Extraits.
Louis Desloges, conseiller général d'Isigny-le-Buat : «Nos barrages vont être fusillés pour l'exemple et nous ne pouvons l'admettre. Ils sont solides, ils produisent toujours de l'électricité, ils permettent d'avoir une réserve d'eau et de limiter les inondations.» (la Manche Libre, édition du 21 novembre)
Guénhaël Huet, député-maire d'Avranches : «ce n'est pas bon pour l'économie touristique du sud Manche.» (Ouest France, 17 novembre 2009)
Jocelyn Marquer, présidente de l'association des amis du barrage de Vezins : «je ne comprends pas que l'Etat engage des millions d'euros pour détruire des ouvrages qui pourraient tenir encore des siècles. C'est un non sens économique.» (Ouest France, 17 novembre 2009)
Pourtant, l'avenir des barrages était compromis depuis de nombreux mois.
La fin d'activité des barrages en 2013, année de leur prochaine vidange, avait été actée le 14 novembre 2005 par la Commission Locale de l'Eau (comprenant des élus, des représentants des associations et de l'Etat) lors de l'approbation du Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux de la Sélune (SAGE).
L'infranchissabilité des barrages par les poissons migrateurs (tels les saumons) va à l'encontre de la directive (européenne)-cadre sur l'eau de 2000, retranscrit en droit français en 2004, qui impose la libre circulation de ces poissons sur les cours d'eau pour 2015.
La CLE, "Parlement de l'eau", dans son avis, n'aurait que respecté l'état de droit, sachant que la décision in fine revient à l'Etat ...
On connait la suite.
La décision du ministère de l'écologie n'est donc pas une surprise pour les proches du dossier.
Le sénateur de la Manche Jean Bizet déclare que «les barrages étaient en sursis» (Ouest-France, 17 novembre 2009)
Le maire de Saint-James et président du SAGE de la Sélune, Michel Thoury se félicite de cette décision : «ces barrages répondaient à un besoin énergétique local lors de leur construction. Leur suppression est maintenant d’intérêt écologique national voire international.» (communiqué sur le site internet du SAGE)
Les opposants au démantèlement des barrages ne désarment pas.
Deux manifestations se sont déroulées samedi 21 novembre. L'une sur le site du barrage de Vezins, l'autre à la base de loisirs de la Mazure lors de l'inauguration d'une extension du site.
200 personnes étaient présentes à la Mazure pour écouter les discours des officiels (Erick Goupil, maire d'Isigny-le-Buat, Louis Desloges conseiller général, Jean François Legrand, sénateur et président du Conseil Général, Jean Bizet, sénateur, Guénhaël Huet, député, Jean-Marc Giraud, sous-préfet d'arrondissement).
Par ailleurs, le maire d'Isigny-le-Buat, Erick Goupil, a obtenu un rendez-vous auprès de la directrice de cabinet de la secrétaire d'Etat à l'Ecologie jeudi 10 décembre 2009. Il devrait être accompagné pour la circonstance des sénateurs Legrand et Bizet et du député Huet.
Ce dernier déclare qu'«il n'est pas question d'y aller pour discuter d'une quelconque compensation ou contre-partie» (la Manche-Libre, 28 novembre) même si sur ce dossier "nous avons une chance, certes petite, mais encore une chance» (Gazette de la Manche, 25 novembre 2009)
Sur cette problématique qui dépasse les enjeux locaux, ce n'est pas de la chance mais un miracle qui serait nécessaire pour que l'Etat revienne sur sa décision.
Deux jours après le déplacement des élus à Paris, un autre intervenant dans ce dossier devrait se faire entendre. Mis en cause par les défenseurs des barrages et chahuté la semaine dernière pendant les manifestations, Michel Thoury, président du SAGE, devrait s'expliquer et rappeler les raisons du démantèlement des barrages à l'occasion d'une réunion publique qui doit se dérouler samedi 12 décembre à la base de loisirs de la Mazure [à confirmer].
A suivre.
historique des barrages (source : SAGE 2007)
Le barrage de la Roche-qui-Boit a été construit en 1914-15 par la société des forces marémotrices de la Sélune pour fournir de l'électricité à l'industrie de la chaussure de Fougères. La production devenant insuffisante, le barrage de Vezins a été construit en 1929-32. Lors de la nationalisation de l'électricité en 1946, l'exploitation des barrages a été transférée à EDF.
Aujourd'hui la production théorique de Vezins est de 18 millions de kWh, celle de la Roche-qui-Boit de 4 millions de kWh, soit l'équivalent de la consommation d'une ville comme Avranches (10.000 habitants).
Le barrage de la Roche-qui-Boit est soumis a autorisation préfectorale (police des eaux assurée par la DDE) tandis que celui de Vezins est soumis à concession (contrôle DRIRE).
sites et liens internet utiles :
- site gouvernemental du développement durable
- SAGE de la Sélune
- ...
vidéo : la suppression des barrages sur la Sélune : les réactions (source : F3 Basse-Normandie, lundi 16 novembre 2009, édition 19h00)
la suppression des barrages sur la Sélune : les réactions
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