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C'est du chinois !

Publié le 30 novembre 2009 par Desiderio

Voici une liste que j'avais publiée sur Usenet il y a sept ans. Elle a été reprise sur un autre site, avec des compléments plus érudits et des illustrations pour ceux que cela intéresse. 

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Les mots chinois en français.

Je me suis d'abord appuyé sur la liste du Petit Robert 1, version électronique 2001, j'en ai extrait les formes citées. Puis j'ai vérifié un certain nombre de mots dans le « Dictionnaire des mots d'origine étrangère » et dans « L'aventure des mots français venus d'ailleurs » d'Henriette Walter, sans pousser plus loin dans les dictionnaires étymologiques. La liste ne peut être exhaustive, elle ne comprend pas notamment l'ensemble des produits alimentaires ou des
plats.  

1. Les antonomases

Chantoung, shantung, 1909, nom d'une province.
Chine : 1855 porcelaine ; « plante » 1572 ; 1866 papier ; 1873 brocante. Voir aussi les dérivés du dernier sens : chiner, chineur. Pour mémoire : chinoiser, chinoiserie, casse-tête chinois, supplice chinois.
Kaolin, 1739 ; kao-lin 1712 ; chin. kaoling, proprt « colline élevée », n. du lieu où l'on extrayait le kaolin. 
Pékinois, av. 1874 ; de Pékin, n. d'une ville de Chine. Les chiens de la famille impériale sont arrivés en Grande-Bretagne en 1860 en réalité. Détail amusant : les pékinois sont des épagneuls donc des chiens d'Espagne.
Poussah, 1852 ; poussa 1782 ; pussa 1670; chin. pu-sa « image de Bouddha assis les jambes croisées ».
Satin, XIVe s. ; esp. acetuni, cetuni, ar. zaituni « de la ville de Tsia-Toung (Zaitun) » en Chine.  
Taoïsme, 1886 ; taossisme 1846 ; du chin. tao « raison, être suprême ».
Yoyo ou yo-yo, 1931; yo-yo nom déposé ; p.-ê. d'o. chin., par les Philippines. 

On remarquera que le PR1 ignore : maoïsme, col mao, confucianisme, bouddah comme nom commun. Pour mémoire : pékinologue, sinologue, sinisant. Le mot argotique « pékin » ou « péquin » viendrait de l'espagnol « pequeño » et serait seulement influencé dans sa graphie par le nom de la ville. Le riz cantonais n'est pas connu du PR1, il est pourtant bien lexicalisé.

2. Mots chinois d'abord empruntés à une autre langue orientale.

Ketchup, 1873; calchup 1826; catsup 1821; mot angl. (catchup 1690; ketchup 1711), probablt du chin. kôetchiap ou malais kêchap.
Satin.
Thé, 1648; cia 1589; du chinois dial. t'e ou malais teh, par le néerl.; la forme thé vient du lat. mod. Des compléments sur ce mot : ici et .
Zen, 1889; mot jap., du chin. chan, sanskr. dyana « méditation ».

Les mots suivant viennent d'autres langues et ne sont pas proprement d'origine chinoise. Ils n'ont d'intérêt que parce qu'ils se réfèrent plus ou moins à des réalités que l'on peut associer à la Chine.
- Tibétain : dalaï-lama, panchen-lama, lama, polo (par l'anglais), yak ou yack, zébu.
- Malais : bambou (par le portugais), béribéri, gong, jonque, kapok (par l'anglais), pagaie, rotin.
- Népalais : panda.
- Persan : badiane.
- Sanskrit : laque (hindi pour Walter), lilas. mandarin, mandarine, nénuphar, pagode (tamoul pour Walter), palanquin,  poivre, riz, santal, sucre. Les intermédiaires sont souvent persans ou arabes.
Je ne fais pas référence aux mots vietnamiens pour ne pas introduire trop de confusion.

Il faut faire un sort particulier au mandarin et à la mandarine, ou à leurs dérivés :
- Mandarin : 1581; port. mandarim, altér. d'apr. mandar « mander, ordonner », du malais mantari « conseiller ». Pour Walter, c'est le conseiller d'État en sanskrit, mantrin. 
- Mandarine : 1773; esp. (naranja) mandarina « (orange) des mandarins ». À propos surtout de l'orange et un peu de la mandarine dans différentes langues : voir ceci.
3. Mots chinois passés par une autre langue européenne.

Chow-chow, 1898; mot angl., du jargon anglo-chin. 
Ketchup.
Kumquat, kum-quat 1891; du chin. cantonais, var. de kin kü « orange d'or », probablt par l'angl. 
Longane, 1616; du chin. long-yen, de long « dragon » et yen « oeil », par le lat. bot. longanum et le port. longans 
Pacfung, 1923; packfond 1836; angl. paaktong (1775); mot dial. chin. 
Pongé ou pongée, 1918, -1883; angl. pongee, p.-ê. du chin. pun-ki, pun-gi « métier à tisser » 
Sampan ou sampang, siampan 1702; ciampane 1540 (forme it.); mot chin.,
proprt « trois (san) bords (pan) » 
Satin.
Souchong, 1842; du chin. siao-chun, par l'angl. 
Thé.
Typhon, tiffon 1531; tifon 1571 (d'apr. it. tifone); chin. dial. t'ai-fung « grand vent », par le port. tufaô, ar. tufân; typhon en 1643, par confus. avec typhan (1504), du gr. tuphon « tourbillon ».

Le PR1 ne mentionne pas exactement « tchin-tchin » comme vraiment chinois : 1829; du pidgin-english de Canton tsing-tsing « salut ». Ni non plus « pidgin » :  1924 ; pudgin 1902 ; pidjin English 1875; mot angl. (1851), altér. du mot business prononcé par les Chinois. Sur « tchin-tchin » et sa forme anglaise, on peut compléter ici.
Le PR1 ne cite pas « cangue » comme chinois :  cangue, 1686; port. canga, annamite gong.  Walter : du chinois kang-kia, mettre au carcan (avec l'autre origine en deuxième position).

Le PR1 évoque en revanche les « triades » : angl. triad 1900 ; Triad Society 1821 ; du chin. San Ho Hui « société de la triple union [du ciel, de la terre et de l'homme] ». Mais non la guerre des Boxers. Il cite la Révolution culturelle, mais non les Cent mille fleurs, les Gardes rouges, le Petit Livre rouge, la Bande des quatre, qui sont pourtant des expressions passées en français et souvent avec un sens figuré.


4. Mots directement empruntés au chinois.

Dazibao, v. 1970; mot chin. 
Ginseng, 1663 ; jin-seng 1844; du chin. jên-shên « plante-homme » 
Kalanchoé, 1763 ; mot d'o. chin. 
Kaoliang, av. 1948 ; mot chin., de kao « haut » et liang « grain », par l'angl. (1904) 
Kung-fu, v. 1970 ; mot chin. 
Li,  1603 ; mot chin.
Litchi, 1721 ; lichi 1665 ; lechia 1588 ; chin. li-chi. Selon Walter, l'intermédiaire est espagnol.
Mah-jong, 1926 ; mots chin. 
Pinyin, v. 1970 ; mot chin. « épellation » 
Taï chi,  1979 ; mot chin. Le PR1 ne cite pas d'autre forme...
Yang, 1753 iang; mot chin. 
Yin,  1753 in ; mot chin. 
Youyou, 1888; « canot chinois » 1820 ; du chin. dial. « canot à godille », du chin. yáo « godiller » 
Yuan,  1949; mot chin. « rond »

Voici à présent d'autres mots qui avaient été extraits du Littré par Iulius (Julien-Elie) :

Ailante, d'« ai lan to ».
Colao de « ko lao » : le pavillon et l'ancien
Jonque du chinois « tchoue », bateau, vaisseau, prononcé à Canton chune suivant l'orthographe anglaise, c'est-à-dire en français « tchoun ».

Ajoutons encore que le nom français du Japon est passé par le chinois : en cantonais c'est jiat'pun et en mandarin c'est *jipenkwo qui a donné Cipango comme on peut le voir chez Marco Polo. Le nom du Japon est passé par l'intermédiaire du portugais.


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