En décidant de « nationaliser » la prochaine campagne électorale pour les élections régionales, Nicolas Sarkozy court un risque énorme. François Hollande a eu raison d'insister sur ce risque : « Si les Français, a-t-il déclaré, reconduisent les majorités de gauche, cela voudra donc dire qu'ils disent non à la politique suivie par le président de la République. »
Le Président de la République, chef de l'UMP, a placé ces élections sous les signes de « l'insécurité, de l'identité nationale, et de l'immigration » tous sujets qui n'ont pas grand'chose à voir avec la réforme territoriale et encore moins avec les bilans et projets des exécutifs régionaux. C'est si vrai que 72 % d'entre eux déclarent considérer comme une manœuvre électoraliste le débat sur l'identité nationale lancé par Eric Besson même s'ils sont 57 % à juger que ce débat est utile.
Utile à quoi ? L'identité nationale c'est « liberté, égalité, fraternité » et la volonté de vivre ensemble quelles que soient les origines, les religions, les couleurs de peau. Toute personne vivant sur le sol français a vocation à devenir citoyen si tel est son bon plaisir.
Les sans papiers actuellement en grève en sont un bon exemple de la conduite erratique du gouvernement. Ces ouvriers travaillent en France, paient des impôts et des cotisations sociales. Ils ne demandent pas à devenir Français, ils souhaitent seulement pouvoir marcher la tête haute sans craindre la foudre des contrôles policiers inopinés et les reconduites intempestives à la frontière. Une gouvernement responsable agirait à leur égard avec humanité. Martine Aubry a donc raison, quand elle évoque une régularisation large et non massive et à certaines conditions.
En Haute-Normandie, pas un commentateur ne croie un instant aux chances de la Droite de gagner les régionales. Si le suffrage universel est parfois imprévisible, il n'en demeure pas moins que le corps électoral doit s'appuyer sur un bilan, une action, une politique crédible. Le seul problème de la Gauche, ce sera sa division au premier tour. Les Verts et les communistes veulent se compter ? Qu'ils se comptent. Ce qu'il faut c'est qu'Alain Le Vern se montre plus intelligent que le maire de Louviers qui avait jeté l'anathème sur la liste municipale PS-PC-société civile en refusant (avant le premier tour) tout accord de second tour. Ce qu'il souhaitait ? Un retrait humiliant d'une liste qui a tout de même enregistré près de 20 % des suffrages au premier et second tours. Ce n'est pas rien.
Le président sortant est un politique expérimenté. D'ici le 14 février, date de dépôt des listes, il peut encore se passer bien des événements. Et en route vers de nouvelles aventures !