Alors que le magnat des médias, Monsieur Rupert Murdoch, part en guerre contre les moteurs de recherche, comme Google News et Bing de Microsoft qu’il qualifie de « voleurs d’histoires », quelques titres de la presse écrite semblent trouver sur le net un souffle salvateur. Alors, Internet est-il le responsable ou au contraire la solution à la crise que traversent nos chers quotidiens d’informations ? Ce papier (désolé pour l’emploi de ce terme ô combien significatif de la révolution en marche), tente d’apporter une réponse à cette question en tirant les conclusions des dernières initiatives online de grands noms de nos kiosque à journaux.
Dans un sens, la requête du patron de News Corp paraît légitime. Il demande, à Google en premier lieu, une meilleure répartition de l’argent faite sur son dos. Il demande simplement que les histoires écrites tout les jours par ses journalistes ne soient plus disponibles gratuitement dans les moteurs de recherche. Il n’y a pas de raison. Enfin, sauf si l’on considère que l’objectif d’une histoire est de trouver ses lecteurs, pour être lue, connue, et partagée. Alors dans un autre sens, on accepte de voir l’effronté à la formidable puissance de recherche comme un véritable allié.
Parce que l’internaute lui, et bien il a déjà pris ses habitudes lorsqu’il veut s’informer, comme en témoigne le mème assez récurrent GIYF (pour Google Is Your Friend) sur les forums et autres espaces de discussion (voir également l’article La méthode Google pour entretenir son capital sympathie). En fait l’internaute ne demande pas mieux que de lire les articles de qualité écrit par des journalistes professionnels. On peut même dire qu’il attendait avec impatience l’arrivée sur le web de ces médias spécialistes du contenu. Seulement, pour le trouver ce contenu, on n’a pas encore fait mieux que Google.
Alors, l’enjeu de ses quotidiens d’informations en ligne consiste à transformer cette abondante source de visiteurs en provenance des moteurs de recherche. L’objectif est donc non seulement de fidéliser à la version numérique, mais aussi de redynamiser la version papier par une réelle complémentarité entre les canaux de diffusion. Cela passe par un contenu qui exploite toutes les possibilités de son support pour faire vivre littéralement ses histoires. Et pour ça Internet dispose d’un atout incontestable : le rich média.
Le magazine Le Figaro Madame illustre de manière remarquable cet atout avec son récent supplément digital, visible à l’adresse suivante more.madame.lefigaro.fr, qui utilise le son, la photo et la vidéo. Et en plus d’une conception très soignée le site invite clairement l’internaute à revenir puisque son contenu ne sera révélé que progressivement jusqu’au 19 décembre. Comme une histoire en série pour nourrir la relation avec la lectrice (ou le lecteur).
A propos d’histoire en série, le New York Times, qui doit lui aussi lutter pour sa survie, raconte sur son site web depuis début 2009 la vie des habitants de New York à travers une série de portrait. Le projet à pour nom One in 8 million, et chaque semaine une histoire pleine d’humanité s’ajoute à cette collection de visages. Le tout servi par de magnifiques photos et accompagné d’un témoignage audio. On y rencontre entre autre un détective amateur, un ancien braqueur de banque ou encore un chasseur de trésor. Une belle initiative qui renforce la proximité du journal avec ses premiers lecteurs, c’est à dire les New-Yorkais.
Pour revenir en France, plusieurs de nos grands quotidiens déploient également des dispositifs de fidélisation sur Internet. C’est Le Monde par exemple qui profite de la tendance à l’hyperconnectivité pour se rapprocher de ses lecteurs avec notamment un compte twitter et une page fan Facebook qui vient de passer les 20.000 fans. C’est également Les Echos qui proposent sur son site web une gamme très complète de services interactifs, certains gratuits et d’autres réservés aux abonnées, pour personnaliser sa veille d’information. C’est encore le quotidien sportif L’Equipe qui avec la nouvelle version de son site met l’accent sur l’instantanéité. Une dimension fondamentale lorsqu’on parle de sports où le direct prévaut.
Enfin pour terminer voici aussi l’exemple du magazine anglo-saxon Esquire qui pour le coup a vraiment tout compris de la complémentarité des canaux web et papier, avec un numéro spécial qui offre une réelle expérience de lecture différenciante grâce à la réalité augmentée. Jugez par vous même avec cette vidéo.
En conclusion, au vu de tous ces exemples (très orientés je l’admet), la gratuité de l’information sur internet ne doit pas être considérée comme une menace pour les professionnels du secteur, mais plutôt comme une formidable opportunité pour rencontrer et fidéliser une plus large audience de lecteurs. Et les prochains modèles économiques du secteur qui restent à inventer devront indéniablement composer avec cette gratuité, essence même du monde libre représenté par le web. N’hésitez pas donner votre point de vue sur le sujet en laissant un commentaire sur ce blog.