Pourtant, sous ses airs de femme forte, Clara Millet est fragile, hantée par cet amant qu'elle aime encore mais qui ne veut plus d'elle, le salaud...
"Elle se contentait de l'aimer et de souffrir. De combler le creux douloureux de ses absences par des présences passagères auxquelles elle s'accrochait, légère. Elle les appelait ses "amants utiles". Utiles pour oublier son chagrin...". Clara Millet souffre dans son coeur. Parce qu'elle a connu le grand amour avec Rapha et qu'après lui, la fin du monde : "ils étaient tous les deux comme un seul et unique sarment de vigne noueux, formé de deux pieds qui s'enroulent l'un sur l'autre, l'un autour de l'autre. Ils s'étaient nourris, vivifiés, s'étaient aidés à pousser haut, haut vers le ciel." Là, on a bien compris qu'ils s'aimaient beaucoup...
Oui mais voilà, elle a quand même poussé le bouchon un peu loin en lui faisant vivre sa nymphomanie. "Aucun homme amoureux ne peut supporter que le corps de celle qu'il aime à la folie soit saccagé par un autre", ben non, c'est sûr, on le comprend Rapha, c'est elle qu'est rien qu'une trainée en fait... et elle s'est bien gardée de nous révéler dans les premières pages du roman qu'elle n'était qu'une Marie-couche-toit-là, tout ça pour qu'on la plaigne... ben ouais, parce qu'elle est toute malheureuse maintenant... Mais, coup de bol, elle a de bonnes copines auxquelles elle peut se confier, et ça, c'est important dans la vie, les bonnes copines.
D'abord il y a Joséphine, qui s'ennuie depuis qu'elle vit en province (ben, c'est sûr, que faire d'autres que s'ennuyer en province...), toute dévouée à ses enfants (à tel point qu'elle leur lit les Maximes de La Rochefoucald à table) et en est arrivée à détester son aristocrate de mari, médecin et responsable de clinique (qui s'appelle Ambroise de Chaulieu, alors que la femme de ménage se nomme Mme Ripon, ouais...). Alors elle s'interroge, bien légitimement : "Et puis que vaut-il mieux ? Mourir à petit feu dans la cocotte-minute conjugale ou partir en tourbillon dans les flammes du désir ?", je vous le demande un peu, mesdames...
Agnès, mariée depuis treize ans, et inscrite à des séminaires de couple pour soigner la jalousie maladive de son Yves. Elle aime bien ses copines Agnès, mais elle est moins riche qu'elles et même si elle se le cache, au fin fond de son coeur, elle le sait bien qu'elle vaut autant et que l'argent c'est rien que de la poudre aux yeux... mais comment faire comprendre aux gens qui en ont trop de l'argent... Elle n'en peut plus, elle craque, elle se morve dans son pull, c'est vraiment crade, mais heureusement, Joséphine la prend dans ses bras et lui dit : "Allez ma biboune, pleure, ça fait du bien... Pleure un bon coup comme quand tu étais petite et que ta maman te faisait un câlin après..." Ah les copines, heureusement qu'elles sont la !
Quant à Lucille, ah, Lucille : "Des jambes comme deux rubans, une taille si fine, des seins qu'on devine fermes et libres, des yeux gris-verts, immenses et profonds, des pommettes haut placées qui creusent les joues, un teint parfait". Et riche avec ça... Bref, le genre de fille à vous refiler des complexes. Mais comme il y a une justice en ce bas monde, elle est frigide, bien fait pour elle !
Riches ou pas, fidèles ou pas, amoureuses ou pas, les femmes sont comme ça : jamais heureuses, jamais satisfaites, toujours envieuses. Merci pour cette belle leçon !
J'ai lu ce livre presque en entier, contrainte et forcée puisqu'ils l'ont lu aussi dans le cadre de la chaîne des livres : Leiloona , Cécile , Bluegrey , Argantel , Emmyne et Yohan
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Katherine Pancol
LGF (Le Livre de poche n°14671), 1999
ISBN : 978-2-253-14671-1 - 285 pages - 5.50 € (je précise que pour ce prix-là, on peut s'acheter une trentaine de Carambar à la barbe-à-papa, et en plus, y'a des blagues dedans)