Hum, oui je sais, le titre est limite limite mais c’était plus fort que moi
!
J’ai toujours considéré Xavier Bertrand comme extrêmement doué pour nous
démontrer, d’un ton toujours très égal, affable, voire débonnaire...tout et son
contraire. Généralement son air patelin de Raminagrobis est extrêmement
efficace pour nous vendre un âne dans un sac, c’est pourquoi, le voir Dimanche
midi, en difficulté devant Anne-Sophie Lapix (sur Canal), fut pour moi une
véritable surprise.
Comme chacun le sait maintenant, malgré la très grande discrétion qui a
entouré ce voyage, Xavier Bertrand s’est rendu en Chine le 22 octobre afin d’y
signer un « mémorandum » entre l’UMP et le Parti Communiste Chinois.
Précision importante, cet accord contient notamment une clause « de non
ingérence dans les affaires intérieures de la Chine » !
Lorsqu’évoquant ces accords et plus particulièrement cette clause,
Anne-Sophie pose la légitime question: «Est-ce qu'on viole les droits de
l'homme en Chine ?», Xavier Bertrand adopte l’attitude classique de l’homme
embarrassé-par-une-question-à-la-con-et-qui-veut-se-laisser-le-temps-de-réfléchir-à-la-réponse-qu’il-pourrait-bien-y-apporter-pour-s’en-sortir-au-mieux,
en bref il fait l’idiot du village !
Plus précisément, il prend l’air ahuri de celui qui s’est fait interpeller
dans son patois natal par un vieux Lapon qui aurait de surcroit oublié
d’enfiler son dentier, et demande « mais qué qu’elle dit ? » ce qui
donne dans la bouche de Xavier Bertrand « C'est à dire ? »
Fort heureusement, la belle Anne-Sophie ne s’est pas laissée démonter et a
consciencieusement répété sa question : « Est-ce qu'on viole les
droits de l'homme en Chine ?» et là, rebelote !
Le sieur Bertrand à qui manifestement les quelques secondes gagnées
n’avaient pas suffis et se disant peut-être qu’en face ça allait finir par
laisser tomber, de reprendre son air de celui qui n’a pas compris la question
et de réitérer son « C'est à dire ? »
Pas de chance, en face ça insiste !
Voyant qu’il ne s’en sortirait pas comme cela, et comprenant qu’un troisième
« c'est-à-dire » pourrait finir par lasser les téléspectateurs,
Xavier Bertrand dans le souci louable de varier un tantinet ses réparties,
atteint un sommet dans l’art de l’esquive hypocrite en osant un
« donnez-moi un exemple ? » !!!
Anne-Sophie Lapix lui pose une question pourtant facile : «Est-ce qu'on
viole les droits de l'homme en Chine ? »
A cette question, n’importe qui aurait répondu un « oui » franc et
massif et ce, quelle que soit la manière dont il envisage les relations avec
les dirigeants chinois, mais non, Xavier Bertrand, d’un air de dire
« c’est pas très clair la question que vous me posez là », lui demande un
exemple !...comme si il y avait doute !
Ahurissant !...mais peut-être que Xavier Bertrand craignait de s’ingérer
dans les affaires intérieures de la Chine en répondant à une telle question
!!!!
Persévérante, Anne-Sophie Lapix lui donne en exemple la liberté de la presse
et, là, enfin, acculé, Xavier Bertrand s’embarque dans une justification que je
n’ai pas vraiment écoutée mais qui devait reprendre en substance l’argumentaire
que l’on peut trouver sur le site de
L’UMP :
«Ce protocole veut dire une meilleure compréhension, une meilleure
connaissance et beaucoup plus d'échanges entre le parti communiste au pouvoir
en Chine et le parti de droite au pouvoir en France», a expliqué Xavier
Bertrand.
Concrètement cela veut dire « multiplier les échanges entre dirigeants
mais aussi entre cadres et élus du parti sur de nombreux sujets comme
l'environnement ou l'avenir de l'Europe ».
Bon, on comprend bien pourquoi il était emmerdé enquiquiné le
Bertrand, signer un accord pour mieux comprendre, mieux connaitre et échanger
avec les chinois est tout à fait respectable, mais y exclure contractuellement
tous les sujets susceptibles de fâcher les suceptibles Chinois, c’est se
déculotter, rien de plus, rien de moins, et avoir le pantalon sur les
chevilles, ne met pas franchement en position idéale pour un échange fructueux
!
Plus grave encore, je ne suis pas certain que les chinois fassent le
distinguo subtil entre le Pouvoir et le parti au pouvoir !
Parce que, soyons clairs, le Parti Communiste Chinois, ce n’est pas qu’un
parti, c’est le Pouvoir chinois, ce qui n’est évidemment pas
comparable avec l’UMP qui est le « parti (de droite) au
pouvoir en France » !
Dans quelle mesure une telle restriction ne va-t-elle pas brider (non, y
voir un mauvais jeu de mot ne serait que faire preuve de mauvais esprit) la
diplomatie française du moins tant que l’UMP sera le parti « au
pouvoir » en France ?
Mais peut-être que ça n’a pas tant d’importance que cela après tout,
peut-être que la diplomatie française n’a de toute façon aucune intention de
s’ingérer « dans les affaires intérieures de la Chine », peut-être qu’elle
n’a pas besoin de signer une clause contractuelle pour s’abstenir d’évoquer
toutes ces affaires intérieures de la Chine comme la censure, le Tibet,
l'emprisonnement des opposants et autres exécutions capitales en pagaille
!
On parle également (très bien) de ce sujet ici