J'avais observé une anomalie au mois de mars concernant les chiffres du chômage.
Cette anomalie s'est révélée être un changement de méthodologie orchestrée par le pôle-emploi au titre des chiffres du mois de mars. Celle-ci a permis de dissimuler 25.000 chômeurs au mois de mars, 32.000 au mois de juin et enfin 51.000 au mois d'août des catégories A,B et C. Ce chiffre est porté à 59.000 au mois d'octobre comme nous allons le voir.
Je viens donc naturellement de refaire la même analyse concernant les chiffres du chômage à fin octobre, ceux-ci ayant été mis en ligne
Le changement de méthodologie effectué au mois de mars
Avec quelques mois de recul, ce changement de méthodologie saute maintenant aux yeux. Voici donc deux schémas illustrant l'ensemble des sorties (catégorie A,B et C) du pôle-emploi associée à sa sous-catégories "reprises d'activités". Celles-ci sont côte à côte pour une meilleure visualisation.
Pour tout un chacun la sortie du pôle emploi signifie une reprise d'activité, et de fait les deux courbes sont corrélées d'octobre 2005 jusqu'au mois de mars 2009. Après mars 2009, la remontée importante des sorties du pôle-emploi ne signifie plus automatiquement une reprise d'activité. A la lecture de ces courbes, entre mars et octobre 2009, 76.000 chômeurs sont sortis du pôle-emploi tandis que seulement 17.000 d'entre-eux ont retrouvé un emploi.
Mais que c'est donc t'il passé pour ces 59.000 chômeurs depuis le mois de mars pour qu'une sortie des chiffres du chômage dans les catégories A,B et C n'induise pas forcément une reprise d'activité ?
Rentrons dans le détail des "sorties" du pôle-emploi
Une constatation s'impose, entre mars et octobre: les radiations administratives, les entrées en stage ainsi que les arrêts de recherche sont restés pratiquement stables.
Nous trouvons donc la solution à notre problème comme les mois précédents dans les deux catégories "autres cas" et "cessation d'inscription pour défaut d'actualisation".
Ces deux catégories évoluaient depuis 4 ans dans une marge de fluctuation baissière pour "les cessations d'inscription" et à peu près constante pour les "autres cas". D'octobre 2008 à janvier 2009, lorsque les entrées au pôle-emploi était historiquement élevées, les chiffres de ces deux catégories ne sont pas sortis de leur marge de fluctuation. La rupture intervient comme je l'ai dit précédemment au mois de mars, cette date est représentée par le trait vertical coloré en vert.
Ces 59.000 chômeurs, perdus pour la statistique, sont donc 40.000 au titre de la "cessations d'inscription" et 19.000 pour les "autre cas".
Concernant le gros du bataillon, les conditions de radiation pour cessation d'inscription mensuelle se sont durcies de façon à éviter à 25 % (40.000 / 160.000) d'entre-eux à accéder mensuellement au renouvellement de leur inscription.
Concernant les 19.000 "autres cas", je pense qu'ils sont allés fourbir les rangs des catégorie D et E. celles-ci ont un gros avantage sur les autres: elles ne sont que très rarement citées par les médias. En effet, seule la catégorie A bénéficie d'un effet d'annonce mensuel et éventuellement l'ensemble des catégories A,B et C, les deux autres catégories sont presque anonymes. Marianne dénonce depuis très longtemps cet état de fait. Les chiffres sont donc disponibles mais torturés pour rentrer dans le carcan médiatique qu'est la catégorie A. Et comme chacun sait le chômage au mois d'octobre a augmenté de 2 %
Quid des catégories D et E ?
Dixit le pôle-emploi : Certaines personnes inscrites à Pôle emploi ne sont pas tenues de faire des actes positifs de recherche d’emploi (499 200 fin octobre2009). Elles sont soit sans emploi et non immédiatement disponibles (catégorie D), soit pourvues d’un emploi (catégorie E).
L'évolution de ces catégories :
Je conserve mon analyse entre les mois de mars et novembre afin que les 59.000 parents pauvres du pôle-emploi de ma précédente analyse restent en selle.
Entre mars et octobre les chômeurs de la catégorie D ont donc été 35.000 de plus contre 45.000 supplémentaire pour la catégorie E. Soit une augmentation de près de 80.000 personnes. Parmi ces 80.000 chômeurs supplémentaire nous devons donc retrouver une grande partie des 19.000 chômeurs disparus de la catégorie "autre cas", ceux-ci à hauteur de 19.000 ont donc dû être reclassé dans les catégories D et E.
Il nous reste donc 60.000 chômeurs supplémentaires qui ne sont pas intégré dans les trois catégories A,B et C.
A ce stade, le gouvernement doit se frotter les mains d'avoir crée le statut d'auto-entrepreneur. Puisqu'une grande partie de ces créations d'entreprises (à très très faible revenus) sont classés en catégories E.
Depuis mars, nous avons donc 59.000 chômeurs qui ont été écartés des trois catégories classiques, mais également 60.000 qui auraient certainement dû s'y retrouver. Cette dissimulation orchestrée de façon à ne communiquer que les chiffres que les médias sont habitués à diffuser est extrêmement perverse. Depuis ces différents changement intervenus en 2009, le seul chiffre qui devrait faire référence aujourd'hui, pour éviter ces jeux à vase communiquant, devrait donc être le chiffre total des catégories A,B,C,D et E. le nombre de chômeurs n'est donc pas de 2.6 millions (cat. A) mais de 4.3 millions.
Le patron de Pôle-emploi est-il une canaille ? certainement et à la hauteur des chiffres que je viens d'évoquer.
Un billet un peu lourd certes, je le dédicace néanmoins à Dagrouik