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Cap corse

Publié le 30 novembre 2009 par Memoiredeurope @echternach

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Parfois le chemin est trop rapide. On trouvera stupide en effet de ne consacrer qu’une journée à découvrir les environs de Patrimonio. Mais que puis-je dire ? Il vaut mieux une journée amicale que cent ans de solitude.

Depuis déjà quelques années, l’idée de dédier un itinéraire pédestre à saint Martin dans la Haute-Corse s’est fait jour. L’Institut européen du patrimoine immatériel corse y travaille, tout en relançant la confrérie San Martinu qui a repris en l’actualisant, je veux dire en la faisant revivre auprès des jeunes, un ensemble de traditions chantées, de services religieux, en un mot un corpus qui se prête autant à célébrer qu’à fédérer. 

C’est sur la pression amicale de Christian Andreani que je me suis laissé convaincre de faire cette découverte qui avait tout du geste symbolique, compte tenu du temps consacré, un geste établi là comme un prélude à un grand parcours qui mettra sans nul doute quelques années à se mettre en place.

Mais quelle somptuosité ! Bien entendu la lumière exceptionnelle de cette fin du mois de novembre - pour ne pas parler de la température tout aussi exceptionnelle – m’ont véritablement plongé dans un bain de jouvence, entre deux semaines pluvieuses et maussades. Comme si cette terre concentrée sur elle-même, réfugiées dans les plis du paysage pour voir la mer sans en être vue, n’était que promesse debonheur. Une promesse touchée dans les quelques minutes qui précèdent le réveil et donc vite évanouie. 

Dans les allées comme creusées entre les cistes, les lambrusques, les arbousiers aux fruits mûrs, les myrtes, dans les odeurs qui ne sont plus à leur apogée d’été, mais qui sont cependant encore plus subtiles, on ne se repère plus que sur l’église perchée.

Les chênes lièges et les chênes verts jouxtent une forêt de châtaigniers, dont le bois, comme les pollens, comme les fruits sortis des bogues nourrissent les sols, les abeilles et les hommes qui préparent la polenta de châtaigne. 

Entre les murs de pierre sèche, près des maisons de bergers qui jouent à ressembler aux maisons de vignerons, la bruyère arborescence évoque un regret de pipe. 

Et dans ce maquis sauvage à foison, plus on grimpe et plus on découvre le travail des hommes : discret quand ils installent les ruches, un peu contrebandier, quand se faufilent les chemins secrets qui reliaient les villages, les pâtures et faisaient résonner les replis de la mer avec les replis de l’âme. 

Un travail de domination consentie repris aujourd’hui au grand jour dans le défrichage de nouveaux terrains pentus, qui révèlent soudain la couleur et l’odeur de la terre, argile et calcaire, pour y installer la vigne, dans le labour pendulaire qui aide à en extirper les pierres. 

Un travail qui s’abrite aussi dans le retrait des cuisines d’où sortent tout soudain les plats qui font chanter.

Tout est doré, de la lumière qui tombe trop tôt, dans le regret des hommes, la musique solaire dont le drame est un peu sourd, quand l’appel de la clarté se fait plus rare, et la blondeur des vignes dont certains cépages encore feuillus donnent raison aux bruits inconnus de la terre.Et la mer qui joue à n’être plus là. Et l’accordéon qui moque la fille aux yeux clairs dans les courbes d’une Italie qui nourrit le terreau de la langue.Et bien plus encore.

Une journée ai-je dit ! Quel malheur ! Mais on m’a dit qu’en février il y avait les oursinades… 

Si vous ne connaissez pas le Niellucciu (ou Nieluccio) et la Malvoisie (ou Vermentino), le Muscat et le Rappu de Patrimonio, alors tentez le rêve, et ne vous réveillez surtout pas ! 

Bon, allez, c’est assez pour ce soir, je sais bien que vous allez être jaloux…Je vous parlerai d’Oletta demain.


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