À Créteil, on a la solution : mettre des gens aux « compétences avérées » à la place des professeurs absents. Attention, que l'on ne fasse pas dire au recteur ce qu'il n'a pas dit : il ne prétend pas que les professeurs absents sont des incompétents, du tout ! Simplement, que bon, les absents ont toujours tort et que pour les remplacer, il suffirait d'une personne titulaire d'une licence, ou ayant des compétences avérées.
Ce qui fera hurler tout le monde. Parce que pour recteur qu'il est, le bonhomme a oublié de tourner sa langue dans sa circulaire avant de la faire tourner au sein de son administration. Parce que désormais, le concours de professeur de collège ou lycée se passera avec un niveau Master 2, et que la licence, c'est un bac+3. Donc on peut recruter avec des compétences inférieures aux exigences du concours CAPES...
Il est bon le recteur. Marrant et doué... Alors, Jean-Michel Blanquier, dont la circulaire est tombée dans la main de l'Associated Press, voit les choses de la manière suivante : « Vous avez peut-être dans votre entourage personnel ou parmi votre population de vie scolaire, des étudiants ou des personnes titulaires au minimum d'une licence ou ayant des compétences avérées qui pourraient venir valablement alimenter le vivier de contractuels ou de vacataires. »
Le document est intitulé Amélioration des pratiques liées au remplacement. Et franchement, Jean-Mich vient de franchir le mur du çon, en s'adressant ainsi aux directeurs d'établissement. Parce « qu'en cas d'urgence, vous pourriez installer immédiatement la personne que vous aurez choisie, la validation par les inspecteurs venant ultérieurement ». On croit rêver. Et pourtant, tout cela partirait presque d'une bonne intention, puisque l'on parle de remplacements.
Sauf que vacataire ou contractuel, les deux conditions sont particulièrement précaires et difficiles à tenir pour les étudiants concernés. Pour le SE-UNSA : « Le gouvernement ne cesse de minimiser les effets des suppressions de postes sur la qualité de l'enseignement. Le recteur de l'académie de Créteil, en adressant un étrange courrier aux chefs d'établissements, met les pieds dans le plat. » Et forcément la circulaire avoue clairement les difficultés aujourd'hui rencontrées pour que le travail se déroule correctement.
Parce qu'en matière de compétences avérées, on peut s'attendre à tout et n'importe quoi. Pardon. N'importe qui. Et le syndicat de tacler, « on frise même le ridicule en précisant que l'on peut faire appel à des assistants d'éducation pour enseigner, car, “comme leur nom l'indique”, il y a “éducation” dans leur appellation ».
Et l'interim, pendant que l'on y est, ajoute-t-il... Ou alors, une agence de recrutement ?