Je ne suis pas "scandalisé" comme Bernard Kouchner. On a donné à un peuple l'occasion de s'exprimer, il s'exprime, point. Mais je ne saute pas de joie non plus. A vrai dire, ce débat me laisse indifférent.
Jean-Michel Aphatie demande ce qui sortirait des urnes en France si un tel sondage devait se faire. Et moi, que voterais je ? Je pense qu'en fait je voterai comme la majorité des suisses. Si la question est posée telle quelle. Non, je ne serai pas fou de joie qu'un minaret soit construit dans mon village. Pas défavorable à des lieux de cultes décents pour tous, mais pas favorable à des minarets appelant à la prière...
Mais la question ne se pose pas, donc il n'est pas forcément utile de développer le sujet.
Par contre, ce qui m'intéresse plus est cette histoire de référendum populaire. La gauche a appelé, il y a peu, à un référendum populaire contre la privatisation de la Poste. Certains trouvaient ça très bien. Je trouvais pour ma part que si la question était mal à propos, l'idée d'un référendum sur un sujet important, pour peu que la question soit bien posée, était séduisante.
Le référendum du Mai 2005 sur la constitution européenne a donné un résultat qui a déçu les plus intelligents qui nous gouvernent. Il a pourtant donné lieu à un magnifique débat démocratique et républicain.
L'outil "référendum d'initiative populaire" me parait pertinent sur ces deux points. S'il permet un vrai et beau débat de qualité, avec une question prise en main par le peuple. Et si l'avenir de notre Nation est mis en jeu. Nous aurions du faire un référendum pour ou contre le Traité de Lisbonne.
En point subsidiaire, il est évident qu'il faut aussi que le pouvoir et les élites acceptent l'idée que le Peuple puisse penser différemment des élites...
Revenons à la Suisse. Les suisses ont posé une question gênante, dont le résultat a gêné et choqué certains. Mais n'est ce pas le risque d'un référendum d'initiative populaire ?
La gauche s'est paré de ces beaux habits vertueux en posant les termes d'un référendum populaire sur la Poste. Mais n'y a t'il pas risque qu'une gauche poussée vers ses extrêmes, ou qu'une droite attirée par sa branche la plus radicale, ne pose aussi les termes d'un référendum d'initiative populaire avec une question dérangeante ?
J'ai toujours été attiré par le coté légitimité populaire du référendum. Même si le Général de Gaulle a payé le prix cher. Même si Jacques Chirac aurait du faire de même en Mai 2005. Je me demande si pour des questions de société, cet outil est vraiment adapté...
Je n'ai pas la réponse, je me pose juste cette question...
Mais je pense que plus qu'un référendum, écouter ce que pense le Peuple, qui n'est pas qu'un ramassis d'ignares crétins, c'est plus important que tous les sondages de l'Elysées ou Référendum à la mort moi le zouzou. Ecouter les gens, et ne pas rester prisonnier de ses certitudes...
Ca parait important...