Devoir de transgression de deux enfants du Fuuta

Publié le 29 novembre 2009 par Bababe

 

En révoltés, deux enfants du Fuuta à Paris  fusillent un système de solidarité en vigueur

Parce que tard dans la nuit, leurs parents les réveillaient et les descendaient de leurs lits ou de leurs matelas afin de les céder aux hôtes débarqués à l’improviste.

Parce que le jour de la fête leurs pères les privaient du riche bazin et  payaient le pâle percale pour pouvoir habiller tous les neveux et les nièces qui pullulaient dans leur maison…

Parce  qu’il leur était impossible de savourer en entier  une sucette  à eux tout seuls. En pleurs, ils regardaient leurs mères fracasser la tête de la sucette pour en donner à chaque enfant un morceau… Ainsi le plaisir de tenir sur le bâtonnet tout en léchant leur cher bonbon, leur était ôté.

Parce qu’il fallait tout partager, alors qu’ils ne le désiraient pas.

Alors ces deux fils de généreux Foutankais se révoltent aujourd'hui contre un système de solidarité où ce sont toujours les modestes des villes qui prenaient sur leurs épaules fragiles, les démunis pendant que des nantis modernes, rétifs à ce système qu'ils considèrent plus parasitaire que solidaire, se barricadaient dans leur maison où les pièces sont plus nombreuses que ses occupants.

En plein  débat où un fils de riche qui a le sens de la rhétorique, mais dont le vécu empêchait de saisir les arguments des deux révoltés, réalisaient-ils tous qu’à cette veille du 28 novembre, ils réveillaient la douleur de Samba qui ne s’était pas mêlé à la discussion ?

Samba pensait à son oncle qui fut parmi les 28 de Réwo. Cet oncle dont la famille, en le pleurant, disait que ceux qui l’avaient pendu, venaient en même temps de pendre plus d’une cinquantaine de personnes. Car cet oncle faisait partie, comme les pères de ces révoltés, de ceux qui entretenaient cette solidarité  foutankaise.

Mais Samba se tut, car il ne voulait pas se rappeler de ce qu’il considérait comme un crime crapuleux.

 Safi Ba