C’est ainsi, celui qui brave la Loi et les polices devient vite un héros populaire.
Les discussions autour des bars et sur les trottoirs à cigarettes ne concernent absolument pas la moutarde de Dijon et les délires ubuesques du couple Peillon-Ségolène, ni la suppression de la taxe professionnelle et la réforme des collectivités territoriales, pas plus que le Président Obama s’inclinant devant l’Empereur du Japon ou Sarkozy en voyage éclair au Moyen-Orient ou ailleurs.
NON ! Les discussions naturelles s’organisent (en dehors du foot et d’Algérie-Egypte ou de France-Irlande), autour de deux nouveaux héros : Jean-PierreTreiber toujours en cavale et Toni Musulin le convoyeur qui refuse de révéler la cachette des 2.5 millions d’euros !
Il y a toujours un petit sourire au coin de la lèvre évoquant ces « Fantômas » des temps modernes. Ils n’ont tué personne dans leur cavale; ils apparaissent «rusés» ; ils défient Hortefeux et les polices … Ça suffit pour remplir de joie un peuple naturellement frondeur et toujours plein d’admiration pour ceux qui enfreignent les règles s’ils ne sont pas des politiques et à partir du moment où les braves gens ne se sentent pas directement touchés.L’argent de Toni «c’est pas notre fric, c’est celui des Gros banquiers» (toujours gros les banquiers) et pour Jean-Pierre, « vous ne me direz pas que cette affaire est bien claire … 4 ans en préventive avant tout jugement ça cache quelque chose » ; « On ne nous dit pas tout. » !
Jean-Pierre, une erreur … : A-t-il prêté son puits en connaissance de cause pour que les sacrificateurs y enfouissent en toute quiétude le couple supplicié ou l’ont-ils fait derrière son dos et à son insu, un jour comme les autres où il courait les bois ?
La seconde réponse est celle qui plaît, même si le fugueur à dépouillé les corps, retrouvés inertes, de leur carte bleue. C’est humain ! La tentation était forte et le “piège” s’est ainsi refermé sur lui ! Au demeurant un « artiste » ce Treiber, partir dans un carton d’emballage, faire des petits coeurs sur le tronc des arbres … ! En plus écolo, amoureux de la Nature et tout et tout …
Toni « un serbe … vous pensez bien ! » « z’ont pas l’habitude des cadeaux là-bas » (pourtant l’a rendu 9 millions d’euros … pas chien!) … des « durs » ma pôve dame ! Habitués à la prison ces gars là. L’argent restant est planqué à l’Est. Avec les remises de peine, le Toni fera un an ou un an et demi d’ombre et s’en retournera au pays comme Ulysse, manger tranquillement ses euros. “Et pi ma p’ove dame, avec la grande Europe à 28, les frontières sont devenus des passoires, surtout à l’Est : toute la pègre se déplace sans aucune difficulté et vient piller et voler en France sans être inquiétée ! Y volent, cassent, pillent mais ils sont “européens”, on peut plus les expulser !”
Cette admiration du grand bandit qui ne torture pas les enfants, ne viole pas les femmes, ne brûle pas les pieds des grands-mères est de tous les temps. C’est la tentation du rêve de ceux qui plient tous les jours sous le joug des Lois et règles, des violences légales, sociétales : -on ne fume plus dans les bars, on ne boit pas avant de conduire, on ne donne plus de fessées aux enfants, on ne traite plus personne de tarlouze, on roule à 90 kms/h, on met une capote avant de tromper sa femme, on a peur de H1N1, on a des crédits à rembourser … putain c’est dur la vie !… Le héros moderne semble s’affranchir de tous ces tracassins.
Le succès du film de Jean-François Richat, «Mesrine» avec Vincent Cassel ne me démentira pas et pourtant “le client” n’était pas particulièrement un doux …
Albert Spaggiari, auteur du «casse du siècle» s’évade en sautant par une fenêtre du bureau du juge. Sa cavale durera jusqu’à sa mort ! Son personnage inspirera au moins deux films, «Les égouts du paradis», de José Giovanni et plus, récemment de Jean-Paul Rouve, « Sans arme, ni haine, ni violence » … Maîtres mots ! Le film sur Treiber n’attend que les conclusions du procès, s’il y en a ! Mais promis il sera là.
Une société violente ? OUI ! Mais elle fabrique des héros doux comme des agneaux. En fait ce qu’admire sans le savoir le clopeur du trottoir, c’est la liberté. Une liberté tellement difficile et délicate à préserver en meute, et si compliquée à vivre en loup solitaire.
Mise à jour 20/11/09 20h 28
Ce dénouement ne modifie en rien le fond de la note !