Cette époque est maintenant terminée, la machine brune vient de se mettre en marche et, même à Lausanne, le SVP va appliquer implacablement sa politique de chasse à l’homme et à la femme étrangers. La première action allant dans ce sens-là a le «mérite» de remettre les élus de la ville de Lausannne au même niveau que les autres étrangers. Il s’agit tout bonnement méchamment de la création de conseillers et conseillères communaux et municipaux de second ordre : les conseillers communaux et municipaux étrangers. Explications.
Dans le canton de Vaud, les personnes étrangères «âgées de 18 ans révolus, domiciliées dans la commune, qui résident en Suisse au bénéfice d’une autorisation depuis dix ans au moins et sont domiciliées dans le canton depuis trois ans au moins» ont l’exercice des droits civiques au niveau communal depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution vaudoise le 14 avril 2003. Ces personnes sont donc aussi éligibles au Conseil communal (législatif) et à la Municipalité (exécutif).
Par ailleurs, en Suisse, la procédure de naturalisation – qui, soit dit au passage, est loin d’être une sinécure – prévoit des étapes communales, cantonales et fédérales. Au niveau communal, l’une des étapes est l’audition du candidat par «la municipalité ou une commission de naturalisation en présence d’un municipal au moins». À Lausanne, les auditions sont effectuées par une commission formée d’un municipal et de deux membres délégués par la commission des naturalisations qui est composée de quinze membres. En théorie, il est donc possible qu’une ou plusieurs personnes de cette délégation soient étrangères. Et cela le SVP ne le supporte pas puisqu’il propose d’augmenter le nombre de conseillers communaux de cette délégation à quatre. Cette augmentation devant permettre une «dilution» des étrangers de la commission, mais doublant la charge de travail des membres de la commission.
Pour le SVP, le fait que des étrangers en cours de naturalisation soient auditionnés par des conseillers communaux ou municipaux étrangers constitue une «parodie de naturalisation» (sic). La conclusion est évidente. Pour le SVP, les conseillers communaux et municipaux étrangers, pourtant élus, comme ils disent, par le souverain n’ont pas la même valeur que les conseillers communaux suisses. Et bien entendu, les élus étrangers valent moins que les élus suisses.
Le SVP lausannois vient donc d’inventer une nouvelle catégorie de moutons noirs : les élus communaux étrangers. La machine brune est en route il est temps de l’arrêter.
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