Droits humains et pauvreté

Publié le 30 novembre 2009 par Kak94




Point d'eau dans un bidonvile en Inde (c) Maude Dorr

 Concrètement, il faudrait que les discours sur l’élimination de la pauvreté ne se contentent plus de parler de la pauvreté uniquement en termes de « besoins » ou de charité, mais aussi en termes de droits. Concernant les droits économiques, sociaux et culturels (DESC), les gouvernements ont des obligations immédiates qui doivent être respectées dans toute initiative de lutte contre la pauvreté, quels que soient les moyens disponibles. Ils doivent veiller en toute priorité à ce que l’ensemble de la population puisse jouir du minimum indispensable de chacun des droits économiques, sociaux et culturels, tels que l’accès à l’enseignement primaire gratuit et obligatoire, les soins médicaux de base et la satisfaction des besoins essentiels en termes de nourriture, de logement, d’eau potable, d’assainissement, etc. Lors de la distribution des ressources, les Etats ont le devoir de donner la priorité aux plus exclus. Cette obligation signifie que dans les efforts de lutte contre la pauvreté, il faut veiller à ce qu’une attention suffisante soit accordée aux parties de la population qui sont les plus démunies, les plus marginalisées et qui ont le plus de mal à concrétiser leurs droits.
La prise en compte des droits humains dans les efforts de lutte contre la pauvreté nécessite automatiquement une véritable obligation des acteurs responsables de rendre compte de leur action ou de leur inaction. Tout programme de lutte contre la pauvreté doit contenir les mécanismes appropriés d’obligation de rendre des comptes, avec notamment la possibilité pour les victimes de violations des droits humains d’obtenir justice et réparation.


Le rôle des droits humains dans la lutte contre la pauvreté

L’approche centrée sur les droits humains souligne l’importance du fait de favoriser la participation active et éclairée des personnes vivant dans la pauvreté, depuis la conception, la mise en œuvre, jusqu’au suivi et à l’évaluation des stratégies et des programmes de lutte contre la pauvreté. Pour cela, il faut que les personnes concernées jouissent d’une véritable liberté d’expression, de réunion, d’association et de négociation collective et qu’il existe un environnement permettant aux défenseurs des droits humains et aux organisations de la société civile de soulever les éventuelles préoccupations relatives aux efforts de lutte contre la pauvreté.
Les droits humains offrent un cadre normatif solide, ancré dans le droit international, qui rappelle et implique la nécessité d’intégrer pleinement aux efforts de réduction de la pauvreté les principes d’égalité, de non-discrimination, de non-régression et de priorité aux plus vulnérables, ainsi que la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels essentiels, l’accès à l’information, la consultation et la participation et le respect des droits civils et politiques. Le système de protection des droits humains est donc essentiel pour définir les actions que les Etats doivent mettre en place pour combattre la pauvreté.


La position d’Amnesty International


Amnesty International est convaincue que, pour combattre la pauvreté, il faut faire en sorte que les personnes concernées aient le pouvoir de revendiquer leurs droits fondamentaux. Il est indispensable de prendre en compte les droits humains dans la mesure où la croissance économique se traduit généralement par une augmentation des inégalités. Ceux qui restent en arrière n’en bénéficient pas pour des questions de genre, de race, d’âge, de langue, d’origine ethnique ou de caste, par exemple. Par conséquent, la croissance économique à elle seule ne permet pas d’éliminer la pauvreté.
Pour Amnesty International, le fait de renforcer le pouvoir des personnes dans la revendication de leurs droits, par une participation active et une obligation de réelle transparence de la part des Etats, ainsi que le fait d’inscrire les efforts d’éradication de la pauvreté dans le cadre juridique relatif aux droits humains permettront d’aboutir à des stratégies et à des résultats plus efficaces, plus durables et plus équitables en matière de lutte contre la pauvreté. Amnesty International veut dénoncer et condamner les violations des droits humains liés à la pauvreté et chercher à obtenir les changements de politiques et de pratiques nécessaires pour que les responsables aient à rendre des comptes pour ces violations, qui favorisent et aggravent la pauvreté. Amnesty International exige que les droits humains soient placés au cœur des efforts de lutte contre la pauvreté, et que les personnes les plus démunis puissent accéder à la justice, s’exprimer et agir pour elles-mêmes et pour les autres, afin de défendre leurs droits.




 LIRE "Exigeons la dignité. Droits humains = moins de pauvreté"
Index AI: ACT 35/003/2009 - 28 mai 2009
Le résumé qui suit donne au lecteur un aperçu général des buts de la campagne d'Amnesty International. Pour que soient reconnus les droits de ceux qui vivent dans des quartiers déshérités, que les femmes ne meurent plus en couches de complications qui pourraient être évitées et que les grandes entreprises respectent les droits des plus pauvres, les dirigeants du monde entier doivent ajouter l'action à la réflexion. Il faut s'attaquer aux trois obstacles qui ont jusqu'ici empêché de progresser dans cette voie : le refus de rendre des comptes, l'impossibilité de faire respecter ses droits et le manque de participation active.

source : http://www.amnesty.fr/index.php/agir/campagnes/exigeons_la_dignite/les_droits_humains_et_la_pauvrete#dh et pauvrete