En confondant le présent avec un absolu - tels sont les rêves de souveraineté dans le domaine de la pensée comme dans celui de l'action - ou en partant toujours plus loin, toujours plus vite, sous prétexte d'oublier une réalité décevante, l'homme tente de nier le temps.
Or la patience lui enseigne à vivre l'inachevé, non comme ce qu'il faut fuir à tout prix, mais comme ce qu'il faut à la fois aimer et dépasser. Accueillir le présent et attendre le lendemain qui portera plus loin ses limites, accepter une scansion du temps souvent laborieuse et sans triomphe ne signifient nullement qu'il n'y ait pas de limites à la patience.
Lorsqu'elle encourage l'oppression, la résignation, la soumission aux tyrannies, elle brise l'homme en s'exerçant à lui faire accepter des formes dégradantes d'existence.
Elle donne au temps sa chance pour que hommes et choses mûrissent et porte en elle le secret d'une appréciation positive de la passivité : non comme pur et simple renoncement à agir, mais comme consentement à laisser être et disponibilité envers ce qui advient.
Dans une société pour qui le temps s'identifie à l'argent, plus que jamais il y a urgence à interroger la patience ; acceptons le paradoxe.
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En me baladant sur le site de la maison d'édition Autrement, avec en tête notons-le quelques pensées pour les fêtes de fin d'année, j'ai chopé ça et là des bribes que je trouve fort jolies. En voici quelques extraits. Cadeau ! ;-)