Alors même que la brise de l’olympisme s’essouffle sur nos écrans, que les Ave Moi n’ont fait marrer personne, côté court, c’est la douche froide pour les organisateurs des Jeux Olympiques de Pékin.
Steven Spielberg vient d’annoncer qu’il mettait un terme à sa collaboration avec le comité olympique chinois. Chargé de la mise en scène des cérémonies d’ouverture et de clôture des JO, Spielberg a préféré prendre ses distances. Un crève-cœur pour ce fan de baseball, casquette MLB (Major League Baseball) toujours vissée au front, qui s’était sans doute fait un plaisir d’assister à la finale de la discipline, entre la promotion de son nouvel Indiana Jones, la post-production de Lincoln, et le tournage de Tintin. Après Munich en 2006, il n’y aura malheureusement pas de Pékin 2008.
En cause ? Le soutien infaillible de la Chine au régime de
Khartoum lors de la crise humanitaire n’est pas du goût du réalisateur américain.
« La chine devrait faire plus pour mettre un terme aux habitants du Darfour » a-t-il expliqué mardi. Dans une lettre qu’il avait d’abord adressée en novembre au président Hu Jintao, Spielberg s’était dit
« perturbé » par le silence chinois. Perturbé, il l’était sans doute encore plus par l’article qu’avait fait publier
Mia Farrow dans le
Wall Street Journal en mai 2007. L’actrice américaine lui demandait de quitter
" les Jeux Olympiques du génocide ", au risque de devenir le
« Leni Riefenstahl des JO de Pékin ». Pour le réalisateur de la
Liste de Shindler et à l’origine de la Fondation de la Shoah, le parallèle était difficile à digérer. Spielberg parti, c’est le cinéaste chinois Zhang Yimou qui reprend le flambeau. Le linge sale en famille.
Côté organisation, on mime le fair-play. La Chine dit regretter les remarques de Steven Spielberg, qu’elle juge « contraire à l’esprit olympique. Nous ne souhaitons pas voir un tel événement attendu par le monde entier, perturbé par des problèmes politiques » a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères. Reste que la décision de Spielberg pourrait laisser des traces. Le même jour que l’annonce du retrait de Spielberg, Richard Vaughan, un joueur de badminton anglais avait fait part de sa gêne de participer aux prochains JO : « il est très difficile de garder un silence poli face à un conflit qui continue de coûter tant de vies ». Le Comité britannique olympique avait répondu du tac au tac : il était demandé aux athlètes d’éviter les sujet sensibles, sous peine d’exclusion. Motus et bouche cousue, l’important, c’est de participer.