La porte s’ouvre et le trio d’Emmanuel Bex nous conduit dans une visite de mondes imaginaires étranges, parfois mystérieux et inquiétants, parfois drôles, toujours énergiques. Les conditions d’écoute étaient parfaites : un son parfait, il faut le souligner, à l’Alhambra pour la majestueuse batterie de Simon Goubert trônant au centre de la scène tandis que l’orgue Hammond d’Emmanuel Bex et les saxophones de Francesco Bearzatti formaient un triangle ouvert. C’est sans doute les ambiances créées par le batteur qui donnaient une impression de mystère voire d’inquiétude, décalant les évidences. L’orgue Hammond se plaisait à ce jeu, puis le saxophone apportait une violente énergie. Le troisième morceau Que ne suis-je ? chanté par Emmanuel Bex, changea le paysage ; inspirée par un texte de Fernando Pessoa, la musique prit une coloration mystique, planante et … poétique. Puis le délicieux Pericoloso sporgersi, nous conduisit dans un train facétieux à l’entracte. Un chœur de huit chanteurs rejoignit le trio pour interpréter deux morceaux d’un Requiem qu’Emmanuel Bex est en train de composer : Domine libera me et Sanctus. L’orgue se prête bien sûr à la musique religieuse mais quelle liberté ! quelle beauté ! on en perd son latin ! Le trio continua le concert avec les morceaux d’un album complet et cohérent. L’air de rien, Francesco Bearzatti nous promena sur des chemins improbables ; acceptant sans réserve l’imaginaire un peu fou de l’organiste, il s’embarqua avec lui dans un magnifique duo orgue saxophone. Imagination, liberté, énergie débridée, la porte est ouverte…
Marie-Françoise