Non, ceci ne sera pas l'histoire de l'expédition menée par La Pérouse sur l'un de ses vaisseaux devenu célèbre.
Et, non, ceci n'est pas sans rapport avec le Web, sur lequel les métaphores de la navigation ont eu de beaux jours.
Donc, en quête d'horizons nouveaux ce matin, je suis allée - guidée par ma curiosité naturelle et un brin de serendipité, comme il se doit - visiter les pages de TED.
Il s'agit donc d'un billet plus personnel, entre épistémologie, astrolabes et Web!
Sur TED, j'ai ainsi découvert une intervention de Tom Wujec (voir en bas de ce billet), intitulée "Démonstration du fonctionnement d'un astrolabe du 13è siècle". Je suis allée la visionner pour deux raisons:
- l'intervenant et l'objet (l'astrolabe).
Pour le premier, j'essaie de le lire régulièrement, pour le second, je suis - tout comme l'intervenant - fascinée par ces objets, qui sont à la fois beaux et surtout témoins des représentations de l'univers dans l'histoire (je pense aussi aux sphères armillaires, pour la possession de certaines desquelles je vendrai certainement tout ce que je n'ai pas, et plus encore!).
Ce sont des objets de mesure, permettant de s'orienter et de se situer dans le monde tel qu'on se le représente.
La vidéo ayant été mise en ligne en novembre, elle n'est pas encore traduite. Je résume l'introduction:
Alors que la technologie progresse, et qu'elle avance, la plupart d'entre nous sommes d'accord pour dire que ses avancées nous rendent plus intelligents et plus reliés (connected) au monde. Ce que je voudrais démontrer ici, c'est que cela n'est pas nécessairement le cas, et que le progrès est simplement un mot pour désigner le changement, et qu'avec le changement on gagne quelque chose, mais on perd aussi quelque chose.
Et, pour illustrer concrètement ce point, ce que je voudrais faire c'est vous montrer comment la technologie a eu à faire face à une question très simple et quotidienne. Et cette question, la voici. Qu'elle heure est-il?
Qu'elle heure est-il? Si vous jetez un œil à votre iphone, c'est tellement simple d'y répondre. Mais, je vous le demande: comment feriez-vous pour y répondre sans votre iphone? Comment me donneriez-vous l'heure, disons, il y a 600 ans? Comment feriez-vous?
Évidemment, la problématique ainsi posée suppose 1/un public occidental 2/disposant d'iphone. Ce qui est évidemment loin d'être le cas de tout le monde. Il faut plutôt le prendre comme une image de la facilité d'usage et de la simultanéité qui peuvent exister via ces technologies.
Ensuite, préciser que je ne suis absolument pas en accord avec l'aspect "la technologie progresse" et autres "avancées de la science", données comme telles (mais, ce serait trop long à développer ici, et plus personne ne lirait, sans doute). Pas d'accord non plus avec cet aspect: "Ah! nous étions quand même intelligents!" ou "Mais comment ont-ils fait pour construire ceci ou cela?" (ils, étant nous, avant).
Non. Ce qui m'intéresse, c'est, ce "changement": on gagne quelque chose, on perd quelque chose. Ce n'est pas une banalité. Ou, en tout cas, sorti d'une psychologie à deux sous, ça peut ne pas l'être.
Sur le sujet du Web et de cette ère numérique qui s'ouvre, il suffit d'observer les positions arqueboutées et les questionnements. Et il est toujours intéressant d'essayer de comprendre ce qui se joue à ces endroits: que va-t-on gagner, que va-t-on perdre, quel changement est en train d'opérer?
Et puis, on peut regarder le Web aussi comme cela: un système de représentation du monde à un temps donné.
L'épistémologie est un élément incontournable pour se faire; elle permet de situer dans un contexte et une histoire (histoire de sciences, mais aussi ici, histoire de l'informatique, histoire des techniques) ...
Je vous laisse découvrir ci-dessous le fonctionnement de ce magnifique astrolabe - ce qui, en soi, est intéressant à voir -, et la conclusion de l'intervenant.
Pour le reste, je ne veux pas partir dans de grandes conjectures, non, juste attirer l'attention sur cette image. Sur cette nouvelle représentation du monde: numérique (ce qui est un présupposé de ma part qui induit un passage de l'ère industrielle à l'ère numérique).
Une image, telle qu'elle apparaît aujourd'hui à travers l'usage de ces technologies par nous-mêmes.
Illustration 1 - Stephen B. Luce Library - Illustration 2 en provenance de la Galerie J.Kugel (France), l'une des plus belles collections au monde de sphères armillaires.