Le terme de génération sacrifiée n'est sans doute pas trop fort...
Dans les Zones Urbaines Sensibles (ZUS), qui correspondent aux quartiers les plus difficiles des métropoles françaises, soit 4,5 millions d'habitants, près d'un jeune sur deux vit aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté.
Dans ces mêmes territoires, les jeunes rencontrent toujours autant de difficultés à obtenir des diplômes leur permettant d'espérer une future insertion sociale. Ils continuent également d'être deux fois plus touchés en moyenne par le chômage, particulièrement les jeunes hommes, largement exclus du marché du travail et, plus que jamais, au cœur de la crise.
Le rapport annuel de l'Observatoire National des Z.U.S.(Onzus), témoigne de la gravité de la situation dans les quartiers sensibles et éclaire les poussées de violence répétées, depuis les émeutes de 2005, d'une partie de la jeunesse des cités difficiles.
Il montre que, sur les cinq dernières années, avant même que la crise économique actuelle ne commence à faire effet, les gouvernements successifs n'ont pas réussi à corriger significativement les inégalités accumulées. Qu'il s'agisse de chômage, de pauvreté ou d'éducation, les ZUS demeurent des territoires relégués, en première ligne des tensions sociales.
Les données les plus préoccupantes concernent la pauvreté. Selon l'Onzus, 33,1 % des habitants des ZUS vivent en dessous du seuil de pauvreté (908 euros mensuels pour vivre) contre 12 % pour le reste du territoire. Cette proportion atteint le chiffre record de 44,3 % pour les moins de 18 ans habitant en ZUS, les premiers touchés par les inégalités de revenus.
Les difficultés d'accès à l'emploi restent également considérables. Entre 2003 et 2008, le taux de chômage dans les Zones Urbaines Sensibles a certes très légèrement diminué, passant de 17,2 % à 16,9 %.
Les jeunes figurent parmi les premières victimes. Notamment les garçons, en 2008, avant même le déclenchement de la crise économique, le taux de chômage des hommes de 15 à 24 ans originaires des Zones Urbaines Sensibles a explosé, atteignant 41,7 %. Un mouvement à l'inverse de celui des femmes du même âge pour lesquelles les employeurs ont moins de réticences : leur taux de chômage a diminué passant en dessous de la barre des 30 %.
Les élus devraient s'interroger sur « l'effet repoussoir » des jeunes hommes des Zones Urbaines Sensibles, durablement pénalisés par l'image sociale négative des « jeunes à capuche », et sur les risques de radicalisation liés à leur sentiment d'exclusion et de marginalisation sociale.
En arrière-plan, le faible niveau de qualification de la population, et des jeunes en particulier, apparaît comme un obstacle majeur et durable.
Mais les données brutes de l'observatoire des ZUS relativisent ces commentaires positifs, les élèves des ZUS continuent de redoubler et d'échouer dans des proportions bien plus importantes que les jeunes issus de quartiers plus favorisés.
Parmi eux, à nouveau, sans surprise, ce sont les garçons qui posent problème, plus souvent en retard scolaire, très largement distancés par les filles au brevet et au baccalauréat.