Mieux vaut aborder Photoquai (jusqu’au 22 novembre) par l’Ouest et remonter peu à peu l’exposition de plein air, en face du musée du quai Branly. En effet, pour le visiteur qui arrive dans l’autre sens, depuis l’Est, la première impression est celle d’assez banales photos documentaires, avec toujours le même discours sur l’écologie, le nucléaire, les peuples en voie de disparition, les conflits divers, les anciens combattants, la beauté fragile de l’Antarctique ou les coutumes mongoles, et autres témoignages sociaux, toutes choses méritoires, mais qui, même photographiées par un Patagon, n’ont guère plus de densité artistique que la peinture d’histoire du XIXème siècle, manquant cruellement de distanciation, développant leur argumentaire avec lourdeur. Les procédés semblent un peu trop évidents, recoloration photoshoppée et autres artifices, et les protocoles de travail un peu trop basiques : batterie de photographes afghans à l’air déterminé, substitution de la photographe à ses modèles, statuettes d’Indiens dans le paysage, superposition de photos anciennes ou petit jeu de ‘où est Hiromi ?’ en chemise bleue dans la photo. Mais, par je ne sais quel mystère de l’accrochage, au fur et à mesure que j’avançais (vers l’Ouest), les travaux devenaient plus intéressants, plus complexes, plus élaborés. Alors munissez-vous d’une boussole et commencez du bon côté, il y a aussi, dans cette biennale de photographes du monde entier, de belles découvertes à faire.
Dans la même veine, la Marocaine Lamia Naji (dont une vidéo sur les Gnawas m’avait plu à New York) réalise des photographies très construites, évoquant semble-t-il la perte de l’être cher; avec une grande économie de moyens, elles signalent le vide, l’absence (Vertigo, Désolation II).
Le Kazakh Saïd Atabekov,
En somme, il faut saluer ce travail de découverte, mais mon sentiment est que cette Biennale gagnerait à se dégager un peu plus du reportage et de la photo à thème, et à affiner davantage ses choix artistiques
Catalogue chez Dessin Original pour 28.50 euros.