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Pennsylvania mon amour

Publié le 21 avril 2008 par Scopes
Hillary Clinton (J. Randolph, Reuters)

Pennsylvania mon amour

Demain 22 avril, la Pennsylvanie vote. Enfin ! Les deux candidats démocrates y courtisent les électeurs sans relâche depuis le 11 mars (date de la dernière primaire – au Mississippi, gagnée par Obama). Au centre de l’attention médiatique, le Keystone state a délivré tous ses secrets : sa forte classe ouvrière, ses aciéries en ruine, son agriculture en déclin, ses banlieues dynamiques, ses communautés Amish (Lancaster county), ses financiers en puissance (Wharton Business School), ses Reagan Democrats, ses communautés noires (Philadelphie et Harrisburg), ses catholiques fervents (Pittsburgh), ses étudiants politisés (Penn State et U-Penn)...
Il était temps que la campagne se termine : ambitieux mais fatigués, tant Barack Obama qu’Hillary Clinton devenaient chaque jours plus incisifs et plus amers, la palme revenant sans conteste à Hillary. Faute de débats de fond (les programmes sont similaires), les controverses sur la forme se sont multipliées : au sujet des propos enflammés de l’ancien pasteur d’Obama ; sur le prétendu atterrissage de Clinton à Sarajevo en 1996 sous les tirs des snipers ; sur l’élitisme d’Obama ; sur les lobbyistes soutenant Hillary, sur le patriotisme d’Obama qui ne portait pas de badge en forme de drapeau américain sur le revers de sa veste…
Les journalistes, qui s’en délectaient (comment couvrir une campagne aussi longue autrement ?) sont désormais sous le feu des critiques. Bon nombre d’éditorialistes leur reprochent (avec raison…) de trivialiser la politique alors quand l’économie américaine est en semi-récession et que le nombre de soldats américains morts en Irak approche des 4000.
Dommage collatéral, un sentiment de lassitude s’est emparé des sympathisants démocrates, de plus en plus consternés par une campagne qui n’en finit pas et qui ne semble profiter qu’aux Républicains, depuis longtemps en ordre de bataille derrière John McCain. Hillary Clinton, aux méthodes très agressives, n’a réussi qu’à s’aliéner une frange de son électorat (le dernier en date étant Michael Moore, étonnamment discret jusqu’alors) sans réussir à augmenter de manière significative son avance dans les sondages (6 points environ).
Les positions des électeurs semblent en effet s’être figées, chaque groupe soutenant son candidat de plus en plus opiniâtrement. En Pennsylvanie (« Philadelphie et Pittsburgh séparé par l’Alabama », selon la formule célèbre d’un ancien gouverneur), les allégeances politiques reflètent comme partout aux États-Unis l’appartenance sociale, l’origine ethnique, la religion et le niveau d’éducation. Elles se traduisent sur le terrain à travers une géographie électorale bien particulière.
Pennsylvania mon amour
Si l’on caricature, Hillary s’attend à réaliser de bons score parmi la classe ouvrière (pourtant très courtisée par Obama) des alentours de Pittsburgh et du Nord-Ouest de l’état (Erie), ainsi que parmi les districts ruraux du centre et du Sud, très républicains lors des élections générales. Son père étant originaire de Scranton, dans le Nord-Est, la région devrait lui être favorable, d’autant qu’elle compte une petite – mais vigoureuse – communauté hispanique. Obama, en revanche, espère montrer sa force dans les villes, en particulier à Pittsburgh, à Philadelphie et à Harrisburg, la capitale. Les banlieues de Philadelphie, mélange de classes moyennes libérales et de cols bleus, constituent l’un des enjeux du scrutin, et pourraient bien déterminer le résultat final.
La victoire d’Hillary ne fait quasiment aucun doute : elle a triomphé dans l’Ohio, un Etat à la sociologie similaire, les sondages la donnent constamment gagnante et les deux équipes de campagne la tiennent pour acquise. Ce n’est donc finalement pas tant sa victoire qui importe que l’avance qu’elle obtiendra sur Obama. Cette dernière s’est singulièrement réduite dans les sondages au cours du mois dernier, passant de 14 à 6 points en moyenne. Une avance significative relancerait -- encore… -- Clinton et lui permettrait peut-être d’acquérir ce momentum qui ne cesse de lui échapper ; une victoire plus serrée la maintiendrait dans la course, mais l’handicaperait dans son effort de séduire les superdélégués indécis (on se rappelle que quoi qu’il arrive ou presque, Obama la devancera en terme de suffrages populaires obtenus) ; une improbable défaite la forcerait sans doute à quitter la course à la nomination.
Dans le scénario le plus probable, la Pennsylvanie ne marquera finalement qu’une étape de primaires qui s’éternisent, en attendant l’Indiana et la Caroline du Nord. Seuls certains Républicains en rient, en usent, en en abusent (Obama avait admis avoir essayé une fois la cocaïne pendant sa jeunesse - merci à ilovepolitics.info pour avoir déniché cette incroyable vidéo!) :

Scopes

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