Au lendemain de la manifestation anti-OMC qui a vu plusieurs voitures partir en fumée et des vitrines voler en éclats, au milieu du tintamarre médiatique et politique qui en découle, la lecture de l’analyse de l’anthropologue Alain Bertho qui vient de publier Le temps des émeutes (Bayard Centurion, ISBN-13: 978-2227478633) pourrait s’avérer salutaire.
Dans une interview donnée à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), le professeur de l’Université de Paris 8 rappelle que les révoltes ne sont pas nouvelles et qu’elles reviennent tous les cinquante ans. Elles ont cependant actuellement quelque chose de nouveau : ce ne sont pas des révolutions accompagnées d’un message clair et homogène, mais des rébellions associées à divers événements.
Pour le chercheur, l’origine des révoltes actuelles est à chercher du côté de l’absence et de la déficience de l’Etat qui manifeste un mélange de mépris, de “bureaucratisme” et d’autoritarisme vis-à-vis des populations. Pour leur part, les partis politiques seraient noyés dans les logiques de l’Etat et ne trouvent plus les moyens d’entendre et de se représenter les souffrances des populations.
Mais ce qui inquiète beaucoup Alain Bertho, c’est, qu’actuellement, cette absence de capacité de représentation des souffrances et des colères populaires risque de perdurer tout en étant accompagnée d’une escalade aboutissant à une dérive de type militaire … d’un côté comme de l’autre.
- L’interview d’Alain Bertho est ici : Emeutes d’hier, émeutes de demain : un phénomène sans âge.
P.S. : Merci à Fred de m’avoir signalé cet ouvrage.