Magazine Journal intime

La petite maison dans la prairie

Par Diekatze

Après de douloureuses hésitations dont j’ai retracé ici quelques circonvolutions, me voici installée en plein milieu d’un vrai rêve, une idée farfelue qui me trotte dans la tête depuis tant d’années et que je repousse toujours pour des tas de raisons « raisonnables » : un trou paumé !

J’ai posé mes valises dans un hameau, situé à 12 kilomètres d’un village de 1 200 habitants (Takaka) dans lequel il ne se passe a priori pas grand-chose, l’agglomération la plus proche, Motueka (moins de 7 000 habitants) étant à une heure de route (55 kilomètres de routes en lacets), et il faut parcourir deux heures en voiture pour atterrir aux portes de la première vraie ville, Nelson (42 000 habitants). Je ne vais donc pas y aller tous les jours et je suis, comme qui dirait, quasiment coincée au milieu de nulle part.

Joie !

La maison est particulièrement adorable : petite, montée sur trois étages, elle se trouve au fond de la propriété à laquelle elle appartient, et sur laquelle vivent ses propriétaires (leur maison est immense, sublime, du marbre au sol et une piscine à l’extérieur). Elle n’a aucun vis-à-vis, et donne sur la nature. Le hameau étant vraiment isolé, les seuls bruits environnants sont les chants des oiseaux, innombrables, et les aboiements d’un chien, parfois.

Aux alentours de la maison et dans le village de Takaka vivent beaucoup d’artistes, des « marginaux » comme on les appellerait en France (sortes de hippies-écolos), une communauté « alternative » qui aurait sa propre monnaie (les « hands »), monnaie apparemment acceptée au sein du village, sur le marché notamment, et des avocatiers énormes qui collent une honteuse déculottée à tous les normands (dont je suis) qui ont un jour essayé d’en faire pousser un dans un verre.

Le tout se niche au cœur de la Golden Bay, magnifique côte du nord de l’Ile du Sud, que je vous laisse admirer sur le site prévu à cet effet (lien ci-contre). Le Dalaï Lama aurait récemment décrit cet endroit comme « le lieu où l’énergie est la plus intense sur Terre actuellement », c’est dire.

C’est tout. Il n’y a rien ici à part du soleil, des tas de bestioles, un supermarché ouvert tous les jours, des boutiques et galeries d’art, un magasin bio, deux garages, et quelques autres babioles comme deux-trois agences immobilières, un marchand de machines à laver, quelques cafés, un ou deux restaurants, un cinéma, et une bibliothèque (comme dans toutes les villes et villages du pays). J’ai besoin d’un câble USB pour brancher mon imprimante sur mon ordinateur, j’espère trouver ça au village… Sinon, c’est 110 kilomètres aller-retour, damned !

Lundi, j’irai au « Visitor Centre » pour savoir comment on peut s’occuper ici (apprendre à peindre ? Monter à cheval ? Cuisiner ? Coudre ? Papoter ? Etre utile ?).

Huit mois. Il me reste huit mois pour profiter de ce magnifique endroit, découvrir la plage (apparemment pas très loin, peut-être pourrais-je y aller à pied), faire toutes les marches à ma portée, rencontrer les gens, écrire, retourner à Kaikoura voir les baleines que j’ai ratées pour cause de grand vent, et inventer mille autres choses formidables…

Prendre le temps, et voir ce qui se passe lorsque l’on est loin de tous ses repères urbains habituels, lorsque l’on n’a plus aucune obligation, lorsque l’on débarque dans un lieu où l’on ne connaît personne et surtout, où personne ne vous connaît…

Et puis aussi vous faire un beau ‘ti blo-blog !


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