Mariages interethniques en France et aux États-Unis: Diversité, intégration et assimilation

Les États-Unis nation faite d’immigrants est-elle l’icône de diversité qu’on imagine ?

J’ai entendu l’autre jour sur France Info, à l’occasion de l’investiture d’Obama, premier président métis des États-Unis, une remarque que bien sûr je n’arrive pas à retrouver. La personne interviewée remarquait qu’au-delà de l’image superficielle de diversité que pourrait suggérer les nombres d’étrangers aux Etats-Unis, l’intégration n’est peut-être pas si profonde que cela. Les mariages mixtes entre ethnicités y sont bien moins nombreux, or les mariages mixtes sont sans doute l’un des plus forts liens d’intégration et de brassage social.

Quid du « melting pot » américain ? La Californie, où nous vivons, en est un exemple, avec une minorité mexicaine qui est en passe de ne plus être une minorité, la Silicon Valley dont le succès repose grandement sur des minorités chinoises et indiennes, une grande communauté vietnamienne qui remonte a la guerre du Vietnam, une des communautés françaises aux Etats-Unis les plus grandes (cela datant plus des 15 dernières années), etc., etc. . Bien sûr je ne parle pas de l’intérieur des terres, où aux Etats-Unis comme en France les étrangers sont moins implantés.

Intriguée, j’ai donc recherché un peu sur internet. Les Etats-Unis publient des statistiques interethniques, chose que la France ne fait évidemment pas, puisqu’il n’est pas autorisé de collecter des données ethniques (ce qui pourrait être le sujet d’un blog a soi seul). Mais Wikipedia est venu à la rescousse.

Image crédit La Documentation Française
D’après une étude de 2007 par D. Meurs et X. Meng, en 1999 les Turcs seraient les moins intégrés en France par les liens du mariage puisque 14% d’entre eux seulement sont mariés avec des Français ou autres étrangers. Pour le Maghreb ce même pourcentage est de 30% (or le Maghreb est notre principale immigration).

Image crédit Wikipedia (Robert de Niro et sa femme Grace Hightower au Festival du Film Tribeca à New York en 2008)

Cela contraste avec les données de l’état civil américain pour 2006, où seuls 6% des noirs mariés le sont avec des non-noirs (~500 000 sur quelque 8,5 millions). Ce pourcentage monte a 14% pour les mariés recensés dans la catégorie asiatique (800 000 sur 5,8 millions).

Je ne suis que sociologue en herbe, donc je ne promets pas de science exacte dans mes chiffres, mais je pense qu’ils sont suffisamment exacts pour notre propos.

Ces contrastes dans les mariages interethniques dénotent à mon sens, non pas des différences dans les niveaux de diversité, mais deux modes différents d’intégration : la France est plus sur un mode d’assimilation, là où les Américains sont plus sur un mode communautaire (rien de nouveau, vous me direz). La population américaine est très diverse, sans aucun doute. Aux Etats-Unis les étrangers sont bien intégrés, au sens ou beaucoup font leur vie aux Etats-Unis, légalement ou pas. Mais en majorité, les étrangers vivent en communauté, les communautés les unes à coté des autres en relativement bonne harmonie.