Le 5 septembre 2006, une projection privée du film Indigènes devant le couple Chirac avait permis à celui-ci de prendre conscience de l’injustice faite aux anciens combattants coloniaux quant au montant de leur retraite. Tous deux avaient été fort émus et Madame Chirac se serait exclamée : « Jacques, il faut faire quelque chose ! ». Mais, depuis est intervenue la rupture. On peut alors assister, navré, à l’épisode suivant, cueilli sur Médiapart.
En juin 1960, Monsieur Daouda Guissé quitte le Sénégal pour la Normandie, où il s’engage dans la marine marchande. Résidant en métropole au moment de l’indépendance du Sénégal, il obtient le 6 août 1962 un certificat de nationalité française et un nouveau en avril 1989.
- Le 13 novembre 1982 naît son fils Ounoussou, pour lequel il obtient le 20 février 1989 un premier certificat de nationalité et un second le 15 novembre 1990.
- En 1998, Ounoussou quitte le Sénégal et rejoint en France son frère Amara, militaire de carrière. Depuis, celui-ci a servi onze ans au 12e régiment d'artillerie d'Oberhoffen, avec des séjours au Tchad et en Bosnie.
- En 2002, Ounoussou s’engage dans l’armée, au 1° régiment de hussards parachutistes, et sert en Afghanistan.
En 2006, le ministère de la Justice conteste sa nationalité. En effet, pour prétendre à la nationalité française, M. Guissé père aurait dû faire venir sa famille en France après l’indépendance du Sénégal. Ne l’ayant pas fait, il n’était pas français et, en conséquence, ses enfants non plus.
Le 19 septembre 2008, le tribunal de grande instance de Rouen a débouté le Ministère de la Justice : le délai de prescription étant de 30 ans, le certificat de nationalité délivré en 1962 ne peut être remis en cause. Le Ministère a fait appel de ce jugement qui a été confirmé en septembre 2009 par la Cour d’appel de Rouen.
C’est alors que s’est manifesté M. Besson, ce patriote inébranlable qui, non seulement rejette la fidélité, mais s’en fait gloire. Etant donné que la consonne doublée qui orne son nom peut donner lieu à des allusions fâcheuses, je lui suggère d’abandonner une de ces consonnes. Son nom sonnera alors comme une incitation à ce qui semble être le plus clair de son action. Donc, fidèle (pour une fois) à ce mot d’ordre, à la mi-octobre 2009, M. Besson a publié un communiqué de presse dans lequel il concluait, pour MM. Ounoussou et Amara Guissé, à «l'absence de nationalité française de leur père». Il se permettait de leur suggérer : «s'ils souhaitent obtenir la nationalité française», d’explorer «d'autres voies» administratives.
De son côté, le consulat général de France à Dakar refuse à la fiancée d’Ounoussou le visa qui lui permettrait de rejoindre son futur époux. A la date du 20 novembre, le Ministère de la Justice n’était pas en mesure d’indiquer s’il se pourvoyait ou non en cassation. Seul éclair de bon sens dans cet océan de stupidité, un soutien déterminé d’Hubert Morin, Ministre de la Défense, aux deux frères. Mais trois autres ministères, la Justice, les Affaires étrangères et l’Immigration et tutti quanti, se liguent pour commettre un tel forfait. Et ce sont ces gens-là qui nous invitent à débattre de l’identité nationale ! Ils s’imaginent donc en être dignes ?