Pour des raisons professionnelles, on m'a suggéré rencontrer Nathalie Kosciusko-Morizet - à propos d'économétrie des réseaux numériques. Hier je tombe sur son petit livre, (bizarrement) intitulé "Tu viens ?" Curieux, je l'ai dévoré ce matin. Intéressant : une vision articulée de la politique, ce qu'elle y fait. Ses points de repères sur l'écologie et le numérique, et la manière dont les deux s'articulent. De la substance.
"Le numérique porte, comme le projet écologique, une forme d’universalité qui ne s’est jamais résolue a une initiative nationale et qui ne pourra jamais s’y résoudre. Les usages, quant à eux, seront le fait des communautés nationales ou internationales, et ce sont eux qui nous donneront une communauté de destin."
Deux extraits ci-dessous - et un blog participatif ici.
(Page 172)
Sur la fracture numérique
Internet n’est plus seulement un moyen de communication ou de diffusion des œuvres, ni un simple instrument de loisir; il est devenu un véritable « organe » social, qui nous permet d’accomplir une partie considérable des opérations qui sont constitutives de notre appartenance à une société : se documenter, exprimer des opinions, déclarer des revenus, gérer un patrimoine, organiser des déplacements.
La « fracture numérique » nomme la séparation entre ceux qui utilisent des équipements informatiques et ceux qui n’en font pas usage. Cette fracture éloigne deux territoires, et les citoyens qui n’ont pas accès à Internet voient peu a peu s’éloigner d’eux toutes sortes d’objets sociaux, qui s’évanouissent au fur et a mesure que leur usage se dématérialise et se numérise. Le lien social qui était tissé par ces objets s’en est trouvé défait; celui qui se renoue aujourd’hui, sous une forme numérique, devient inaccessible.
(Pages 147-149)