Sans égard pour ce qui est temporel,
Abreuvant le corps et ses roues subtiles
De la grande réalisation de l’absence de corps,
Le yogin offre le monde en sacrifice. 319
Je célèbre à chaque instant le Soi,
Sans-forme doué de toutes les formes,
Support universel sans support,
Grand Seigneur toujours (déjà) présent. 320
Je ne suis ni en haut, ni en bas.
Au centre, je suis présent partout.
Bien que j’aie toutes les formes,
Je suis sans formes.
Je suis simplement Manifestation douée de conscience (spanda). 321
Etabli en ma forme propre, je ne désire rien.
En tant que monde, je me mets à désirer.
Quand je lève le visage vers l’extérieur, je perçois les objets.
Quand je ne lève pas le visage, je suis évident. 322
L’océan n’a jamais que deux états :
Agité de vagues, ou bien au repos.
Il en va de même pour moi :
Agité ou calme. 323
En vérité, tout ce qui peut être
Connu objectivement
N’a aucune réalité.
De fait, ce Soi n’est pas objet de connaissance (connaissable « de l’extérieur »).
J’apparais par ma propre puissance (et non par un moyen séparé). 324
Avec vigueur et persévérance, laisses-là
Tout ce qui peut être connu objectivement.
Ton propre Soi peut être atteint en n’importe lequel des états
Par la prise de conscience « je ». 325
J’apparais comme Grand Seigneur,
Roi des souffles,
Ministre de l’intellect,
Lumière du royaume du corps,
Installé sur le trône léonin de la Connaissance. 326
Râmeshvar Jhâ (1895-1981), La Liberté de la conscience (Samvitsvâtantryam), Bénares 2003.