Cela commence par une douleur dans l'avant du bras, ou plutôt une insensibilité dure, qui prend la forme du plan de Manhattan... Cela continue par la révélation, médicale, de tâches blanches dans le cerveau... Cela se termine par une fuite, de tout, du quotidien, de l'époux, des enfants.
L'héroïne d'Anne Révah se cache au creux d'un appartement loué le temps de se retrouver. Anéantie par l'annonce de la maladie qui a pris corps en elle, elle écrit une lettre, à sa mère. Elle se révèle, enfin, après toutes ces années de compromissions, d'illusions...
Voici un petit roman qui cache bien son jeu dans les premières pages, et qui nous amène tout doucement au fil des paragraphes vers l'émotion et l'horreur...et ce à l'aide d'une écriture fluide, très belle, qui m'a enchantée.
Je savais déjà que cette collection de chez Arléa recelait quelques trésors, c'est ici encore le cas. J'ai peut-être simplement été gênée par la construction du récit, par cette coupure dans le fil de la narration qu'engendre la rédaction de la lettre. Oh mais si peu... Il y a tellement de lignes que l'on a envie de noter, tellement d'émotion contenue dans le rythme des phrases, tellement de trouvailles littéraires que j'ai enviées.
Un premier écrit très prometteur !! Et une auteure à suivre...c'est certain.
"Ma vie doit changer, c'est en entendant la voix du neurologue que j'ai compris que cela ne pouvait plus durer, ma fuite est un début de changement. La première étape a été de prendre la décision. Prendre une décision, ça n'a l'air de rien, les pensées se déplacent, se décalent jusqu'au bord de soi, et surgissent dans un ordre inattendu. La décision est là, debout, dans tout son déploiement et sa force. Un sauvetage. Une fois que j'avais accepté la décision, je devais la rendre possible, lui ouvrir l'espace dont elle avait besoin."
Un grand merci à l'auteure !!
ISBN 9782869598645 - 13€ - mai 2009
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