Samedi 28 novembre, Nicolas Sarkozy s'est inquiété des ratés de la vaccination "populaire" contre la grippe A. Il a raison. L'affaire démarre mal.
1. Les Français sont inquiets
La situation est paradoxale. Les Français ont-ils changé d'avis ? Hier réticents, ils semblent aujourd'hui submerger les centres de vaccination contre la grippe A. Chaque jour, les médias maintiennent la pression: la pandémie progresse, les morts "inexpliquées" se multiplient (22 la semaine dernière), tout est fait, dit et répété pour inquiéter l'opinion. Le nombre de décès, en fin de semaine dernière, s'élevait à 76, pour quelques 2,8 millions de malades.
Soixante-seize.
A l'étranger, la pandémie inquiète les gazettes, mais pas les foules. Les premiers décès ont été signalés en Russie. Les pèlerinages vers la Mecque débutent, mais certains prennent des dispositions drastiques : la Tunisie a ainsi interdit à ses ressortissants d'y aller. Comme le rappelle Courrier International, environ 9 000 cas de grippe A ont été détectés en Arabie Saoudite.
2. Le vaccin n'inspire pas confiance.
Pour ceux, parents, qui ont reçu la convocation scolaire pour la vaccination de leurs enfants collégiens, le formulaire peut inquiéter: on demande aux parents de collégiens de signer une décharge de responsabilité, par laquelle ils s'engagent à s'abtenir de toute poursuite contre l'Etat ou les laboratoires pharmaceutiques en cas de problème ultérieur avec le vaccin. Mercredi dernier, premier jour de vaccination dans les collèges de France, les jeunes ne se précipitaient pas à la piqûre...
Une rumeur déboule sur le Web : certains médecins déconseille la vaccination car le vaccin aurait été surchargé en mercure. 80% des infirmiers et infirmières auraient refusé de se faire piquer. Où est la vérité ?
Deux cas mortels de mutation du virus de la grippe A (H1N1), similaire à celle survenue en Norvège, ont été signalés vendredi en France. L'information n'est rendue publique que maintenant, mais les deux cas sont intervenus en septembre et en octobre. Le vaccin serait toujours efficace. "Il est trop tôt pour s'inquiéter", a déclaré Jean-Michel Molina, chef du département des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Louis à Paris. Ce médecin ne sait même pas si cette mutation est à l'origine des décès.
3. Les données fiables font défaut.
Personne ne connaît vraiment le nombre de malades de la grippe A. Les médecins n'envoient pas systématiquement leurs patients faire les tests nécessaires. Le réseau "Sentinelle" recense les déclarations d'un échantillon de médecins sur les cas "suspectés" d'être de la grippe A H1N1, qu'ils aient été testés ou pas.
4. Les Français n'ont pas confiance
Roselyne Bachelot, Martin Hirsch, Nicolas Sarkozy, des médecins et des politiques multiplient leurs interventions pour encourager les incrédules à aller se faire vacciner. Comment les croire ? Les manipulations médiatiques sont légions, et sur tous les sujets. On ne croit plus le pouvoir en Sarkofrance.
Le gouvernement a trois craintes, que tout le monde connaît : il ne veut être soupçonné d'avoir négligé la pandémie. Il a commandé 94 millions de doses (pour plus d'un milliards d'euros), qu'il va bien falloir écouler. Et il craint une paralysie partielle de l'économie à cause de la contagion de la grippe A.
Nicolas Sarkozy est entré dans l'arène. Le Monarque ne comprend pas. Vendredi, il a appelé à "prendre au sérieux cette épidémie de grippe". "Gouvernement comme médias, on doit garder notre sang-froid, faire en sorte de ne pas surréagir en permanence en disant un jour blanc, l'autre noir". Sa ministre de la Santé a confirmé avoir doublé le nombre de centres de vaccination ouverts dans la semaine (de 600 à 1200).
Qui peut encore prendre Sarkozy au sérieux ?
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