Bataille d'illustrateurs à Dijon

Publié le 29 novembre 2009 par Doespirito @Doespirito

J'ai assisté hier à une performance d'un genre un peu particulier, qui m'a impressionné suffisamment pour que je vous en parle. C'était le 28 novembre à Dijon, dans le cadre du Artcamp, conférence autogérée rassemblant des passionnés des nouvelles technologies autour du thème des pratiques artistiques actuelles. Au programme : licence libre, évolution du droit d'auteur, photo sur internet, mécénat global, édition en ligne, art numérique... Le public : 120 personnes dans la journée. L'édition 2009 a été particulièrement réussie, grâce aux soins diligents d'Isabelle Boucher-Doigneau pour l'organisation, et Pascal Minguet pour l'animation. Pour ma part, j'ai animé deux sessions : l'une sur le marketing personnel, l'autre sur l'écriture en ligne.


L'après-midi, donc, avait lieu une session "bataille graphique" (Graphic battle). Le principe : dans une salle avec un grand écran, pour que le public puisse voir, avec des liaisons internet et téléphoniques entre les endroits où se trouvent les protagonistes, des graphistes s'affrontent en des combats visuels codifiés, mais pacifiques. L'horloge tourne, ce qui impose une grande rapidité d'exécution, avec une musique mixée sur place qui donne un rythme extraordinaire à l'ensemble. Grosso modo, on trouve trois types de sessions :


- Cadavres exquis : un graphiste se lance sur un thème donné, pendant 45 minutes, un autre reprend son travail. Les artistes travaillent avec leurs propres ressources (photos, dessins, etc.) et le résultat peut être projeté sur un grand écran, voire un simple mur, et il est mis en ligne sur internet (on a vu un exemple avec un long bandeau qu'on fait défiler vers le bas...)

- Graphic jam : chaque artiste produit ce qu'il veut sur un thème imposé, toujours avec ses propres ressources, et dispose de 30 minutes. Cela se passe aussi à distance des autres. Une session a ainsi rassemblé des graphistes situés à Dijon, Nantes, Paris, une prochaine entre Paris et Berlin.


- Bataille graphique : c'est ce que j'ai vu. Un maître de cérémonie propose un thème connu de lui seul au départ, donne des images en rapport ou non avec le thème. Des équipes de graphistes ont alors chacune une heure pour produire et rendre leur copie au bout d'une heure. Il existe une version vidéo de cet bataille, appelée le VJing (animée par un Vidéo Jockey, pour reprendre la terminologie du disc-jockey en musique).

Le résultat est assez impressionnant. La session a laquelle j'ai assisté à Dijon rassemblait Jérôme Barreille et Onibi, deux graphistes du cru, rythmée par une bande son électro mixée en direct sur place par Michael Gaboille, alias Kaesis. En face, ou plus exactement à Paris, via internet, Skype et Adobe Connect, une autre équipe de graphistes opérant au Vector Lounge, situé dans le restaurant le Dune. Régulièrement, on passait d'un écran à l'autre, et l'on voyait se composer une image, en suivant l'évolution du travail des artistes, leurs recherches, leurs hésitations, leurs tâtonnements, leur "fulgurance", leur maestria, aussi, toujours sous la pression du chrono.


Je trouve assez fascinant d'observer des artistes à l'œuvre. Pinceau ou tablette graphique, le résultat est le même. Avec la musique, on se prend à atteindre un état quasiment hypnotique. Les images projetées en grand format donnent à ces instants une dimension éclatante. Les riffs du musicien Kaesis magnifiaient l'ensemble et rappelaient opportunément la qualité internationale de l'école française dans ce domaine, avec les Daft Punk, Laurent Garnier, Air, David Guetta et autres Bob Sinclar.

«La vitesse exigée est telle, m'a expliqué Jérôme Bareille, que je travaille uniquement en raccourcis clavier, avec la main gauche. Avec le stylet en main droite, je dessine ou je clique. J'ai ajouté des scripts aux touches F1, F2... de mon ordinateur, afin qu'elles puissent exécuter plusieurs commandes à la suite : copier, coller, nouveau calque, fusionner...» De fait, de près, on voit un pianiste qui plaquerait des accords compliqués. J'ai regardé le musicien : entre la surface de contrôle qui lui permet de piloter son logiciel et le PAD qui module le son, on retrouve cette impression de suivre les enchaînements d'accords du soliste devant son Stenway.


Suite à des problèmes de connexion
, il n'a pas été possible d'enregistrer l'ensemble du travail en motion capture, puis de repasser en accéléré et de voir ainsi l'illustration se reconstruire en quelques secondes. Mais ce sera pour une prochaine fois. Je suis sorti épaté.

Voici l'illustration finale de Jérôme, avec son aimable accord.


Sinon, je partage mes adresses à Dijon
- Musée des Beaux-Arts : là se trouvent les tombeaux des ducs de Bourgogne (Jean sans Peur, Philippe le Hardi). Beau musée de peinture, mais je n'avais plus le temps...
- restaurant BHV place de la Libération : escargots, magret de canard et tarte bourdaloue...
- Appartement de prestige : concept d'appartement en ville, tout équipé, idéalement situé rue du Palais, à deux pas de l'ancien Palais de Justice, sur le "parcours de la Chouette" (symbole de la ville).