Lors de mon précédent billet libellé historique, je faisais référence aux élections gagnées en un seul tour, il me plairait maintenant de réexaminer ce dernier.
L'atmosphère dans laquelle nous fûmes élus ne se distinguait pas par un fair-play ni une élégance particulière, bien au contraire. Alors que nous disposions de l'appui indéfectible de la plupart de nos prédécesseurs qui avaient été associés à un courrier diffamant, dont je vous ai, plusieurs fois, parlé, le Baron, encore maire, ne put s'empêcher d'agir de manière partisane en franchissant encore les limites de la légalité, et ce, bien que le code électoral lui attribue, d'abord dans sa partie législative, et ensuite dans sa partie réglementaire l'essentiel des devoirs (et des pouvoirs associés) pour l'organisation du vote et de bonne tenue des listes électorales.
Ainsi, il en coûta cher à la liste d'opposition, d'ajouter des stylographes aux isoloirs, afin de permettre aux électeurs de rayer l'un ou l'autre des membres d'une liste au profit d'un nom qu'ils préfèrent, conformément à la réglementation en vigueur dans les communes de moins de 3500 habitants. Ne se contentant pas de voler de façon aussi répétée qu'indiscrète ces "bic" au cours de leurs visites de contrôle des bureaux de vote, le Baron, flanqué de son futur Successeur, fit un geste qui démontrerait là son horrible autorité, et scellerait dans mon esprit l'immonde image que je garde, encore aujourd'hui, de ce pauvre bougre: il jeta un stylo à la figure d'un des assesseurs qui se trouvait à mes côtés, en affirmant, du plus haut ton teinté de droiture que la colère d'un homme pourtant si petit et tordu pouvait permettre, qu'il était illégal de laisser un stylo dans l'isoloir, et qu'il ne voulait plus en voir.
Dès lors que je finis mon tour de rôle d'assesseur, je m'empressai de joindre le service des élections de la Préfecture pour en savoir plus sur la légalité du comportement de mes adversaires politiques. Et il s'avérait qu'il n'y avait aucune précision à ce sujet. Parfois les (mal-)journalistes, souvent les politiciens (il est de plus en plus difficile de faire la différence) parlent de "vide juridique", en lecteur assidu de Maitre Eolas, je présumais que si rien n'interdisait de mettre un stylo dans un isoloir il ne fallait pas s'en priver, je partis donc dans la minute, informer mes opposants de leurs droits.
Je ne voulais pas d'une victoire facile. J'allais évidemment être déçu.