On connaît depuis des lustres le goût immodéré du bourgeois Vallorbier, l’inoxydable indigène de la Cité du fer, pour tout ce qui touche à l’accueil des migrants et à leur intégration.
Mais des nouveautés inédites en la matière ont été révélées lundi soir 23 novembre 2009 lors de la séance très ordinaire du Conseil communal.
Un élu radical tendance Monsieur Propre, Jean-Philippe Dépraz, ci-devant maître secondaire et ancien directeur des Écoles, militant inavoué du nouvel espace Shame Gun, a en effet déposé une motion d’un genre inusité.
Plutôt que de barricader les requérants dans un centre fermé et sous l’oeil bienveillant de pandores de milices privées, il suggère de placer Vallorbiers et touristes dans une fosse aux ours d’un modèle nouveau, bien étanche et barbelé, à créer sur une esplanade herbeuse publique attenante au Musée du fer situé au cœur de la petite ville.
Cette esplanade a en effet le malheur de recevoir par beau temps la visite de requérants du centre d’enregistrement de Vallorbe qui y passent quelques heures au calme. Mais voilà, ils ne rangent pas la place après leurs pique-niques, et y laissent traîner reliefs de repas et d’autres libations. Et ça ne saurait être toléré plus avant par l’aventureux élu.
Ainsi donc, le brave suggère-t-il de fermer l’esplanade herbeuse au public, en incorporant cette dernière au territoire clôturé, privé et surveillé du Musée, avec en prime deux délicieuses fantaisies : les Vallorbiers de souche ainsi que les touristes pourront toujours accéder à l’esplanade incriminée, les Vallorbiers sur réservation et en gagnant au passage un billet gratuit pour visiter le Musée, les touristes en payant leur entrée au même Musée.
On ne savait pas que l’indigène de la cité du fer avait tout au fond de lui une âme d’ours, et qu’il préférait être mis en cage à l’abri des migrants plutôt que d’imaginer des solutions pour encadrer et intégrer ces derniers.
Il ne faut cependant pas vendre la peau du fameux ours trop tôt, certaines voix s’élevant déjà contre ce confinement qui verrait le régional de l’étape se faire photographier dans sa fosse par un Malien ou un Sénégalais fraîchement débarqué en Helvétie et qui n’aurait encore jamais vu de véritable zoo dans sa vie.
Et en plus, voici que l’illustre motionnaire pédagogue est vexé par le traitement médiatique apporté à sa généreuse idée et se justifie dans le canard régional en clamant que sa démarche n’a rien de raciste. On croit rêver, et sans doute attend-il que le Malien de passage lui jette quelques cacahuètes alors qu’il sera lui, le pédagogue ouvert, enfermé dans sa cage en verre dépoli …
Triste notion pédagogique vaudoise de l’ouverture que voici, mais malheureusement bien trop fréquente. Il faut dire que l’animal pédagogue vaudois n’a généralement pas d’idée, à quelques exceptions près. Ce dernier spécimen confirme la validité de la règle.
A suivre