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W. - L'improbable président (W.) d'Oliver Stone

Par Laterna Magica

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Oliver Stone est peut-être le réalisateur hollywoodien le plus politique. Il est pour sûr le cinéaste de tous les traumatismes américains. On lui doit Salvador (sur l'impérialisme américain en Amérique Latine, 1986), Platoon, Né un 4 juillet et Entre ciel et terre (sur la guerre du Viet-Nam, 87-90-94), Wall Street (sur la cupidité des marchés financiers, 88), Les Doors (sur la contre-culture des années 70, 1991), J.F.K (sur l'assassinat de Kennedy, 92), Tueurs nés (sur la violence et la télévision, 94) Nixon (sur la présidence de Richard Nixon et l'affaire du Watergate, 96), L'Enfer du dimanche (sur l'impitoyable univers du sport-business, 2000) et dernièrement World Trade Center (sur les attaques terroristes du 11 septembre 2001). La présidence si controversée de George W. Bush ne pouvait donc qu'intéresser Oliver Stone.

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Hier nous évoquions à travers le film Recount (lire notre critique), les conditions électorales de l'arrivée de Bush Jr à la Maison Blanche. Avant même que son mandat ne commence, le doute était apposé au nom de Bush Jr.

Oliver Stone raconte l'histoire de W, et à travers cette trajectoire singulière, celle de doute une dynastie politique. Aux Etats-Unis, il y a les Kennedy, à un degré moindre les Clinton, mais aussi les Bush. George Bush père a été le 41e président des américains et ce entre 1989 et 1993. Dans le film d'Oliver Stone, la figure paternelle est centrale. George Herbert Bush est présenté comme une personne infiniment respectable, digne, posée, et sensible à l'héritage qu'il laisse à ses fils. Junior est lui écrasé par l'autorité naturelle de son père, écrasé aussi par la réussite très traditionnelle de son frère John (gouverneur de l'Etat de Floride jusqu'en 2007).

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George Herbert Bush (James Cromwell)

On a tord de dire de ce film qu'il se moque de la personne de Bush Jr. Le regard d'Oliver Stone se veut neutre, objectif. Il ne fait l'impasse sur aucun des moments clés de sa vie personnelle et politique de Bush Jr, sans complaisance, juste avec le désir de présenter les choses telles qu'elles nous apparaissent aujourd'hui. Il est vrai aussi que le constat se suffit à lui même. On peut noter tout de même un certain cynisme, notamment dans l'emploi de certaines musique (Robin Hood, What a wonderful world d'Armstrong).

La présidence de Bush Jr, c'est une élection laborieuse en 2000, et le recomptage des voix des électeurs de Floride, le 11/09/2001, l'infâme Patriot Act, les guerres en Afghanistan et en Irak, Guantanamo et les prisons d'Abou Ghraib, la gestion du passage de l'ouragan Katrina, le scandale Enron, le délitement de l'économie mondiale et la mise à la rue de millions d'américains des classes moyennes... Les huit années de présidence de George W. Bush auront été infernales et catastrophiques mais... rarement un président aura eu une influence aussi déterminante sur le reste du monde. Le bilan est tel qu'il pèse de tout son poids dans la campagne que mène McCain...

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Le problème, c'est ce qu'Oliver Stone nous expose : George W. Bush n'avait tout simplement pas l'étoffe. Tout au moins, c'est la conclusion que l'on tire à la sortie du film. Tout le métrage est construit sur cette idée là, d'un héritier écrasé par la figure de son père et qui cherche le moyen d'exister. Il se cherche, emprunte une trajectoire peu banale même s'il réussit à accéder à Yale puis Harvard, mais ne fera que tatonner toujours.

Pendant son mandat, Bush apparaît soumis à l'influence de ces conseillers, en particulier Dick Cheney, le vice-président, et Karl Rove (joué par Toby Jones). La guerre en Irak est dans le film explicitement exposée comme le seul moyen de contrôler assez de champs de pétrole pour garantir l'indépendance énergétiques des Etats-Unis, même si le débat se centre aussi sur la question des armes de destructions massives et le besoin de se débarasser du dictateur irakien Saddam Hussein.

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George W. et Laura Bush (Josh Brolin et Elizabeth Banks)

L'Improbable président n'est donc ni un film à thèse, ni un film partisan. Il s'agit plutôt d'un film très dictatique, lequel propose de faire le bilan du désastreux séjour de Bush jr à Washington. Cela reste malgré tout centré sur la question de la guerre en Irak, avec peu d'allusions aux autres affaires qui auront perturbés la présidence de W. Le film témoigne aussi d'un fait très propre aux Etats-Unis et cette extraordinaire capacité à faire représenter l'impossible rêve du Self Made Man par la seule figure du président. Ce sont pour beaucoup ses réseaux qui auront permis à W d'arriver si haut, mais il restera aussi un exemple type du candidat que rien ne prédisposait à ce qu'il devienne un jour président et qui, au bout du compte s'y retrouve propulsé.

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Condoleezza Rice et Dick Cheney

(Thandie Newton et Richard Dreyfuss)

 

A l'heure même ou les américains désignent le successeur de cet énigmatique personnage, ce président dorénavant hait mais qui aura porté haut les valeurs d'une frange de la population, cet homme qui demeure tout de même un politicien hors-paire, bien qu'il soit dépassé en permanence par sa fonction et ce qu'elle représente, L'Improbable président nous apparaît comme un film judicieux, intéressant et la synthèse parfaite d'une période riche, douloureuse et qui aura bouleversé l'équilibre du monde.

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Colin Powell (Jeffrey Wright) ; George W. et Laura Bush

 

Il faut saluer aussi le travail de reconstitution opéré par Stone et ses comédiens. La performance de Josh Brolin en W confine au mimétisme. Le travail sur la voix est particulièrement spectaculaire. C'est tout aussi vrai concernant l'interprétation de Condoleezza Rice par Thandie Newton, un peu moins pour les autres même s'ils sont parfaits dans leurs rôles. Elizabeth Banks est juste bien plus belle et rayonnante que la vraie Laura Bush mais ça c'est pour le coup de coeur personnel...

Benoît Thevenin

   

W. - L'improbable Président - Note pour ce film :
W. - L'improbable président (W.) d'Oliver Stone
Réalisé par Oliver Stone
Avec Josh Brolin, James Cromwell, Ellen Burstyn, ...
Année de production : 2008
Sortie française le 29 octobre 2008



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