film: "la religieuse portugaise" d'Eugène Green

     Très beau film ; en le voyant j'ai souvent pensé à Manoel de Oliveira .         J'ai vu tous les films  d'Eugène Green .Spécialiste du théâtre baroque il a influencé nombre de jeunes dont Benjamin Lazar qui a monté à Royaumont deux opéras de Lulli : "le bourgeois  gentihomme " et Cadmus et Hermione" (ces 2 oeuvres existent en DVD)  avec ,pour la musique, Vincent Dumestre et l'ensemble "le poème harmonique".

    Dans ce film Eugène Green  conserve une façon de parler très raffinée mais il abandonne le parler baroque de ses autres films   (les r roulés , les liaisons appuyées ,  les lettres finales prononcées)   Le film dans lequel doit jouer Julie (Leonor Silveira) jeune actrice franco-portugaise, est inspiré des"lettres portugaises" de Guilleragues (1669). Elle arrive à Lisbonne avant  le réalisateur (Julien Green) et en profite pour visiter la ville, s'en imprégner et elle est fascinée.; le film commence par de longs panoramiques sur la ville  , sur la rue en pente avec tramway (cela m'évoque Pessoa).   Julie se promène, fait des rencontres ,  elle croise Vasco ,un enfant qui joue avec un ballon , un homme, médecin qui n'exerce pas (Diogo  Doria, vu dans "Val Abraham" de Manoel de Oliveira), toujours aussi séduisant .Elle accepte son invitation ,chez lui. Ils frôlent l'aventure mais  leur relation est au-delà .. (clin d'oeil à la princesse de Clèves)...  Elle rencontre un jeune homme qui se dit la réincarnation du roi Dom Sebastiao  (sujet du film "non , ou la vaine gloire de commander" de M de Oliveira)...Elle rencontre surtout une religieuse qui prie toutes les nuits dans une chapelle  . (toutes les nuits évoque le titre d'un film d'Eugène Green). Elles ont une longue conversation qui lie amour sacré et amour profane ....

     C'est un film magnifique ; Leonor Baldaque - " Julie "  a une grande intensité dans le regard , elle est belle ,   elle jouit  d'une grande liberté , elle  ne vit que des passions ,  elle se prend au jeu de la religieuse . Elle emmènera à Paris un  enfant  , Vasco , qui l'appellera "maman ".. C'est beau .