Les instituteurs avant Jules Ferry (cahier n° 33)

Publié le 30 novembre 2009 par Soseducation

Par Philippe Conrad, historien, chargé de recherche à l’IRIÉ.

Après le désastre que fut, en matière éducative, la grande commotion nationale issue de l’épisode révolutionnaire et après le peu d’intérêt manifesté par Napoléon et la Restauration pour l’enseignement primaire, la question de l’école ne revient véritablement sur le devant de la scène qu’avec la Monarchie de Juillet (1830-1848). Le ministère Guizot (1833-1837) marque de ce point de vue un réel tournant.

En imposant l’ouverture d’une école dans chaque commune de France, il ouvre la voie à une massification de l’enseignement primaire et à un réel processus de maillage éducatif du territoire national. En pleine phase d’expansion démographique et industrielle de la France, le projet va contribuer à faire surgir une figure nouvelle : celle de l’instituteur. Issu de milieu modeste, travailleur, assidu à la tâche, ce dernier va progressivement occuper un rôle de plus en plus important dans la vie des bourgs et les villages. Pour Guizot, il doit posséder un rare mélange de douceur et de fermeté car il est l’inférieur de bien du monde dans une commune, et il ne doit être le serviteur dégradé de personne ; n’ignorant pas ses droits mais pensant surtout à ses devoirs ; donnant à tous l’exemple, servant à tous de conseiller, surtout ne cherchant point à sortir de son état, content de sa situation parce qu’il y fait du bien, décidé à vivre et à mourir dans le sein de l’école, au service de l’instruction primaire qui est pour lui le service de Dieu et des hommes.

Derrière cet idéal noble se cachent néanmoins souvent des conditions de vie précaire et des émoluments modestes. La situation s’améliore partiellement avec le ministère Duruy. Mais c’est avec le tournant gambettiste de 1880 que l’on verra le pouvoir politique prêter une attention plus soutenue à la condition économique, matérielle et sociale des instituteurs. La démarche est alors néanmoins loin d’être innocente. Il s’agit de supplanter puis d’éliminer l’enseignement catholique dans un projet anticlérical que les porteurs des réformes de cette période conçoivent comme consubstantiel de l’affirmation du caractère républicain du régime.

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