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Le djihad pour s'élever vers Dieu

Publié le 29 novembre 2009 par Robocup555
par Abed Bhuyan

27 novembre 2009


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New York - Si j'ai pu apprendre quelque chose au cours de ma carrière d'enseignant, c'est bien qu'il existe, dans toute entreprise, un élément humain à ne pas oublier.


Ce n’est pas seulement que j’enseigne l’histoire, j’enseigne l’histoire à des collégiens de 16-17 ans. N’étaient mes élèves, il n’y aurait pas de piles de copies à corriger, pas de gorge enrouée à la fin de la journée, pas de craie sur mes pantalons. Je dois rester conscient de la vaste diversité des réalités humaines présentes dans ma salle de classe. A dire vrai, je reconnais que mes échecs les plus flagrants interviennent, non pas lorsque j’oublie l’humanité de mes élèves, mais la mienne propre.

En tant que professeur, je m’étonne que, lorsqu’un militaire musulman tire sur ses camarades, le problème se réduise à sa religion, plutôt qu’aux milliers de problèmes auxquels un militaire doit faire face en continu. Dans la précipitation, pour répondre aux nombreuses questions qu'a posées la fusillade de Fort Hood, on a oublié les terribles réalités de la guerre et les pénibles épreuves que subissent nos soldats. On a aussi oublié que la base militaire elle-même n’est pas étrangère à la violence, puisque, pas plus tard qu’en juillet deux militaires s’y sont entretués lors d’une fête, qu’un mari y a tué sa femme avant de se suicider, l’an dernier, et que, depuis 2003, on y a dénombré 76 suicides.

Pour un Américain musulman comme moi-même, rien d’étonnant à ce qu’on rejette la faute sur l’islam. On a tendance à considérer l’islam comme responsable de tous les crimes de l’humanité, sans doute parce qu’il est facile de montrer du doigt quelque chose qui ne peut pas renvoyer l’accusation. En cette époque, nous, qui recherchons des réponses faciles et rapides, donnons trop d’importance au texte religieux, aux dépens du contexte et du lecteur du texte.

Toute interprétation des Ecritures est le reflet du lecteur : s’il veut déverser son fiel, il y trouvera ce qu’il lui faut. C’est pour cela que les extrémistes de tout bord recourent aux mêmes versets du Coran pour renforcer leurs positions militantes, renforçant du même coup les prétentions des adversaires qu’ils haïssent tant. C’est dans ce contexte que les extrémistes religieux et la grande presse mal informée détournent la richesse du terme djihad pour lui faire signifier “guerre sainte”. Mais la guerre n’est jamais sainte, la guerre ne peut être que mauvaise, même si elle est faite au nom la religion. En islam, le concept de “guerre sainte” n’existe pas. De plus, jamais, quelles que soient les conditions, l’islam ne justifie l’assassinat de civils. Tuer quelqu’un dans tout autre contexte que l’autodéfense suffit en soi à détruire toute tentative de justifier une agression armée par des motifs religieux.

En fait, le terme djihad signifie “combat”, à commencer par le combat qu’il faut livrer sur soi-même pour se faire valoir aux yeux de Dieu.

C’est mon combat pour être un meilleur fils, un meilleur ami, un meilleur enseignant, c’est mon combat pour m’éveiller à l’aube chaque jour pour la prière et rester debout pour faire mon travail.

La notion contestée de “petit” djihad — combat inévitable, comme dans les cas d’autodéfense contre la persécution ou pour la liberté de croyance — persistera tant qu’existeront des opportunistes comme Oussama ben Laden (ou, toutes proportions gardées, le journaliste Glenn Beck) pour en tirer parti. Ces individus donnent au terrorisme pratiqué par les musulmans le nom de djihad. Cette dénomination irresponsable confère une légitimité religieuse à des actes inadmissibles. Sans doute faut-il n’attendre rien de mieux de ces gens, mais la société ne doit pas s’en rendre complice en attisant la discorde entre musulmans et non-musulmans. Si ces personnes font partie du problème, nous, de notre côté, pouvons faire partie de la solution.

Cette solution, c’est-à-dire le sens vrai du mot djihad, c’est l’homme en qui les musulmans voient l’incarnation du Coran, le prophète Mahomet qui nous la donne. C’est lui qui a tracé la voie à suivre par les musulmans. Il a clairement affirmé que le grand djihad est le combat que nous menons contre nos démons intérieurs. La beauté de ce combat se révèle à un niveau profondément humain, celui que chacun de nous, musulman ou non, pratique chaque jour.
En ces temps difficiles, c’est un combat très humain que nous devons mener, ensemble, pour répondre aux défis de notre époque.

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* Abed Z. Bhuyan est professeur de lycée à New York (Teach for America) et diplômé de l’Université de Georgetown, où il a obtenu un diplôme de politique internationale et de relations islamo-chrétiennes. Cet article, écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews), fait partie d’une série portant sur le mythe selon lequel l'islam serait intrinsèquement violent.
Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 27 novembre 2009, www.commongroundnews.org


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