Auteur : Selma Lagerlöf
Titre original : Bannlyst
1ère édition : 1918
Ma note:
Résumé :
Telle est la malédiction qui poursuit Sven Elversson : on croit savoir qu’au cours d’une expédition polaire qui a tourné au désastre, il aurait mangé de la chair humaine. De retour dans son île natale, il est livré à la réprobation publique par le pasteur du village. Désormais, quels que soient ses efforts pour se racheter, Sven fera figure de coupable — même aux yeux de la jolie femme du pasteur, qui ne peut démêler les troubles sentiments que le “banni” lui inspire…
Impétueux, plein d’éloquence, ce roman frappe par le réalisme avec lequel il met en scène les passions et les situations les plus extrêmes pour exalter les thèmes de la faute, de la rédemption, de la compassion et de l’interdit amoureux.
Mon avis:
Ma connaissance de Selma Lagerlöf s’arrêtait à Nils Holgersson, version télé, of course, et j’en garde un souvenir tendre et ému. Avec Le banni je découvre une histoire non dénuée de poésie. Le cadre de la Suède du début du XXème siècle est on ne peut plus dépaysant, et m’a replongée dans le même genre d’ambiance que l’un des premiers romans que j’ai lu (et pense relire du coup !) L’évasion du pays perdu d’Harald Hornborg. Ce dernier fait partie des tous premiers livres qui m’ont marquée. Si je ne me souviens pas de l’histoire et encore moins des détails, (il y a près de 20 ans tout de même !) certains aspects du roman de Lagerlöf m’y ont fait repenser. L’isolement, la fuite, l’histoire d’amour, l’environnement austère mais sublime.
L’histoire de Sven Elversson est celle d’un homme dont la réputation fera le malheur. Banni de la société, il n’aura de cesse de se racheter, enchaînant les bonnes actions, le regard contrit et le sourire timide. Rien ne sera assez bien pour le réhabiliter aux yeux du monde, sa faute n’inspirant que le dégoût. Après une bonne partie du livre consacré à Sven et à son retour chez lui, ses bonnes actions et sa honte persistante, l’auteur nous entraîne quelques années plus tard, au début de la Première Guerre Mondiale. Bien des choses ont changé. Un saut dans le temps que j’ai trouvé plutôt brutal, après une longue entrée en matière, on nous propulse dans ce qui pourrait passer pour une grosse digression. Le pasteur et son épouse ont déménagé, leur niveau de vie a nettement baissé, tandis que Sven vit avec ses parents dans une vieille ferme, portant secours et soutien aux vagabonds et enfants pauvres.
L’histoire est cousue de fil blanc, autant le dire, ça en fait même mal aux yeux. Pourtant les multiples “coïncidences”, de par leur énormité, donnent des allures de conte à ce roman. Ce qui aurait pu être à la limite du fleur bleue devient poétique et mystérieux, et certains éléments apportent une touche de merveilleux, d’inexpliqué. Les personnages sont bien attachants, et finement décrits. Le final est un improbable mélange de grandiloquence, de mysticisme et d’émotion. L’aspect bonne morale était à deux doigts de m’écœurer, j’ai du mal à comprendre la décision finale de l’héroïne. On peut y voir un hymne à la vie, une page qui se tourne, à ce qui doit être vécu, au destin. Une excellente lecture malgré les dernières pages un peu too much.