Le récent scandale sur les contrats octroyés de façon plus que douteuse dans le domaine municipal nous avait mis la puce à l’oreille et le refus des libéraux au pouvoir de mettre sur pied une commission d’enquête publique sur ce dossier a alimenté l’idée qu’eux-aussi avaient des squelettes dans le placard.
Le rapport du vérificateur général, Renaud Lachance, déposé mercredi dernier vient de confirmer que le gouvernement libéral est loin d’avoir pattes blanches dans l’attribution des contrats de travaux d’infrastructures routières au niveau provincial.
Et l’on peut dire que la situation est encore pire que celle dévoilée dans le monde municipal, car cette fois-ci, le scandale implique un ancien ministre, David Whissell, dont la compagnie (ABC Rive-Nord) dans laquelle il est actionnaire a reçu deux fois plus de contrats gouvernementaux sans appel d’offre pendant sa présence au cabinet exécutif du premier-ministre.
Mais l’évaluation du vérificateur général ne s’arrête pas là : il a noté plus d’anomalies dans le processus d’obtention des contrats du ministère des transports. En fait, un tiers de ces contrats, d’une valeur de 1 milliard$, n’aurait pas été alloué selon une procédure irréprochable car les motifs de situation d’urgence évoqués ne s’appliquaient pas. En somme, dans les 2/3 des cas, les travaux ont pris 6 mois avant de débuter.
Comme si ce n’était pas assez, monsieur Lachance soulève de sérieuses interrogations sur une apparente collusion des entrepreneurs en déneigement qui aurait sciemment fait gonfler les prix des soumissions. Pourtant, dès 2004, de nombreux indices pointaient en cette direction et le Ministère des Transports n’a pas daigné en informer la Sureté du Québec.
Il y a aussi la question des dépassements de coûts en travaux routiers. Dans près de la moitié des 29 contrats étudiés, « l’envergure des dépassements était telle qu’il y a lieu de s’interroger», résume monsieur Lachance. Cela n’est pas sans rappeler les données fournies par un reportage d’Enquête à Radio-Canada traitant de collusion qui relatait que les coûts de construction routière au Québec étaient de 42% plus élevés que la moyenne des provinces canadiennes.
Un autre dossier épineux : celui des partenariats publics-privés dans la construction des centres hospitaliers universitaires comme le CHUM. Le vérificateur général conclut que le gouvernement libéral a opté pour les PPP avec un fort préjugé idéologique favorable en réfutant des études qui démontraient les nombreux désavantages financiers et logistiques de cette formule. Le gouvernement libéral avait peut-être quelques amis à gratifier en mettant sur pied la construction des CHU avec des partenaires privés… même si cela s’était avéré plus dispendieux pour les contribuables québécois.
L’équipe libérale est depuis trop longtemps au pouvoir. Les graines de la corruption commencent à germer et la puanteur de la décomposition éthique remonte jusqu’aux nez des citoyens.
Le trafic d’influence a maintenant atteint un niveau digne de l’époque duplessiste : une collusion entre entrepreneurs pour faire hausser les prix côtoie une infiltration des gens d’affaires dans le cabinet du premier-ministre et cela sans que le gouvernement y voit un problème ou déclenche des enquêtes publiques pour laver la réputation de l’État.
Tout ce parfum de scandale nous remémore les beaux jours du règne des conservateurs de Brian Mulroney au fédéral dont monsieur Charest faisait partie en tant que ministre. Périodiquement, les médias déterraient des affaires louches dont les plus célèbres furent le scandale Oerlikon et les conflits d’intérêts de Stevens Sinclair.
Une vérité demeure en politique : la droite au pouvoir (conservateurs ou libéraux) est toujours plus encline à générer des scandales de corruption car son financement politique et ses membres sont issus presque uniquement des classes d’affaires ou des milieux élitistes.
Avec un tel mélange explosif entremêlant intérêts politiques et commerciaux, il n’est pas surprenant que les gouvernements de droite se fassent autant « pogner les culotes à terre »… comme notre présent gouvernement libéral (source).
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