Euroélections: l’énigme des “Autres”

Est-ce que vous avez observé les résultats des élections européennes? A part d’être les plus importantes au niveau transnational, ces élections nous ont réservé des surprises. Voici quelques constats à chaud:

• Taux de participation en baisse. La campagne du Parlement européen pour inciter les Européens à aller voter a raté le coche. Au lieu de se concentrer sur les enjeux, le Parlement n’est pas allé au délà du frivole et de l’effet de choc dans les spots vidéo produits pour l’occasion. Difficile d’estimer si, de surcroît, ces spots n’ont pas eu d’effet contre-productif.

• Le centre-droit a été surpris par son bon score. Dans un climat plutôt morose pour l’économie libérale avec des effets pervers de la mondialisation devenus flagrants, le Parti populaire européen ne s’attendait pas à cela. La vérité est plutôt que le PPE (EPP) perd des sièges, et son bon score est dû surtout à la déconfiture et l’atomisation de la Gauche.
• Apparition du Europarlement vert. Davantage de couleur verte au PE ne nuirait pas au débat politique. L’écologie politique gagne du terrain, y compris dans le Parlement de Strasbourg. Méfions-nous cependant: les Verts ne détiennent pas le monopole des bonnes décisions en matière de préservation de la planète.
• La déconfiture de la Gauche est à relativiser. L’électorat centre-droit est plutôt rassemblé et compact. L’électorat centre-gauche est plutôt volatile et le Parti socialiste européen l’a appris à ses dépens. Par extrapolation, on pourrait se poser la question si ces élections ne constituaient pas déjà un référendum pour l’adhésion de la Turquie à l’Union. Des dirigeants emblématiques de la droite européenne se sont ouvertement prononcé contre l’intégration de la Turquie au sein de la famille européenne (Merkel/Sarkozy), alors que le “bouche cousue” de la Gauche laisse à penser qu’ils y sont plutôt favorables.
• La percée des anti-Européens se confirme. Conservateurs, indépendantistes, souverainistes et nationalistes patents seront pris en charge pendant cinq ans par le budget du Parlement, pour descendre publiquement l’acquis communautaire. Bonjour tristesse..
• L’apparition d’une vraie “zone grise” dans le “camembert européen “. Le groupe informel des “Autres” qui avec 93 élus devient la troisième force politique au Parlement de Strasbourg. Ce “kinder surpise” des euroélections sera difficile à encadrer et à prévoir, et pourtant, l’importance de ses votes risquent de voler la place des Libéraux (ALDE-ADLE) en tant que force d’équilibre entre le PPE et PSE. Comme disait Sartre “L’enfer c’est les autres”. Feuilleton à suivre..