Dominique de Villepin a manifestement pris un tournant dans son positionnement personnel comme en témoignent les places accordées désormais au dialogue, à la proximité, à la dimension humaine.
C'est le positionnement le plus intéressant à analyser actuellement pour la présidentielle 2012.
L'opinion post-crise est en train de naître.
Cette opinion sera le creuset culturel de la prochaine présidentielle. Au début des années 2000, la croissance économique avait fait naître une nouvelle génération : les dirigeants d'avenir. Leur culture était dans le mouvement, dans l'énergie, dans la volonté. Le slogan "travailler plus pour gagner plus" résume bien cette époque : une sorte de loi naturelle où celui qui veut peut. Mais la crise est passée par là.
Cette crise a désormais trois visages principaux : l'économie, l'environnement, la santé.
L'économie rappelle que les réalités n'acceptent pas durablement le prix de la tricherie (les bulles spéculatives) et le réveil est alors très douloureux pour le grand nombre qui paye les frais du cynisme de quelques-uns.
L'environnement pointe l'urgence de préparer les vraies prochaines guerres de demain : la relation entre l'usage des territoires et les ressources naturelles.
La santé inquiète car l'opinion sent confusément qu'elle échappe à des défis mais les santés-séismes se rapprochent.
Ces circonstances seront celles de la prochaine présidentielle.
Elles connaissent pour l'instant 4 profils de compétiteurs :
- le pouvoir sortant qui incarne le passif mais surtout la sécheresse de coeur du pouvoir. C'est probablement ce dernier volet qui sera le plus difficile à expliquer pendant la campagne car l'échec est intégré comme une donne naturelle. Mais pourquoi cette ambiance de sanctions, d'exclusions, de ruptures entre les composantes de la communauté nationale ?
- les nostalgiques du passé lisible (partis extrêmes) avec des droits acquis solides qui vivent en permanence dans le refuge de l'histoire comme s'il était encore possible de fondre le temps actuel insaisissable et le temps contrôlé passé,
- le candidat de la relance du parti (PS) pris en sandwich entre les générations, entre les doubles responsabilités : parler aux militants pour gagner la primaire tout en parlant à toute l'opinion pour faire un bon score de premier tour ...,
- le réparateur de vies : c'est le probable creuset de la campagne qui peut créer la surprise sur des bases nouvelles. Dans cette logique, il s'agit de faire vivre une ode à la "vie à la française" faite de diversité de territoires et d'adaptations douces. C'est une nouvelle générosité dans un esprit de fraîcheur qui ouvre des initiatives nouvelles. C'est le retour à l'essentiel de la vie face aux fragilités actuelles. 1995 avait été l'émergence du réparateur de fractures sociales. 2012 peut être l'année du réparateur des fractures de vies.
Loin des rapports de forces de partis, la victoire présidentielle a toujours appartenu au candidat qui a su prendre la vague culturelle du moment :
- VGE et la mode de la jeunesse en 1974 face aux gros bataillons de l'UNR derrière Chaban,
- François Mitterrand et "l'envie de gauche" en 1981,
- François Mitterrand et l'union nationale en 1988,
- Jacques Chirac et les fractures sociales en 1995,
- Jacques Chirac et le pouvoir empathique en 2002,
- Nicolas Sarkozy et l'énergie de l'action en 2007.
Une nouvelle vague se prépare manifestement. Dominique de Villepin est celui qui occupe actuellement le mieux cette nouvelle tendance comme en témoigne son récent déplacement à Toulouse.
C'est un réel défi : faire naître "une campagne Amélie Poulain".