C’est un doux euphémisme que de dire que ce vote Suisse contre la
construction des minarets fait réagir !
Et des réactions il y en a à la fois sur la forme et sur le fond.
Sur la forme, tout d’abord, avec l’apologie faite par certains du concept de
referendum populaire, ou plus précisément dans ce cas de l’initiative populaire
plus contraignante que le référendum (plus de signatures et la double majorité
peuple + cantons) mais qui permet une modification de la constitution. C’est la
fameuse votation des Suisses présentée comme le Saint-Graal de la démocratie,
comme son expression la plus pure, la plus aboutie, à coté de laquelle la
démocratie représentative telle que nous la pratiquons n’est qu’un vague ersatz
uniquement destiné à permettre aux puissants et aux riches d’imposer leurs
volontés au « petit peuple » !
Etonnamment, ce sont souvent les même qui vont considérer que les Suisses se
sont trompés en votant cette mesure scélérate, xénophobe voire quasi-raciste.
Tiens ! Le peuple n’aurait pas toujours raisons ?
Pourquoi pas, mais encore faut-il que nous ayons le mode d'emploi de cette
forme de démocratie et je ne suis pas certain qu'en France nous l'ayons !
Pour ma part, tel qu’il est pratiqué en France, je n’ai jamais été un fan de ce
mode d’expression qu’est le référendum dit populaire et ce n’est pas le récent
exemple Suisse qui va me faire changer d’avis, ni la volte face des irlandais
et encore moins l’utilisation qui en a été faite dans le cadre de la
« votation citoyenne » contre la « privatisation » de la
Poste.
En France, les référendums n'ont toujours été qu’un moyen de marquer sa
défiance vis-à-vis des décideurs politiques.
Pourtant je le regrette !....il serait important que le Peuple s’exprime sur
des sujets essentiels pour notre collectivité. Tiens au hasard, l’immigration
et les sans-papiers !...c’est quand même malheureux que sur un sujet comme
celui-ci on ne sache que confronter violemment l’application de la Loi et les
bons sentiments !...débattons et ensuite votons sur ce que doit-être notre
législation en matière d’immigration mais arrêtons de nous complaire dans cette
situation hypocrite qui consiste à dire « on ne peut pas accueillir toute
la misère du monde » mais si la misère en question a réussit à
s’introduire illégalement chez nous alors elle est la bienvenue parce que notre
bonne conscience nous interdit de la renvoyer chez elle !...voilà le genre de
contradiction sur laquelle il faudrait pouvoir débattre et s’exprimer
!
Bon, revenons au sujet des Suisses et de leurs minarets.
D’entrée, une précision :
Les Suisses ont voté, ils ont répondu à une question qu’il ne me paraissait
pas vraiment nécessaire de se poser, mais ils ont fait leur choix et ils
l’assument, je ne vois pas à quel titre nous nous permettrions de le contester
ou de les traiter de tous les noms infamants possibles.
Par contre il est intéressant, même pour nous, d’essayer de comprendre la
signification que l’on peut donner à leur vote.
Tout d’abords soyons précis, les Suisses n’ont pas voté contre la pratique
de l’Islam, ni même contre la construction de mosquées mais contre la
construction de minarets !
Selon Monsieur (ou Madame, je ne sais pas) Wikipédia, un minaret est
« un élément architectural des mosquées. Il s'agit généralement d'une tour
élevée dépassant tous les autres bâtiments. Son but est de fournir un point
élevé au muezzin pour les 5 appels à la prière par jour. »
Le minaret est donc l’élément le plus visible de la mosquée et par-dessus le
marché celui à partir duquel un muezzin est susceptible d’appeler bruyamment
ses fidèles à la prière (même si apparemment il n’y a pas d’appel à la prière à
partir des mosquées Suisses).
En votant contre leur construction, les Suisses ont voté non pas contre
l’Islam mais contre trop d’Islam ou plus précisément contre un
Islam trop visible, trop « envahissant » !
Alors bien évidemment, tout ceci est très subjectif, puisque la limite entre
le visible et le trop visible est variable selon les sujets. Apparemment, sur
ce sujet, les Suisses, l’ont positionné à, à peu près, 7-8 mètres de hauteur
cette limite.
Ce faisant, en la positionnant plutôt bas, les Suisses ont clairement marqué
une certaine défiance vis-à-vis de l’Islam… ce qui est tout à fait leur droit à
partir du moment où ils respectent la liberté de culte des musulmans.
Je ne vois aucune raison de les en blâmer pour cela !
Qu’avons nous fait d’autre que de poser une limite en interdisant le port du
voile à l’école, considérant que ce symbole de l’Islam n’a pas sa place dans
certains lieux de notre société !
Expliquer cette méfiance par une mentalité xénophobe ou raciste est à la
fois extrêmement réducteur et injurieux à leur égard. Malheureusement, l’Islam
donne un certain nombre de raisons sinon de la rejeter au moins d’être
circonspects vis-à-vis des messages qu’elle véhicule et du comportement de
certains de ses pratiquants.
Parmi la plupart des contempteurs de nos helvétiques voisins, combien sont
capable de dire qu’ils acceptent toutes les facettes de cette religion
?
Il ne sert à rien de jouer les bonnes âmes en accusant les Suisses de ne pas
vouloir vivre dans une société idéale au sein de laquelle tout le monde
s’aimerait, accepterait ses différences et considèrerait on prochain avec une
toujours très aimable attention et une extrême tolérance.
Posons nous la question nous même, la limite qu’ils ont posé dans leur
acceptation de l’Islam est-elle si éloignée de la notre ?