au détour de la cambrure. Gros plan sur la zone exhibée qui se transforme, en quelques géniaux coups de crayon, en visage d’une musulmane, larme à l’œil et prisonnière de son voile… Rapprochement choquant pour le jeune qui n’a, en revanche, pas émis un mot de dégoût, de rejet, d’exécration des actes barbares commis par les intégristes de sa religion.
Inconsciente abstention, sans doute, mais révélatrice d’une approche inéquitable d’un dessin talentueux ne faisant que stigmatiser certaines pratiques lorsqu’elles sont imposées aux ouailles soumises, et d’une tuerie délibérée, d’âge caverneux, à écoeurer de la démarche prétendument spirituelle.
Un bon nombre de musulmans, par ailleurs modérés, n’ont pas saisi, tout comme les croyants d’autres religions, la portée nécessaire de la liberté d’expression qui ne peut se voir opposer des pans de pensée sous prétexte que certains leur confèrent une valeur sacrée. Ne pas défendre ce principe premier, cardinal, de notre civilisation, c’est renier tout ce qui forge notre mode vie basé sur le respect d’existence de toutes les croyances, y compris celle ayant pour objet de critiquer, dénoncer, fustiger quelque aspect d’une autre.
Dimanche 30 novembre
A Rueil. A quinze, hier soir, pour fêter les soixante ans de pôpa. De bons moments d’émotion, notamment avec la chanson Pôpa sexagénaire interprétée en cours d’apéritif par Jim à la guitare et moi à la voix ; puis le CD offert avec le montage combinant les refrains parlés par Alex et Raph sur le musical. Dix ans après son pontage, les cinquante n’avaient pas la même saveur festive dans l’enceinte hospitalière, la décennie suivante s’ouvre sur d’affectifs élans, malgré les difficultés professionnelles en filigrane (son employeur est mis en redressement judiciaire).
Parmi les présents, le recueil des couvertures de Charlie Hebdo et d’Hara Kiri hebdo réalisées par feu Reiser. La courte préface du chenu Cavanna nous catapulte dans les sphères créatives, délirantes, délicieusement infâmantes de la troupe Choron. On mesure, en parcourant ces coups de traits sans concession, la régression éditoriale de notre période enviandée par moultes angoisses matérialistes, recroquevillements individualistes et intégrismes castrateurs. Cavanna, et son incisive tonalité, nous ouvre un peu de cette aventure improbable sur les supports médiatiques de masse, Internet excepté, peut-être : « Cet univers grouillant suggéré par de rares effilochures semées dans une immensité de vide, cette férocité sanglante, cette vacherie pas du tout tendre par-dessus, cette pitié ravalée à coups de pompe dans la gueule, cette innocence d’enfant qui écrase l’oiseau dans sa petite main en riant de bonheur… ». Ciselé jusqu’à l’os.
Dimanche 14 décembre, 22h12
A la veille de cette dernière semaine avant la détente festive. Encore chargée, et un lundi après-midi avec son chargement de Niktamer décérébrés.
Les anti-capitalistes, les rouges écarlates de fureur tiennent leur Stavisky du XXIe siècle : une pourriture maligne qui a escroqué les plus grands interlocuteurs financiers pour cinquante milliards de dollars. On va entendre redoubler les grondements contre le système qui a produit cet hyper malfaisant alors qu’il ne s’agit que de la dérive, contournant toutes les règles en place, d’un escroc.
L’ambiance délétère va se renforcer par quelques schématisations simplistes bien senties. Système pourri où les politiques consacrent leurs largesses à la sphère financière alors que les modestes de l’économie réelle s’enfoncent dans les mouvances conjoncturelles. Haro ! sur le libéralisme, le capitalisme et tout ce qui rappelle la défaite cuisante, après le sacrifice de dizaines de millions de personnes, de l’économie étatisée…
Le temps se couvre et 2009 engendrera le pire : la hargne revancharde et criminogène. En outre, à force de hurler et d’entretenir ce rejet jusqu’au boutiste, quelque opportuniste l’exploitera politiquement…
Lundi 15 décembre
Madoff pourrait presque incarner la vengeance des petits, étrangers aux obscénités pécuniaires de quelques fortunés. Ce serait d’abord eux les victimes du mystificateur de Wall Street. Des déplumés de la haute : de quoi mettre en extase sans frais les jetés sur le carreau de l’emploi.
Mercredi 17 décembre, 23h
Les révélations sur le système Madoff écoeurent et devrait détourner tout être sensé des délires de la finance. Copinage entre contrôleurs de la SEC et financiers contrôlés : bien le signe de la déliquescence…
Le Madoff sélectionnait les très nombreux prétendants à ses pseudo placements juteux pour ne garder que les bonnes pâtes crédules, malléables et qui semblaient pouvoir laisser à long terme le capital confié, se contentant des intérêts promis et renouvelés. De la funambule rodée avec couverture généreuse, caritative, pour placer l’escroc au-dessus de tout soupçon.
Jeudi 18 décembre
A trop sniffer de l’actu, les signes d’une fin prochaine de l’insouciance habituelle dans nos contrées se densifient, prennent corps dans cette ambiance délétère.
Une interminable agonie de nos formes de vie avec quelques soubresauts sanglants.
Dimanche 21 décembre
À venir : crèves, des conflits, heurts !
8h27. Bientôt la trêve des confiseurs, et après ?
Je laisse émerger un bout de nez de la couette, juste pour sentir et ressentir les formes sombres qui se profilent. L’an 2009 va-t-il donc nous péter à la gueule, deux cent vingt ans après les grondements révolutionnaires de nos aïeux ? Ça couve… Un signe, un seul, si j’avais à choisir : la virulence, que dis-je, la rage qui imprègne les commentaires d’articles sur Internet. Fossoyer, sans distinction, avant de guerroyer, peut-être…
Contre l’Union européenne dans son dernier acte, le plus ambitieux, jusqu’à prêter à la feue Constitution les plus invraisemblables travers. Débat passionnant ? Passionné, oui, jusqu’à la défécation argumentative. Le nationalisme social des ténors du Non, de l’extrême droite à l’extrême gauche, a caressé dans le sens du poil hérissé une population en quête de sanction du pouvoir essoufflé en place… Tout ça pour quoi ? Un Parti de Gauche de plus, une U.E. à l’élan brisé, un populisme stérile… Et vive la démocratie directe !
Contre les politiques, toujours, malgré la parenthèse aux quelques ardeurs entretenues lors des présidentielles 2007. À droite, on s’organise, à gauche on hystérise. Depuis la parade Royal, celle qui transmue en victoire tout ce qu’elle échoue, rien de constitué, de crédible et d’attractif n’a rassemblé sans bisbille au sein même du Parti socialiste. Alors n’évoquons pas les divergences avec et entre les plus radicales formations. Chacun se croit – pas vrai Besancenot, Buffet, Mélenchon et Artaud ? – le légitime noyau dur que devraient rejoindre les autres, ceux qui s’égarent à éparpiller les voix de gauche !
Et à l’Assemblée, sur quoi s’époumonent-ils, les parlementaires de l’opposition ? Les lois sur l’audiovisuel et le travail possible le dimanche ! Rien que ça ! En cette époque charnière de bord du gouffre, ils braillent, tonitruent et obstruent l’étude législative sur ces thématiques non vitales, alors que toute leur énergie devrait tendre à pondre une contre proposition complexe et convaincante au plan de relance de Sarkozy qu’ils ont si précipitamment écarté d’un facile revers de main. Sans opposition institutionnelle réelle, les mécontents passeront outre, explorant la voie violente, sans concession.
Contre le système capitaliste et financier, enfin. On y participe activement, on voudrait y réussir, y posséder comme l’autre, mais on le vomit, on l’exècre, on se repaît de simplistes anathèmes sans relier les tares fustigées au comportement humain, mais en portant sa haine vengeresse sur le mode de fonctionnement. Kerviel, subprimes, Madoff : la tragédie médiatique en trois actes recouvre des dérives face à une légalité. Changer de règles n’évitera certainement pas les avidités prêtes à tout. A chaque fois, un cadre réglementaire est dévoyé pour profiter aux plus malins. Alors on peut doubler, tripler les sécurités… le naturel de quelques rapaces sans éthique trouvera la faille. Une évidence… et pourtant, les airs dénonciateurs portent sur le cadre et non le comportemental. Plus facile de mordre le doigt qui montre la planète satellite plutôt que dynamiter la lune…
Les boules, nous en avons plein nos sapins, mais bientôt de moins chaleureuses se nicheront au fond de la gorge. Alors, oui, j’aurais pu me complaire dans ce no man’s land jouissif de la trêve des confiseurs. Faire dans le gentillet anodin, reposant, qui vide la tête pour mieux savourer l’instant… La plume ne se laissait pas porter, accrochant et bloquant dès que m’oppressaient les myriades de drames personnels, conséquence du désastre économique entretenu par le panurgisme-domino.
Serait-ce l’amorce de l’agonie de nos formes de vie avec quelques soubresauts sanglants des désespérés insoumis ? A suivre… de loin.
Vendredi 26 décembre
Après un Noël passé qu’avec ma BB, une première ! pour cause de labeur de ma dulcinée en journée, la tournée auprès des familles commence. Le Cellier, Saint-Crépin, puis Rueil pour quelques douceurs festives, comme une parenthèse à savourer avant les incertitudes conjoncturelles.
Un ciel limpide, les rayons hivernaux qui dardent, le calme reposant des paysages de France : ensemble étranger à la débandade cultivée.
Samedi 27 décembre
Le Cellier lumineux, venté, frigorifié ; voilà qui incite à remplir quelques lignes factuelles.
Retrouver la famille de ma BB et les « pièces rapportées », comme ils désignent affectueusement les aimé(e)s d’un autre sang, fait du bien. La fille aînée de Richard a perdu sa silhouette de fillette pour se plonger dans celle de l’adolescente en voie de féminisation. La ‘tite dernière, Ilya, se détache des mimiques infantiles pour endosser la posture de petite fille. Relais fascinant à observer comme témoin sporadique.
Lundi 29 décembre
A chaque étape familiale, un cadeau de ma BB pour un Noël qui se prolonge. Au Cellier, le dernier ouvrage de Patrick Poivre d’Arvor, A Demain ! Largement entamé hier, je vais l’achever ce jour. Pas transcendé par le style, mais touché par le vagabondage littéraire, entre sa marche estivale sur les traces de Compostelle et le crépuscule brutal de sa place de premier journaliste de France, selon le critère de l’impact renouvelé du lundi au jeudi.
Sans avoir besoin de les côtoyer, certaines personnalités inspirent de l’affection d’emblée. La sérénité en tension, hypersensible au monde, l’air détaché alors que chaque détail sollicite son regard aiguisé, Poivre d’Arvor appelle la complicité, l’amitié sans étalage, l’échange nourri.
La promiscuité prolongée épanouit rarement. A huit dans la maisonnée des B (sans compter la ‘tite Ilya et la visite éclaire d’Emma et François) les caractères révèlent leurs moins attractives facettes, suscitant quelque friction contenue : ainsi, hier soir, entre la maman de BB et le compagnon de Louise. Du feutré, du chuchoté, certes, mais le signe que tout peut déraper vers l’animosité à n’importe quel moment. L’une pétrie de principes, attachée jusqu’à la monomanie au déroulement maîtrisé des réunions festives, encline à la parole qui comble les silences mal assumés ; l’autre allergique au calibré, porté aux improvisations qui rendent incontournables ses prestations, évacuant les contraintes matérielles pour servir le convivial et les sens. Certains croisements de fin de soirée peuvent crisser, sans sortie avec fracas fort heureusement…
Mardi 30 décembre
8h et quelques, dans le TGV direction Paris. Le papa de BB nous a conduit, dans le frimas nocturne, à la gare du Cellier nouvellement aménagée pour éviter la traversée automobile et piétonne des voies. Une plaque commémorative, au tournant de la montée progressive qui permet de rejoindre le quai pour la direction de Nantes, rend hommage à un certain Benjamin décédé par accident au cours des travaux. Pensée à ce travailleur inconnu alors que nous rejoignons de festives contrées.
A lire, quasiment d’une traite, le Bêtisier 2008 du Canard enchaîné, à 80 % réquisitoire contre Nicolas Sarkozy, nausée dégoût et rage vous envahissent. Miroir déformant, sans doute, à force de ne focaliser que sur les travers des politiques, mais certainement pas transformant, sinon les procédures en diffamation se multiplieraient. Suivre l’infect manège des uns, et des autres, fait douter de la moindre trace du sens de l’intérêt général dans leurs actions, tant pour ceux qui tiennent les rênes de l’exécutif que pour ceux qui y aspirent.
Là, au contraire des zones de travaux ferroviaires, peu de risques d’un sacrifice involontaire : tout est dédié à sa propre cause, à sa trajectoire bichonnée quitte à se torcher avec ses belles déclarations de principe, celles réservées à la galerie électorale des trompe l’œil. La foire aux sordides salauderies, aux renoncements pitoyables, aux minables mais efficaces stratégies : l’espace politique, via Le Canard, tient de la fosse septique.
Pour relativiser, toute activité humaine qui permet aux ambitions de s’ébattre et de se battre laisse la part congrue à la grandeur d’âme. Pour ma part, voilà bien longtemps que j’ai renoncé à tout appétit de carrière, par exécration des zones fangeuses, et à tout altruisme par méfiance cultivée envers la grosse par de mes congénères.
Laisser venir à soi toutes les petites joyeusetés de cette fin d’année avant les grimaces d’un appréhendé 2009.
Mercredi 31 décembre
Enfin ce dernier jour pour le partage loin des bruits de la ville et de la déprime du monde. Hier soir, un Loto déchaîné avec de multiples lots partagés entre les quatre couples. Ma BB, un peu malade, s’éclipse à la moitié et je prends en charge les huit cartons à remplir de boutons au gré des annonces.
Marius, le nouveau compagnon de Candy, la fille de Jean, est d’un contact chaleureux et en totale harmonie avec la teneur festive du groupe.