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Avance sur salaireprésidentiel

Publié le 30 octobre 2007 par Willy

Une note de l’Elysée préconise de rattraper l’écart avec les autres chefs d’Etat. Ce qui vaudrait 140 % d’augmentation au Président, soit près de 20 000 euros mensuels.
LAURE EQUY - http://www.liberation.fr/
QUOTIDIEN : mardi 30 octobre 2007

Une grassouillette augmentation de… 140 %. Pas de raison que le président de la République déroge à la fameuse règle du «travailler plus pour gagner plus» qu’il a lui-même édictée, diront les «bonnes» langues. Une note de l’Elysée, révélée par la lettre hebdomadaire Profession politique, préconise de revoir à la hausse le salaire du Président. Il serait «souhaitable», est-il écrit, de fixer sa rémunération «à un niveau comparable à celle du Premier ministre et des homologues étrangers». Cette réponse écrite de la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon, au questionnaire de l’Assemblée nationale sur le budget des administrations, a été transmise au rapporteur de la mission budgétaire Pouvoirs publics à l’Assemblée.

Il s’agirait d’abord d’harmoniser les tarifs entre l’Elysée et Matignon : les revenus de Nicolas Sarkozy s’élèvent à 101 488 euros brut par an, contre 240 000 euros pour François Fillon. Pour ce qui est d’aligner la rétribution du Président sur celle des autres chefs d’Etat, l’exemple choisi est celui d’Angela Merkel. La chancelière allemande, la dirigeante européenne la mieux payée, selon un classement publié par l’Expressen 2006, gagnait alors 21 262 euros brut par mois.

«Pouvoir d’achat».Cette histoire de revendication salariale au plus haut sommet rappelle la réforme du mode de traitement des ministres, votée en août 2002, à la suite de la suppression des fonds spéciaux par Lionel Jospin. En octroyant aux ministres une hausse de 70 % de leur salaire, la mesure avait déclenché un début de polémique.

Hier, le socialiste Jean-Louis Bianco s’est dit «choqué» par la proposition : «Quand on a des gens qui sont précaires, qui n’ont même pas le Smic, l’histoire de s’aligner sur le Premier ministre ou les chefs d’Etat étrangers, c’est surréaliste. Ça ne tient pas la route», s’est-il indigné sur RMC.

Alors que les questions «de pouvoir d’achat sont posées […], je n’avais pas le sentiment que le problème le plus important qu’il fallait régler» était le salaire du Président, a ironisé de son côté François Hollande, hier sur RTL, avant d’évoquer «un mauvais signe envoyé en ce moment».

«Argent de poche».Le député (apparenté PS) de l’Aisne René Dosière, éplucheur intransigeant des comptes élyséens, trouve, quant à lui, un peu chiche le revenu présidentiel. «Que sa rémunération officielle soit inférieure à celle d’un secrétaire d’Etat, avouons-le, ce n’est pas très correct.» Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, «son salaire, à l’heure actuelle, c’est de l’argent de poche. Pratiquement toutes ses dépenses sont prises en charge par l’Elysée».

Favorable à une rémunération plus élevée du Président, René Dosière plaide surtout pour davantage de transparence et une séparation claire entre frais de représentation officielle et dépenses personnelles. Car, à l’en croire, les chefs d’Etat, nourris, logés, blanchis, font rarement chauffer leur carte bancaire. Excepté de Gaulle, dernier Président à s’être augmenté, et prompt à dégainer son carnet de chèques : le général remboursait même les goûters de ses petits-enfants quand ils lui rendaient visite au palais présidentiel, relate l’auteur de l’Argent caché de l’Elysée. Qui prévient : «Si on augmente le Président sans faire cette distinction, cela revient juste à doubler son argent de poche.»

A l’Elysée, on argue seulement que Nicolas Sarkozy n’est pas un grand dépensier. «Il ne boit rien, ne mange presque rien. Si on lui comptait ses frais de bouche, ça se résumerait à un fromage blanc par semaine !» Quant à ses vacances, il sait, certes, trouver des points de chute qui ne coûtent pas grand-chose au contribuable… La seule dépense privée prise en charge par l’Elysée serait son appartement, mais qui, selon la même source, «est imputée de son salaire et considérée comme un élément de sa rétribution».

Pour clarifier les budgets de la présidence, Emmanuelle Mignon suggère qu’une loi détermine le montant des revenus du chef de l’Etat. Montant jusqu’ici fixé par… le Président.


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