n petit voyage à la capitale me fait prendre conscience de quelques petites choses très graves dans le monde de la culture en général. J’y ai trouvé le centre Georges Pompidou fermé et en grève (et n’ai donc pas pu voir l’expo Soulages). Comme raison, la suppression d’un tiers (environ 400 postes sur 1100, je n’ai pas les chiffres exacts) des personnels du Centre. Il coûte trop cher !! Alors que son budget ne bouge pas depuis le début du siècle et que les prix des œuvres montent en flèche. Quel est l’intérêt de tuer un bâtiment dédié à l’art et qui ne peut servir qu’à cela ? La bonne nouvelle c’est qu’on pourra désormais voler des oeuvres d’art en toute sérénité, puisque les personnels devront faire gardiens, conservateurs, dame-pipi, etc.
dans les cartons, on sent dans les musées scientifiques l’arrivée d’une fusion, celle actuellement étudiée entre le Palais de la Découverte et la Cité des Sciences. L’excellente prise de parole du représentant de la FSU (Fédération Syndicale Unitaire) devant la commission technique paritaire (lire http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/11/palais-de-la-d%C3%A9couverte-un-beau-non-%C3%A0-la-fusion-avec-la-villette.html) me fait oublier un temps mes élucubrations fines sur la culture scientifique, et me fait rappeler qu’il y a une importance à ce que ces lieux continuent simplement à exister, même s’ils doivent évoluer (ce qui me semble tout aussi nécessaire). Et d’une certaine façon, la fusion n’est en soi peut-être pas une mauvaise idée, mais l’absolue indigence des arguments « pour » (listée dans cette allocution) des commissions techniques gouvernementales dégoûte presque à jamais de réaliser cette fusion.
Hier à la Cité des Sciences, je tombe sur une Assemblée Générale dont l’objet est … ladite fusion. J’y vois un personnel majoritairement contre. Ma recherche sur Internet ne donne que les arguments contre, plus rarement les pour. Le texte de fusion n’est pas finalisé. Ce dont les salariés semblent avoir peur, c’est qu’ils soient mangés à la sauce Pompidou : 1/3 d’écrémage.
La culture scientifique et technique, dans ses spécificités, s’est le plus souvent définie en dehors des canons de la culture : pas de lien entre Pompidou d’un coté et Découverte et Cité de l’autre ; les ministères ne sont pas les mêmes, les sujets ne sont pas les mêmes, et … bref, on n’est pas les mêmes. Pourtant, il s’agit dans les deux cas de la mise en pièce d’une certaine idée de la culture, ouverte, le plus populaire possible malgré ses difficultés, coûteuse mais créant une vraie dynamique sociale et collective, politiquement incorrecte mais indispensable à l’existence humaine et la démocratie.
Alors, ne serait-ce pas une bonne raison d’allier les luttes communes, de s’entredécouvrir, entr’apprendre, de construire des ponts culturels plus solides, interdisciplinaires, de devenir encore plus intelligents qu’on ne l’est déjà séparément, se moquer de ces commissions à la botte, de ces scientifiques à la botte … Et de formaliser les ponts naturels entre sciences et culture ?