Je pense que 80% de ma vie je l'ai passée en musique, dans n'importe quelle endroit, dans n'importe quelle condition, sur n'importe quel support. Petit, j'avais une radio portable, gagnée dans je ne sais plus quel concours, une radio à pile, en mono, avec le seul haut parleur qui ne laissait passer que les medium, qui passait sa nuit allumée sous mon oreiller. Plus tard, avec un walkman j'ai pu en avoir plein les oreilles, et des années après, j'investissais dans une chaîne hi-fi digne de ce nom, pour écouter des vinyls ou les nouveaux albums qui arrivaient en CD. Ouais, c'était le 20ème siècle ! Au fil des avancées technologiques, il n'y avait qu'une chose qui motivait l'achat d'un nouveau support : le son. De même pour les groupes, le studio était primordial, le type derrière les manettes, celui qui masterisait comptait tout autant, à tel point qu'au milieu des années 90 le nom du producteur ou du mastering était écrit aussi gros que le nom du groupe sur les pubs.Même si on était pas sur que les titres allaient être bons, au moins on savait que ça sonnerait. Même pour les styles les plus obscurs, avoir "produced by Scott Burns" sur un disque de death metal ça valait toutes les explications du monde. Bien sûr, ceci est encore plus valable sur les grosses productions, et les groupes qui avaient les moyens de se payer les meilleurs studios et producteurs. C'était la quête permanente du son le plus gros, le plus profond, le plus large, parfois pour des disques pas forcement extraordinaires, mais il y avait une vraie recherche.Mais où en sommes nous aujourd'hui ? Avec la démocratisation de la technologie, beaucoup d'artistes enregistrent dans des home studio, avec une qualité supérieure en théorie à des productions antérieures. En théorie seulement. Comme pour tout produit, la qualité a un coût, que ce soit artistique ou financier.
Finalement, seul le RnB échappe a cette règle, puisque c'est la technologie actuelle qui a crée le style, et les producteurs utilisant cette technologie qui ont crée le son RnB. Mais tous les styles musicaux qui ont vu le jour bien avant la révolution numérique n'ont finalement rien gagné, un album de Kraftwerk enregistré en 70 et simplement remasterisé aujourd'hui réduirait en cendre n'importe quelle production électronique contemporaine.Ca n'enlève rien à la qualité des morceaux, il y a de très bons groupes et de très bons titres, mais c'est un peu énervant de ne pas les entendre avec le son et un mix qu'on pourrait être en droit d'attendre aujourd'hui. J'ai pas mal d'albums assez mal enregistrés dans les années 80 et 90, et ça,on peut le comprendre et l'excuser. Aujourd'hui, moins. Surtout que ces albums qui datent de 15 ou 20 ans sont plus humains et vrais que les enregistrements soit disant "parfaits "d'aujourd'hui.
Mais c'est peut être de notre faute aussi, c'est le paradoxe des années 2000. Vous me direz : "on s'en fout du son puisqu'on écoute des mp3 téléchargés sur le net, encodés on ne sait pas trop comment, et sur les enceintes d'un ordinateur portables". Oui, c'est vrai, finalement on écoute de la musique aujourd'hui comme moi sur ma radio en mono, sous mon oreiller, quand j'avais 10ans. Voila on y arrive, aujourd'hui, tout ce qu'on demande a un disque c'est qu'il sonne le plus fort possible dans des enceintes d'ordinateur. Qu'on le compresse au maximum pour que tout soit a fond, sans détail , sans fioriture. Pourtant les détails et les fioritures font souvent les grands disques Le mp3 détériore la qualité du son, et en plus de ça tout le monde travaille maintenant avec en ligne de mire "que ça sonne sur un ordinateur". A se demander si quelqu'un achete encore des chaines hi-fi.Sans faire mon aigri de la musique (je suis bien content d'avoir 3000 titres dans un seul telephone portable) c'est quand même dommage de perdre de la richesse sonore alors que la technologie devrait rendre grâce au travail des musiciens et des producteurs, ou tout du moins, ceux qui font vraiment leur travail. Alors oui, en 2009 c'est gros, oui c'est fat, oui on a des grosses basses, mais ce n'est pas pour ça que ça sonne vraiment bien.
à lire sur Rolling Stone :
Can Dr. Dre and Jimmy Iovine Rescue Sound?